Inscription “Bank of Canada” gravée dans une façade de pierre grise.
Iryna Tolmachova / iStock

Comme nombre d’experts l’avaient prédit, la Banque du Canada (BdC) a décidé de maintenir le taux cible du financement à un jour à 2,25 %. Le taux officiel d’escompte demeure à 2,5 %, et le taux de rémunération des dépôts, à 2,20 %.

« La Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 2,25 %, comme prévu. Après deux baisses, Tiff Macklem s’installe clairement dans une posture “on observe et on laisse les effets se matérialiser”. La politique est en zone neutre, et la Banque veut voir comment l’impact des dernières décisions dans l’économie vont se refléter dans les données avant de bouger à nouveau », constate Pierre-Benoît Gauthier, vice-président, Stratégie de placement à IG Gestion de patrimoine.

Une économie mondiale pleine d’incertitudes

La banque centrale explique sa décision en raison de l’incertitude mondiale encore particulièrement élevée, bien que les grandes économies fassent preuve de résilience face au protectionnisme américain.

« Premièrement, les droits de douane américains élevés sur l’acier, l’aluminium, les automobiles et le bois d’œuvre ont porté un coup dur à ces secteurs. De façon plus générale, l’incertitude entourant la politique commerciale des États-Unis pèse sur les investissements des entreprises. Mais jusqu’à présent, l’économie se montre résiliente dans l’ensemble », explique Tiff Macklem dans sa déclaration préliminaire.

Dans la zone américaine, la paralysie partielle du gouvernement américain a apporté davantage de volatilité en plus de retarder « la publication de certaines données économiques clés ». Toutefois la croissance économique continue grâce à la consommation et l’essor des investissements dans l’intelligence artificielle.

Dans la zone euro, la croissance a positivement surpris les économistes, surtout grâce à la résilience du secteur des services.

En Chine, la demande intérieure modeste et la faiblesse du marché du logement pèse sur la croissance.

Forte croissance au Canada

Le Canada a enregistré une croissance de 2,6 % au troisième trimestre, bien que la demande intérieure finale ait stagné. La BdC s’attend à ce que la demande intérieure finale progresse au quatrième trimestre, mais à ce que la croissance du PIB soit faible avant de se redresser en 2026.

« L’incertitude demeure élevée. Les fluctuations importantes des échanges commerciaux pourraient continuer de causer de la volatilité d’un trimestre à l’autre », peut-on lire dans l’Annonce concernant le taux directeur.

Le marché du travail montre des signes encourageants. L’emploi a enregistré des gains solides au cours du trimestre et le taux de chômage est descendu à 6,5 % en novembre. Mais le marché de l’emploi dans les secteurs sensibles au commerce demeure faible tandis que les intentions d’embauche restent modérées.

« Depuis le début de l’année, il y a eu des pertes d’emplois substantielles dans les secteurs sensibles au commerce. Mais dans les derniers mois, comme l’emploi dans ces secteurs a été plus stable, les gains dans d’autres secteurs – en particulier les services – ont fait augmenter le nombre global d’emplois. Dans l’avenir, cependant, nous pensons que les intentions d’embauche seront modérées dans l’ensemble de l’économie », détaille Tiff Macklem.

« Ce qui a changé depuis la dernière baisse, c’est l’emploi. Et il ne justifie pas une nouvelle intervention », résume Pierre-Benoît Gauthier.

L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) a ralenti pour s’établir à 2,2 % en octobre se situant ainsi depuis maintenant plus d’un an près de la cible de 2 %.

Les mesures de l’inflation fondamentale se maintiennent quant à elle dans une fourchette de 2,5 à 3 % et l’inflation sous-jacente serait encore autour de 2,5 %.

« Les pressions inflationnistes sont encore contenues, malgré les coûts supplémentaires associés à la réorganisation du commerce. L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) global est proche de la cible de 2 % depuis plus d’un an, et nous nous attendons à ce qu’elle y reste », résume Tiff Macklem.

« Le Conseil de direction considère que le taux actuel est essentiellement au niveau approprié pour garder l’inflation proche de 2 % tout en aidant l’économie à traverser cette période d’ajustement structurel », conclut la BdC.

« Le marché des contrats à terme prévoit une hausse en 2026. Ca nous semble prématuré. Pour monter les taux, il faut une surchauffe. Ce qu’on a présentement, c’est de la survie, pas de l’excès. L’investissement reste mou, la consommation tient mais ne s’emballe pas, et le Canada fait encore face au choc externe des tarifs américains. Sans oublier que la renégociation de l’ACEUM arrive. À 2,25 %, la politique n’est pas accommodante. Elle est neutre et cohérente avec les conditions. C’est un contexte de patience, pas un contexte de resserrement », commente Pierre-Benoît Gauthier soulignant toutefois la différence avec la politique de la banque centrale américaine.