Signe de dollar qui vole comme une fusée à travers les nuages.
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Les ventes de produits d’assurance de personnes à émission rapide augmentent lentement mais sûrement, d’après les trois derniers sondages annuels menés par Finance et Investissement auprès des conseillers dans le cadre du Top des cabinets multidisciplinaires.

En 2017, ces produits constituaient 12,2 % du nombre de contrats d’assurance vendus par les conseillers joints par sondage. En 2018, la proportion passait à 15,6 %. Cette année, le pourcentage a atteint 17,9 %.

«À la Financière MSA, on observe également une croissance lente et constante des ventes de produits à émission rapide. Selon nous, ce type de produit reste l’option B des conseillers, à savoir une solution potentielle lorsque les produits traditionnels ne peuvent pas combler le besoin», signale David Benamron, directeur exécutif des ventes, marchés avancés à la Financière MSA.

David Benamron explique que ce type de produit s’adresse, en grande partie, aux individus ayant des problèmes de santé.

Par conséquent, «ces produits sont plus chers et leurs limites de couverture sont plus basses que celles des produits traditionnels. Mais il est clair que le marché existe», ajoute-t-il.

Adeptes de la vitesse et de l’instantanéité, les clientèles jeunes pourraient-elles être tentées par ces produits à émission rapide ? «Les jeunes pourraient l’être à cause de la rapidité d’émission et de la simplicité du processus», répond David Benamron.

Comme Amazon ?

Afin d’illustrer la forte demande en rapidité et simplicité, Guy Couture, chef de la mise en marché, produits d’assurance individuelle à la Financière Manuvie, utilise une image choc : les attentes des jeunes consommateurs formés à l’école d’Amazon.

«Bien souvent, ils reçoivent leurs colis le lendemain même de l’achat. Patienteront-ils un mois ou deux avant de savoir s’ils se qualifient ou non à un produit d’assurance de personnes ? Poser la question, c’est y répondre», dit-il.

Cependant, poursuit Guy Couture, les produits à émission rapide n’ont pas encore réussi à percer ce marché démographique.

«L’offre de produits à émission rapide est insuffisante. Les assureurs qui les proposent sont trop peu nombreux», estime-t-il.

Les progrès technologiques pourraient éventuellement changer les choses, d’après Guy Couture : «Chez Manuvie, la tarification accélérée a permis de réduire le temps d’attente à quatre ou cinq jours. C’est encore trop long pour de nombreux individus de la génération des 18 à 34 ans, qui sont généralement réfractaires aux produits traditionnels. Mais avec les progrès de l’intelligence artificielle et de l’analyse des grandes masses de données, on travaille à réduire ce temps d’attente.»

Ce n’est pas fini !

Les ventes de produits à émission rapide devraient continuer à augmenter lentement mais sûrement, selon Louis-Charles Leclerc, directeur, produits d’assurance chez iA Groupe financier : «Les clients, plus particulièrement les jeunes, recherchent la rapidité. Les produits à émission rapide répondent à des besoins de base et c’est ce que souhaitent bon nombre de clients. Il est également vrai qu’ils sont un peu plus coûteux que les produits traditionnels. Cependant, les différences de prix tendent à s’aplanir, car la concurrence est plus forte que par le passé.»

Les ventes se limitent-elles aux individus ayant des problèmes de santé ? «Des signes montrent qu’un certain nombre de consommateurs en bonne santé préfèrent les produits à émission rapide en raison de leur rapidité et de leur simplicité. Ces consommateurs sont prêts à payer quelques dollars de plus», observe Louis-Charles Leclerc.

Ces clients en bonne santé, poursuit-il, peuvent faire partie du marché des familles nécessitant de l’assurance et à ce titre, être joints par des cabinets qui génèrent de plus gros volumes d’affaires.

«En revanche, les clientèles plus aisées ne sont pas des marchés naturels de produits à émission rapide. On abordera plutôt les besoins de ces clientèles, par exemple en planification successorale, par l’intermédiaire des produits traditionnels», explique Louis-Charles Leclerc.

Les sondages de Finance et Investissement témoignent du fait que les conseillers ayant des revenus de production bruts supérieurs à 250 000 $ par année font moins usage des produits à émission rapide que la moyenne.

En 2017, les produits à émission rapide constituaient 10,8 % de la totalité des contrats vendus par ces conseillers hautement performants, comparativement à 12,2 % en 2018 et à 16,6 % en 2019. Bien qu’en hausse, ces pourcentages restent moins élevés que ceux de l’ensemble des conseillers.

Les ventes globales de produits à émission rapide n’ont pas encore plafonné, estime par ailleurs Simon Girard, leader du Centre d’excellence pour les services en assurance et en actuariat de EY (autrefois Ernst & Young) : «Les assureurs développent leur expertise en intelligence artificielle et en gestion de grandes masses de données. Cela permet d’améliorer la sélection des risques, ce qui fait diminuer le coût des primes et permet de hausser les limites de couverture.»

Le spécialiste de EY souligne à quel point les jeunes consommateurs veulent un processus simple et des décisions rapides. «En bref, le marché des produits à émission rapide n’a pas atteint son altitude maximale», affirme Simon Girard.

La proportion du nombre de contrats qui sont des polices à émission rapide est en progression.

Top 20 %* / Les autres 80 %

2017 10,8 % / 12,8 %

2018 12,2 % / 16,4 %

2019 16,6 % / 18,6 %

* Conseillers ayant des revenus de production bruts supérieurs à 250 000 $/an

SOURCE : Top des cabinets multidisciplinaires 2019

Tableau : finance et Investissement