Dans ce troisième volet de la table ronde portant sur les actions américaines, les gestionnaires Jim Young, vice-président à Invesco Canada, Glenn Fortin, gestionnaire de portefeuille à Beutel Goodman & Co, Michael Mattioli, directeur général et gestionnaire de portefeuille chez Manulife Asset Management (U.S.), et Stephen Groff, directeur et gestionnaire de portefeuille à Cambridge Gestion mondiale d’actifs, discutent de leurs investissements dans les secteurs de la technologie, des services financiers et des soins de la santé.

Question : Discutons du secteur de la technologie de l’information.

Stephen Groff, directeur et gestionnaire de portefeuille à Cambridge Gestion mondiale d’actifs : Je détiens des actions de catégorie A de la société mère de Google, Alphabet Inc. (GOOGL), dans le Fonds d’actions américaines Cambridge CI. Les actions de catégorie A octroient un droit de vote par action.

Jim Young, vice-président à Invesco Canada : Je détiens aussi Alphabet. C’est une excellente franchise de recherche. C’est ça qui est important. Je détiens à la fois des actions de catégorie A et de catégorie C, sans droit de vote, qui se négocient sous le symbole GOOG. Je détiens cette compagnie depuis longtemps. Initialement, elle ne comportait qu’une seule catégorie d’actions. La nouvelle catégorie d’actions C a été créée pour distribuer aux actionnaires existants.

Michael Mattioli, directeur général et gestionnaire de portefeuille chez Manulife Asset Management (U.S.) : Je détiens aussi Alphabet – ses actions de catégorie A. Cette action se négocie à un cours que nous trouvons convenable. En plus de la recherche, elle consacre des efforts et des capitaux à de nouvelles entreprises comme les voitures sans chauffeur. Google reste le maître incontesté de la recherche sur Internet, et le service que fournit la société est bon. La publicité sur Internet ôte des revenus à des entreprises plus traditionnelles comme la télévision et les journaux. De plus, ce domaine d’activités est en pleine croissance.

Cela donnera aussi du nerf à Facebook (FB), qui est l’un des 10 principaux avoirs dans le Fonds d’actions américaines toutes capitalisations Manuvie. Facebook détient environ 13 % du marché publicitaire sur Internet. Nous pensons que d’ici la fin de l’année 2017, sa part se rapprochera de 20 % de ce marché en croissance. L’évaluation de cette action est d’environ 75 % de sa valeur juste.

Q : On craint qu’Apple (AAPL) ne soit à court d’idées novatrices. Stephen, Apple était un avoir important dans le Fonds américain de dividendes Cambridge CI à la fin de décembre.

SG : Nous détenons Apple parce que nous pensons qu’elle a plus à offrir que son téléphone intelligent. C’est une entreprise de services rentable et prospère. Apple jouit d’un écosystème solide. Ses clients sont fidèles. La compagnie investit beaucoup d’argent dans la recherche et le développement. On ne sait trop quels produits ou services vont s’affirmer : les systèmes de paiements, les voitures ou Apple TV. Cette compagnie a plus d’un tour dans son sac. L’action se négocie à un cours attrayant. Selon nous, les bénéfices d’Apple n’ont pas atteint leur sommet.

MM : Apple est un avoir dans notre fonds. La compagnie a un pouvoir de fixation des prix. C’est probablement relié à son écosystème, qui verrouille efficacement l’utilisateur.

SG : Le téléphone intelligent est devenu indispensable dans la vie de nombreuses personnes. Apple constitue une solide franchise de valeur. La compagnie prend davantage soin de ses actionnaires.

JY : Apple est un avoir important dans le Fonds de sociétés américaines Trimark. La société marque un peu le pas, car elle se situe entre deux versions de son téléphone intelligent. Les investisseurs sous-estiment l’attrait du marché du téléphone intelligent, rien que sa taille : un milliard de téléphones sont vendus chaque année. Apple a une part de marché de 25 % et d’après moi elle devrait encore grandir. Apple est en train de prendre des parts de marché aux appareils Android.

Il y a un cycle de mise à niveau de trois ans pour la plupart des gens et ce cycle se réduit. Pour toutes les raisons que Stephen a mentionnées, Apple constitue une franchise très attrayante et un énorme générateur de flux de trésorerie. C’est une action qui génère un bon rendement total.

MM : En résumé, ces compagnies de technologie liées à la consommation ont construit de solides franchises. Elles continuent à déverser des flux de trésorerie dans la recherche et le développement, et des dépenses en capital pour développer leurs activités.

Glenn Fortin, gestionnaire de portefeuille à Beutel Goodman & Co : Le Fonds d’actions américaines Beutel Goodman est plus orienté vers les compagnies de logiciels directement axées sur le secteur des entreprises. Le portefeuille a des avoirs dans Amdocs (DOX), Oracle (ORCL) et Symantec (SYMC). Une fois que leur logiciel est intégré au système informatique de leurs clients, les coûts sont très élevés si l’on veut en changer. Cela crée une fondation durable pour que les fournisseurs de logiciels génèrent de solides flux de trésorerie et des marges bénéficiaires élevées. Ces compagnies ont des bilans financiers robustes et dégagent une bonne trésorerie nette. Au fil du temps, les compagnies en question ont augmenté le rendement qu’elles distribuaient aux actionnaires par le truchement de dividendes et de rachats d’actions.

