Portrait-robot des 10% les plus riches du Québec
Marian Vejcik / 123rf

Qu’en est-il vraiment? La meilleure façon de casser un mythe, c’est de le soumettre à une analyse.

Il s’agira ici d’évaluer l’impact de travailler une année de plus sur des éléments tels: l’accès potentiel à une couverture d’assurance collective à la retraite, le Régime des rentes du Québec, le régime de retraite privé du particulier. D’autres éléments pourraient aussi êtres considérés (cotisation supplémentaire au REER, une année de rendements supplémentaires sur ceux-ci, revenus du conjoint, etc.) mais nous nous en tiendrons à ceux pour lesquels une contribution de l’employeur est effectuée.

Assurance collective à la retraite

Certains employeurs offrent encore à leurs employés retraités une couverture d’assurance collective et défraient une portion des coûts. Toutefois, une telle couverture est habituellement réservée aux participants qui respectent certains critères d’âge, de service ou une combinaison des deux (par exemple 55 ans d’âge ou 10 années de service continu). Toutes choses étant égales par ailleurs, si l’année travaillée fait en sorte que le participant atteint ces critères, la valeur présente des primes d’assurance que l’employeur défrayera pour lui dans le futur devrait être considérée comme un avantage (un revenu) de l’année travaillée. En l’absence de tel régime, ou si le participant à déjà atteint ces critères ou si le participant prévoit décliner cette couverture parce que son conjoint profite déjà d’une telle couverture, cet élément ne devrait pas être considéré.

Régime des rentes du Québec

Sauf pour certains cas moins fréquents, une année de travail supplémentaire pour laquelle une cotisation au Régime (par l’employé et par l’employeur) est effectuée se traduira par une prestation de retraite plus élevée du Régime. De plus si l’année supplémentaire travaillée survient après 60 ans d’âge, une réduction plus faible de ladite prestation devrait être considérée.

Régime de retraite

C’est habituellement la participation à un Régime de retraite à prestations déterminées (Régime PD) qui donne l’impression de travailler pour pratiquement rien en fin de carrière. C’est aussi fréquemment ce type de régime de retraite qui constitue l’élément le plus important à considérer. Il s’agit ici d’identifier les années les plus profitables du régime et de quantifier leur valeur. À l’inverse, on pourrait identifier les années qui, pour toutes sortes de raison (Maximum d’années reconnues, rentes temporaires très importante, etc.), s’avèrent moins profitables. Afin de quantifier la valeur des années de participation au régime, des éléments tels: la valeur du crédit de rente, les dates de retraite possible et les réductions pour retraite anticipée, s’il y a lieu, doivent êtres considérés. À titre d’exemple, considérons le cas suivant (illustré dans ce tableau):

• Participant de 56 ans

• 30 années de participation à un Régime PD à 2%

• Salaire annuel: 60 000$ (stable depuis 5 ans)

• Réduction pour retraite anticipée : 4% par année avant l’âge de 60 ans d’âge

• Rente immédiate: 30 240 $*

• Rente si le participant travaille une année de plus: 32 736 $**

• Cotisation annuelle au Régime PD: 5% du salaire soit 3 000$ pour l’année additionnelle

Sans considérer les dépenses reliées au travail, telles les cotisations syndicales ou dépenses de déplacement, voici, ci-contre, une façon d’évaluer la valeur de l’année qui vient. Les charges sociales considérées sont les cotisations au régime de rentes du Québec (2 737 $), à l’assurance emploi (772 $) et à l’assurance parentale (329 $).

Plutôt que de toucher sa rente de retraite immédiatement, le fait de travailler une année de plus implique, avant impôts, un revenu supplémentaire approximatif de 22 922 $ pour cette seule année. On peut ensuite estimer*** la valeur de la rente supplémentaire de 2 496 $ qui sera perçue à 45 178 $.

On peut donc conclure, en considérant qu’une année de travail à temps plein peut représenter 1800 heures (travail, déplacement, etc.), que pour l’année qui vient le taux horaire du particulier est de l’ordre de 38 $ brut ce qui demeure nonnégligeable. On notera que pour simplifier la comparaison, nous n’avons pas considéré la légère augmentation de la prestation du RRQ que l’année supplémentaire pourrait procurer.

À titre de comparaison, avec le même cas, si le participant avait déjà droit à une prestation non réduite du régime, le même calcul donnerait un taux horaire de 22 $, un rendement beaucoup plus modeste.

Est-ce que de tels taux horaire sont suffisant pour justifier une année de plus au travail? Notre rôle de conseiller n’est pas de répondre à cette question mais bien d’outiller le particulier pour qu’il puisse y répondre lui-même.

 

*60 000$ * 30 * 2% * ( 1 – 4 * 4%)
**60 000$ * 31 * 2% * ( 1 – 3 * 4%)
*** En utilisant les Normes d’hypothèses de projections de l’IQPF, soient un rendement brut de 4,00% et une durée raisonnable de décaissement de 33 ans (90-57)