Les actions américaines : reprise boursière générale à l'horizon?
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Dans la deuxième partie de la table ronde portant sur les actions américaines, les gestionnaires Jim Young, vice-président à Invesco Canada, Glenn Fortin, gestionnaire de portefeuille à Beutel Goodman & Co, Michael Mattioli, directeur général et gestionnaire de portefeuille chez Manulife Asset Management (U.S.), et Stephen Groff, directeur et gestionnaire de portefeuille à Cambridge Gestion mondiale d’actifs, examinent les possibilités d’une reprise boursière générale, et certains noms bien connus dans les actions de biens de consommation qu’ils ont achetées pour leurs portefeuilles.

Question : Qu’est-ce qui pourrait faire changer de direction le marché boursier américain?

Stephen Groff, directeur et gestionnaire de portefeuille à Cambridge Gestion mondiale d’actifs : Le pendule a jusqu’ici avancé très loin dans une direction. Non seulement avons-nous vu les investisseurs vendre leurs actions, mais les positions à découvert se sont aussi multipliées. Le vent peut tourner rapidement. Si vous regardez des actions avec des positions à découvert élevées les jours de modestes reprises du marché, les actions vont nettement augmenter, car les investisseurs ont besoin de couvrir leurs positions à découvert.

Cela peut aider les marchés à changer de direction. Dans certains des secteurs cycliques industriels, il y a d’importantes positions à découvert. Parallèlement, dans beaucoup de compagnies de biens de consommation discrétionnaire, comme les détaillants, les positions à découvert sont importantes.

Q : Les évaluations dans certains domaines du marché sont attrayantes. Qu’en est-il des estimations des bénéfices pour le marché boursier américain cette année?

Jim Young, vice-président à Invesco Canada :
Dans tous les secteurs, les bénéfices au sein de l’Indice S&P 500 vont stagner en 2016.

SG : Les prévisions des bénéfices ont baissé et cette tendance se poursuivra probablement. Mais, en ce moment, les cours du marché prennent déjà en compte une année encore plus difficile.

JY : Un bon fondement pour le marché boursier américain est que le ratio de distribution des dividendes est toujours très bas. Beaucoup de compagnies sont en voie d’augmenter leurs dividendes régulièrement.

Q : Résumons la discussion sur le tableau d’ensemble.

SG : Il y a de nombreuses discussions sur le fait d’être un investisseur à contre-courant dans ce type de conjoncture, mais il semble qu’aucun ne veuille aller à l’encontre de l’opinion générale, pour le moment. On est en train de semer les graines pour de bonnes récoltes au fil du temps.

Glenn Fortin, gestionnaire de portefeuille à Beutel Goodman & Co : Une période d’incertitude et de sentiment négatif est le moment où les meilleures occasions d’acheter d’excellentes franchises se présentent, si l’on a une échéance à long terme.

Michael Mattioli, directeur général et gestionnaire de portefeuille chez Manulife Asset Management (U.S.) : L’économie américaine continue à bien se porter. La population augmente toujours. À long terme, les bénéfices devraient continuer à croître. Vous pouvez trouver de la bonne valeur dans un nombre de sous-secteurs du marché, immédiatement.

JY : Le marché boursier américain reste attrayant dans le contexte mondial. Les États-Unis jouissent de l’environnement le plus solide pour les compagnies et de certaines des compagnies mondiales les plus solides.

Q : Discutons brièvement de vos disciplines.

GF : Beutel Goodman est une compagnie de gestion de portefeuille axée sur la valeur. Nous gérons des portefeuilles concentrés. À l’heure actuelle, le Fonds d’actions américaines Beutel Goodman détient 26 noms. Nous mettons l’accent sur les flux de trésorerie disponible. Nous cherchons à identifier les meilleures franchises et à les acheter lorsqu’elles sont bon marché. Nous exigeons un rendement total de 50 % sur trois ans avant d’inclure la compagnie dans le portefeuille. Lorsque l’action atteint le cours cible, nous vendons automatiquement un tiers de la position et réévaluons l’avoir.

JY : L’accent est mis sur la croissance durable. C’est le résultat des idées innovatrices, d’une bonne exécution et du réinvestissement dans l’entreprise. L’évaluation doit être logique. Le Fonds de sociétés américaines Trimark détient environ 40 noms.

MM : Nous regardons les compagnies possédant des avantages concurrentiels durables. Nous donnons de l’importance à l’équipe de direction et à la répartition d’actifs. Nous effectuons une série d’analyses sur la valeur, pour déterminer ce qu’une entreprise vaut dans les meilleures conditions, dans des conditions normales, dans des conditions baissières et dans les pires conditions. Nous cherchons à acheter des entreprises à 0,70 $ pour un dollar dans des conditions normales. Nous diminuerons la participation lorsque les actions approchent 100 cents pour un dollar et la liquiderons lorsqu’elle atteint ou dépasse les 100 cents pour un dollar. Nous détenons environ 45 noms dans le Fonds d’actions américaines toutes capitalisations Manuvie. Nous avons un horizon de placement minimum de cinq ans.