Q : Le moment est venu de parler du secteur des services financiers américains.

MM : Nous aimons bien les services financiers américains, notamment les banques américaines à grande capitalisation. Leurs évaluations sont très attrayantes. Bank of America (BAC) et Citigroup (C) sont parmi les 10 principaux avoirs du Fonds d’actions américaines toutes capitalisations Manuvie. La banque d’affaires Goldman Sachs Group (GS) est un autre qui figure parmi nos 10 plus gros avoirs. L’un de nos noms favoris est Citigroup. Ça se résume à l’évaluation. Parmi les banques d’affaires, Goldman Sachs possède une solide franchise. Elle est considérée comme le bulldozer de Wall Street. L’action offre aussi une bonne valeur.

JY : Je suis positif sur les banques. Elles sont bien gérées, ont des activités diversifiées et affichent d’excellents bilans financiers. Je détiens Wells Fargo & Co. (WFC) dans le Fonds de sociétés américaines Trimark. L’action figure à notre portefeuille depuis longtemps. Je possède aussi PNC Financial Services Group (PNC), une banque régionale. L’un des plus gros avoirs du fonds est Chubb (CB), la compagnie mondiale d’assurance incendie, accidents et risques divers. Je détenais Ace, qui a finalisé l’acquisition de Chubb en janvier et fusionné avec elle. Les deux compagnies opèrent sous la bannière de Chubb. La clé du succès pour les services financiers est une bonne affectation du capital et une forte discipline de crédit. Les trois compagnies affichent ces caractéristiques-là. Elles ont fait des acquisitions, construit leurs franchises au fil du temps et possèdent un gros excédent monétaire.

SG : Les compagnies de services financiers ont beaucoup de leviers à leur disposition. Elles prennent les capitaux excédentaires et les restituent aux actionnaires. Les attentes sont très modestes. J’ai une petite participation à Chubb. Un avoir plus important est U.S. Bancorp (USB). L’évaluation de l’action est attrayante. C’est une banque bien capitalisée avec une franchise diversifiée. La conjoncture de faibles taux d’intérêt influe sur son levier d’exploitation à court terme. Au fil du temps, USB devrait bénéficier de son échelle, de son affectation du capital disciplinée et de l’amélioration en cours dans plusieurs de ses marchés clés.

GF : Il y a tant de banques qui sont si bien capitalisées. Les plus fortes se renforcent encore davantage, on assiste à davantage d’acquisitions. JPMorgan Chase (JPM) est le plus gros avoir financier du Fonds d’actions américaines Beutel Goodman. JPMorgan est un chef de file mondial dans le domaine des services financiers. Elle sait bien gérer le risque. Les évaluations de l’action sont faibles et la firme a augmenté ses dividendes. Cela reflète sa capacité de restituer l’argent aux actionnaires. Nous détenons aussi Wells Fargo, que Jim a également mentionnée, et une banque régionale : BB&T Corp. (BBT), qui affiche un solide palmarès d’acquisitions. Les évaluations de ces actions financières sont convaincantes.

Q : Et les actions américaines des soins de la santé?

MM : Nous sommes sous-pondérés dans le secteur des soins de la santé. Nous voyons beaucoup d’occasions dans les actions des biens de consommation discrétionnaire et des services financiers. Une action des soins de la santé que nous détenons est Amgen (AMGN). La compagnie offre une gamme de produits diversifiée et l’évaluation de son action est attrayante.

JY : Le secteur des soins de la santé offre une bonne croissance durable. Le temps de commercialisation des produits diminue en raison de tous les progrès scientifiques. Les données démographiques jouent en faveur du groupe. Les compagnies biotechnologiques sont des moteurs essentiels pour ce secteur. Mon plus gros avoir des soins de la santé dans le fonds est Celgene Corp. (CELG), une compagnie de biotechnologie. Celgene dispose de quatre produits principaux qui donnent la plus forte impulsion à ses affaires et d’un important éventail de produits à lancer qu’elle possède partiellement, mais, plus important encore qu’elle développe par le biais de 30 partenaires. Un autre avoir est Johnson & Johnson (JNJ).

GF : Nous le détenons aussi.

JY : Johnson & Johnson est une grande compagnie diversifiée de soins de la santé qui a bien réussi dans son commerce pharmaceutique, mais il semble que ses deux autres domaines d’activités — les produits de consommation et les appareils orthopédiques — s’améliorent aussi.

GF : JNJ détient un vaste empire d’actifs. Ce qui nous attire vers cette action, en ce moment, est que la direction a énergiquement liquidé au cours des dix dernières années des actifs qui ne correspondaient plus à son modèle commercial. La firme génère d’immenses flux de trésorerie. Dans l’ensemble, le secteur des soins de la santé est très concentré, les marchés auxquels il se destine en dernière instance sont en croissance, et leurs innovations dans le domaine de la propriété intellectuelle donnent aux compagnies concernées un pouvoir de fixation des prix.

JY : Ces produits procurent une importante marge bénéficiaire et de solides flux de trésorerie disponible.

SG : Nous n’avons que peu de participation aux soins de la santé. C’est un espace qui nous donne plus à réfléchir.