Finance et investissement : Comment s’effectue la couverture du risque de change dans les FNB de CIBC?

Éric Hudon-Dufour : Du côté du risque de change, on offre pour le moment deux FNB qui utilisent une couverture de change qui est notre FNB multifactoriel américain. Un peu plus du côté des actions américaines, il est offert avec une couverture, ou non. Puis, il y a notre fonds rendements flexibles qui est offert avec une couverture complète.

Les instruments utilisés sont évidemment des instruments dérivés, principalement des contrats à terme. C’est vraiment la façon la plus simple de se mettre « neutre » face aux devises.

Après ça, il faut se poser une question clé, est-ce qu’on souhaite avoir une exposition à la devise et si oui, qu’est-ce qu’on pense de la devise. Est-ce qu’on pense que le dollar canadien va s’apprécier ou ce sera plutôt le dollar américain ? Est-ce qu’on est conscient des questions en matière de tolérance au risque que soulèvent le recours à la devise, et la corrélation avec les actifs qu’on utilise.

Une stratégie de couverture, ça peut vraiment aider à avoir le véritable rendement si on veut du sous-jacent, au lieu d’avoir un rendement de devise. Lorsqu’on achète un FNB on veut en principe vraiment avoir le sous-jacent en tant que tel et non pas juste un rendement lié à la devise.

Par exemple, pour notre stratégie de rendements flexibles, on a décidé de la proposer seulement en version neutre en devise, parce qu’on a vu dans les 3-4 dernières années que si on la mettait neutre en devise, on divisait la volatilité annuelle par sept. On essaie donc vraiment d’éliminer la devise pour se concentrer  sur le sous-jacent.

Ainsi, quand on décompose le coût de couverture de portefeuille, ça se décompose en deux parties. Cela comprends vraiment les coûts de transaction en plus du différentiel de taux d’intérêt entre les pays qu’il ne faut pas oublier.

Donc si je commence avec les coûts de transaction, souvent c’est surestimé. Il s’agit de coûts qui « ne sont pas très chers ». Concernant le coût  de transaction de contrat à terme, on parle de 1-3 points de base si on reste au Canada et aux États-Unis. Si on va dans les marchés émergents, ça va augmenter un peu, mais il est très rare que ça dépasse le 5-6 points de base.

L’autre coût, le différentiel de taux d’intérêt, représente vraiment la partie importante quand on parle de couverture de devise Je donne souvent l’exemple d’un investisseur canadien qui investit aux États-Unis, et décide d’être neutre en devise. Si le taux d’intérêt au Canada est à peu près 1 % de plus aux États-Unis, on devrait avoir un rendement qui est à peu près 1 % pour l’investisseur canadien aux États-Unis, comparativement à s’il avait investit directement dans le marché américain.

L’opposé est aussi vrai. Si les taux américains sont 1 % plus élevés qu’au Canada, comme on a vu il y certaines années, l’investisseur canadien va perdre 1 % tous les ans où il y a un tel différentiel de taux d’intérêt.

Ce n’est pas négligeable, mais pour prendre une décision éclairée, il faut vraiment voir quel est le sous-jacent et le risque qu’on veut avoir avec ça.