SG : J’ai 27 titres dans le Fonds américain de dividendes Cambridge CI. Nous nous concentrons sur les franchises de qualité qui génèrent des rendements élevés sur le capital investi et produisent des bons flux de trésorerie. L’équipe de direction doit savoir bien affecter son capital et ses intérêts doivent s’aligner sur ceux des actionnaires. Lorsque l’on en vient à quand les acquérir et combien en détenir, nous examinons le potentiel d’une action dans un marché haussier et dans un marché baissier. Nous ajustons les pondérations dans le portefeuille en fonction de la manière dont le prix des actions fluctue comparativement à notre estimation de la valeur de la compagnie.

Q : Il est temps de discuter des secteurs et des actions. Commençons avec les actions de biens de consommation discrétionnaire et de base.

SG : Un titre important du secteur des biens de consommation de base dans le Fonds de dividendes américains Cambridge CI est le chef de file mondial de produits pharmaceutiques et de ventes au détail de produits cosmétiques, Walgreens Boots Alliance (WBA). Walgreens est en voie d’acquérir Rite Aid (RAD), une chaîne de pharmacie de détail américaine. Le 27 octobre dernier, Walgreens a annoncé qu’elle ferait l’acquisition de Rite Aid pour 9 $ US par action au comptant, pour une valeur totale de la firme de 17,2 milliards $ US, notamment en acquérant les dettes nettes. Je détiens aussi le titre Rite Aid, qui se négocie à un important rabais par rapport au prix d’acquisition. J’anticipe que l’acquisition aboutira. (La transaction sera conclue au cours du deuxième trimestre de cette année.)

MM : Dans le secteur des biens de consommation discrétionnaire, l’un des principaux avoirs du Fonds d’actions américaines toutes capitalisations Manuvie est Amazon.com (AMZN). Environ 8 % de toutes les ventes au détail aux États-Unis se font par voie électronique. Selon les données, Amazon détient environ 45 % de cela. Si on prévoit que le commerce électronique, en pourcentage des ventes au détail, augmente sa part à, disons, 16 % au cours des 10 prochaines années et qu’Amazon maintienne ou augmente sa part de marché, alors ses perspectives de croissance de revenu sont solides. Nous avons réalisé un modèle de ce que pourrait être Amazon dans 10 ans. Nous détenons l’action depuis 2002. Nous pensons que le titre est sous-évalué, particulièrement en ce moment.

Un autre titre des biens de consommation de base est Ralph Lauren (RL). L’action a souffert dernièrement, mais elle devrait se reprendre rapidement. Il s’agit d’une grande marque mondiale et la compagnie a un très bon réseau de distribution. Ralph Lauren a récemment embauché un nouveau directeur général, Stefan Larsson, qui était auparavant le président mondial de Old Navy, une division de Gap, Inc. (GPS). Dans l’ensemble, nous voyons beaucoup de valeur dans le secteur des biens de consommation discrétionnaire. Parmi les biens de consommation de base, je détiens Procter & Gamble (PG). La compagnie possède un important réseau mondial de distribution et elle continue à réinvestir ses flux de trésorerie dans ses marques. C’est un avoir central.

GF : Procter & Gamble Co. est aussi un avoir du Fonds d’actions américaines Beutel Goodman. C’est un avoir à long terme. Un autre aspect de P&G et qu’elle peut réduire ses coûts éventuellement. P&G est un important producteur de flux de trésorerie disponibles. David Taylor, qui travaille à P&G depuis de nombreuses années, a été nommé directeur général l’année dernière. Une nouvelle haute direction insuffle un vent nouveau dans la façon de penser des cadres dirigeants. Nous détenons aussi Kellogg (K), un fabricant de céréales et de collations. Tout comme P&G, cette firme possède d’excellents actifs et d’excellentes marques qui sont en voie de bénéficier d’une meilleure gestion, notamment sur la façon d’aborder les coûts. Elle produit aussi d’importants flux de trésorerie disponibles. Les deux compagnies reversent de l’argent aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions.

JY : Une action de biens de consommation que je détiens depuis la création du fonds il y a quelque 17 ans est PepsiCo (PEP). Ses boissons gazeuses génèrent de bons flux de trésorerie et la compagnie a réussi à se développer dans d’autres domaines, comme celui des collations. L’action fournit une base solide au portefeuille.

Je détiens aussi Estée Lauder (EL). Nous l’avons ajoutée l’an dernier. L’action vient de chuter à 70 $ US. Estée Lauder affiche une bonne croissance interne et possède plusieurs solides marques mondiales. Elle possède une franchise robuste de produits de maquillage, qui est un réel moteur de revenus. Les produits de soins de la peau et les parfums sont aussi importants pour la firme. Le directeur général Fabrizio Freda a fait un bon travail.

Du côté des détaillants, je détiens Lowe’s (LOW). La compagnie est liée au cycle de l’habitation et n’est pas inquiétée par les concurrents en ligne. La firme est essentiellement un entrepôt. Les constructeurs ont besoin de ses produits. Elle est aussi un chef de file dans le domaine des appareils électriques aux États-Unis. Lowe’s cherche à acheter la société canadienne Rona (RON).

MM : Lowe’s a offert de payer une prime de 100 % sur le prix auquel Rona se négociait avant l’annonce de l’offre publique d’achat de Lowe’s. Nous détenons Lowe’s. Nous aimons le marché de l’habitation américain. Lowe’s constitue un duopole avec Home Depot Inc. (HD).

JY : Lowe’s se négocie à rabais par rapport à Home Depot. Le marché de l’habitation des États-Unis continue à se renforcer.