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Pendant ce temps, les fonds négociés en bourse (FNB) continuent de tirer leur épingle du jeu et même de profiter de la déconfiture des FCP.

Pour les FCP, l’année 2018 « s’est terminée sur une note aigre, avec une volatilité accrue et des retraits nets prononcés au cours de décembre, affirme l’étude de Banque Scotia. Pour toute l’industrie, les retraits de fonds se sont accélérés, atteignant un sommet en décembre. Bien que les marchés aient rebondi au début de janvier, nous croyons que la confiance des investisseurs a été ébranlée, annonçant une saison REER très éprouvante et de faibles ventes pour la première moitié de 2019. »

L’étude reconnaît que les tendances démographiques de fond demeurent positives pour l’industrie, mais elle juge que  l’avenir proche risque d’être éprouvé par la volatilité des marchés.

Les chiffres publiés par l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC) indiquent en effet un parcours difficile pour 2018. Les entrées nettes d’argent dans les FCP ont été les plus faibles depuis 2009, totalisant tout juste 109 M$, pour l’ensemble de l’année.

Par contre, décembre 2018 a fait mal : les marchés ont fait perdre 7,9 G$ d’actifs à l’industrie, hissant le total des pertes de l’année à 54 G$, alors que 2017 avait fini avec une hausse de l’actif de 138 G$. Ainsi, l’actif total de l’industrie a dégringolé de 1,48 B$ à 1,42 B$. Cependant, le solde négatif de 2018 n’a pas empêché l’industrie d’introduire 166 nouveaux fonds durant la même année.

L’expansion se poursuit

Pendant que le monde des FCP rétrécissait, celui des FNB tirait beaucoup mieux son épingle du jeu.  Ainsi, les entrées d’argent dans les fonds a totalisé 20 G$ en 2018, « un parcours impressionnant malgré les ventes de feu dans les marchés », indique Daniel Strauss, vice-président, FNB et produits financiers, chez Banque Nationale, Marché financiers, à Toronto.

Ainsi, l’année 2018 se clôt avec des entrées de fonds presque record. « Bien qu’on soit un peu en retrait du record d’entrées de 26 G$ l’année précédente, l’environnement des FNB au Canada est toujours en expansion , ajoute l’analyste. Les actifs sous gestion (…) on atteint un sommet de 156,6 G$ malgré le déclin des prix dans un marché boursier en baisse. »

Daniel Strauss attribue la bonne tenue des FNB à quatre facteurs. Tout d’abord, les malheurs des FCP ont probablement fait le bonheur des FNB, juge-t-il. Comme on l’a observé dans d’autres baisses marquées des marchés, « paradoxalement, les FNB recueillent des flux d’argent alors que tous les autres actifs sont à vendre ».  Il parle aussi d’un changement dans les comportements des investisseurs qui manifesteraient une conscience plus aigue des coûts. « Quand presque tous les produits d’investissement donnent de mauvais rendements, l’argent rendu fraîchement disponible trouve son chemin vers des produits qui, au moins, coûtent peu à gérer. »

Les FNB ont également profité d’un déplacement des investisseurs vers les marchés monétaires et des actifs moins volatiles, de l’intérêt pour certains thèmes d’investissement comme le cannabis, l’investissement responsable et les infrastructures, tout cela augmenté par le lancements de plusieurs nouveaux fonds et l’apparition de plusieurs nouveaux manufacturiers.

Il faut également tenir compte d’un facteur important : beaucoup d’activité dans le secteur des FNB est provenu des gestionnaires de portefeuille institutionnels qui, dans des moments de remous des marchés, « n’achètent pas des FCP mais bien des FNB, » signale  Alain Desbiens, directeur FNB BMO, chez BMO Gestion  mondiale d’actifs.

Gagnant aux deux plans

BMO est un des ces rares joueurs qui chevauchent confortablement et à part presque égales les deux univers, FCP et FNB. Dans le premier, les actifs sous gestion s’élevaient à 53,7 G$ à la fin de 2018, dans le second, à 48 G$. Dans l’univers des FCP, la société n’accapare qu’une fraction d’environ 3% des actifs totaux sous gestion au Canada ; par contre, dans le monde des FNB, BMO s’est hissé déjà au deuxième rang de cette industrie, se réservant presque un tiers du total des actifs sous gestion.

BMO peut gagner sur tous les plans. Par exemple, explique Alain Desbiens, « on pense que les portefeuille de fonds communs qui intègrent des FNB vont aller en augmentant. C’est tout simplement trop cher d’entretenir des portefeuilles de 250 titres, et on voit de plus en plus de gestionnaires de portefeuille recourir à des FNB comme véhicules pour investir dans des régions ou des pays. »

Un autre grand joueur comme la Financière IGM, propriétaire de Mackenzie, a connu en 2018 une perte nette de 446 M$ en nouvel argent, alors que son actif total sous gestion a glissé de 156,5 G$ à 149 G$ de 2017 à 2018. Par ailleurs, le secteur des FNB dans ce groupe est encore embryonnaire avec seulement 2,95 G$ d’actifs sous gestion, un total qui a toutefois plus que doublé en un an, alors qu’il était de 1,3 G$ à la fin de 2017. C’est une croissance de 139%, bien au-dessus de la croissance totale de 14% pour l’ensemble du secteur.

L’étude de Banque Scotia pense qu’IGM, parmi les géants canadiens de la gestion de portefeuille, de même qu’un joueur marginal comme Fiera Capital, se distinguent dans le monde de la gestion d’actifs au Canada. Cependant, l’analyse de Scotia ne porte pas tant sur l’activité dans les portefeuilles de ces firmes que sur la performance en bourse de leurs titres respectifs.