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L’économie canadienne s’est essoufflée à la fin de 2022, ouvrant la voie à un ralentissement soutenu cette année, alors que les taux d’intérêt élevés pèsent sur les dépenses.

L’estimation préliminaire du produit intérieur brut (PIB) réel de Statistique Canada en décembre laisse croire que l’économie n’a pas cru, mais ne s’est pas contractée non plus, ce qui suggère que l’économie aurait progressé à un taux annualisé de 1,6 % au quatrième trimestre de l’année dernière.

En comparaison, l’économie a progressé à un taux annualisé de 2,9 % au troisième trimestre.

L’économiste en chef adjoint de la Banque Royale, Nathan Janzen, a estimé que le dernier rapport sur le PIB venait apporter de nouvelles preuves que l’économie est, en effet, en perte de vitesse.

Et cette tendance devrait se poursuivre, a-t-il prédit.

« Une grande partie de l’impact des hausses de taux d’intérêt de la Banque du Canada à ce jour ne s’est pas encore pleinement répercutée sur le pouvoir d’achat des ménages », a-t-il fait valoir.

Des économistes estiment que le plein impact des hausses de taux d’intérêt prend généralement entre 12 mois et 18 mois pour se manifester clairement dans l’économie.

Depuis mars 2022, la Banque du Canada a relevé son taux directeur huit fois de suite. La banque centrale a indiqué la semaine dernière qu’elle prendrait maintenant une pause et ne toucherait plus à son taux, qui est actuellement de 4,50 %, mais a tout de même laissé la porte ouverte à de nouvelles hausses si l’inflation n’était toujours pas maîtrisée.

L’économie, qui était en plein essor au premier semestre 2022, rebondissant dans la foulée de la pandémie de COVID-19, a enregistré une croissance de 0,1 % en novembre, a indiqué mardi Statistique Canada.

L’agence fédérale estime que l’économie a augmenté de 3,8 % en 2022.

Cependant, le rythme de la croissance a ralenti au second semestre de l’année, ce qui a coïncidé avec les hausses dynamiques de taux d’intérêt opérées par la Banque du Canada.

La croissance économique de novembre a notamment été stimulée par le secteur public, celui du transport et de l’entreposage, ainsi celui de la finance et des assurances.

Le rapport de Statistique Canada a souligné que la suppression des restrictions de voyage liées à la COVID-19 avait stimulé la croissance du groupe du transport et de l’entreposage.

Parallèlement, les secteurs de la construction, du commerce de détail et des services d’hébergement et de restauration se sont contractés.

« