Un homme d'affaires montrant un graphique en transparence sur une ville. Autour on voit pleins de petits virus de COVID-19.
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Réputés pour leurs garanties contre les replis des marchés, les fonds distincts ont retrouvé la faveur des consommateurs avec le passage de l’ouragan COVID-19. iA Groupe financier est l’un des principaux bénéficiaires de cette popularité retrouvée.

Les ventes nettes de fonds distincts traditionnels ont totalisé 919 M$ sur la période de février, mars et avril 2020, d’après le récent document «Investor Economics – Insurance Advisory Service-Canada».

Par rapport à 2019, le changement est radical : pour toute l’année dernière, les sorties nettes de fonds distincts traditionnels avaient atteint 1,568 G$, selon Investor Economics.

La popularité des produits à garantie de retrait à vie (GRV) continue, pour sa part, à s’étioler. En février, mars et avril 2020, les rachats net des produits à GRV ont totalisé 500 M$. Elles s’étaient élevées à 2,238 G$ pour toute l’année 2019.

La volatilité associée au virus aurait-elle donné un élan aux fonds distincts traditionnels ? «Avec la COVID-19, certaines personnes sont conscientes d’être à risque», souligne Robert Lachance, vice-président, ventes, investissements et retraite au Groupe Cloutier.

«C’est le cas, par exemple, des individus qui avancent en âge et qui veulent léguer rapidement de l’argent en cas de décès. C’est aussi le cas d’entrepreneurs de 40 ou 50 ans qui apprécient davantage les garanties des fonds distincts contre d’éventuelles saisies de créanciers. Toutes ces garanties diminuent l’inquiétude et ajoutent de la sécurité», précise-t-il.

Il y a plus. «En raison des très bas taux d’intérêt, des épargnants sont devenus des investisseurs. Ils le sont devenus malgré eux. Fuyant l’incertitude, ils participent aux marchés par l’entremise des fonds distincts avec les garanties au décès et à l’échéance. Et il faut ajouter que les ratios de frais de gestion des fonds distincts tendent à ressembler à ceux des fonds communs de placement», explique Robert Lachance.

Selon lui, la persistance des ventes négatives des produits à GRV n’est pas une mauvaise chose pour l’industrie.

«Les produits à GRV exigent de fortes réserves financières de la part des assureurs. Avec l’écrasement des taux d’intérêt, il est difficile de soutenir le poids de ces réserves. Par conséquent, les ventes négatives d’un assureur comme Manuvie ne sont pas problématiques. Au contraire, car Manuvie s’est recentré notamment dans la vente de fonds communs de placement, un produit qui n’exige pas de réserves financières», dit Robert Lachance.

Ceux qui se distinguent

D’après les chiffres d’Investor Economics, seuls iA Groupe financier (558 M$), RBC Assurances (110 M$) et Co-operators (63 M$) ont affiché des ventes nettes de fonds distincts et de produits à GRV (ventes nettes cumulatives) pour les quatre premiers mois de 2020. Les sept autres assureurs les plus importants en termes d’actifs gérés en fonds distincts et en GRV ont connu des rachats nets durant la même période.

«La marque RBC est incroyablement forte. Elle impose le respect auprès des consommateurs. L’offre de fonds distincts est simple et les frais de gestion sont très concurrentiels. Enfin, les gestionnaires sont de qualité», affirme Robert Lachance.

Chez iA Groupe financier, les raisons des ventes positives sont nombreuses.

«Au cours des dernières années, iA a effectué un grand ménage dans son offre de produits de placement. La firme a rapatrié de nombreux mandats de gestion à l’interne. Et iA n’a pas eu, comme d’autres, à gérer à grande échelle les effets négatifs des produits à GRV. J’observe aussi que cet assureur dispose de son propre réseau de vente», dit le vice-président du Groupe Cloutier.

Améliorations payantes

Deux raisons principales expliquent les ventes positives d’iA, selon son vice-président principal, distribution et développement de produits d’assurance individuelle, Pierre Vincent.

«La première raison réside dans la qualité de l’offre de fonds. Le processus de revue formelle des fonds et de leurs gestionnaires a été grandement amélioré. Il est très poussé et s’applique à toutes les catégories de fonds. En d’autres termes, les gestionnaires ne restent pas sur la plateforme s’ils ne font pas ce qu’ils devraient faire», dit-il.

En 2019 et 2020, il y a eu un changement de gestionnaires dans 11 fonds distincts. Leurs rendements laissaient à désirer. La gestion de 4 fonds a été rapatriée à l’interne.

«La deuxième raison réside dans les outils électroniques mis à la disposition des conseillers», ajoute Pierre Vincent. À ce chapitre, il souligne le lancement, en février dernier, d’EVO Épargne, un outil qui permet de réaliser à distance les adhésions et les dépôts. «Ce lancement tombait à point !» déclare-t-il.

Jusqu’à quel point les ventes d’iA dépendent-elles du réseau interne ?

«Entre juillet 2019 et juillet 2020, nos ventes brutes de fonds distincts se sont accrues de 32 %. Il n’y a pas eu de différence significative entre notre réseau interne et le réseau de courtage. Nos concurrents n’offrent pas de tels outils électroniques, populaires auprès des conseillers. Mais chose certaine, sans la qualité des fonds, ils tourneraient à vide», souligne Pierre Vincent.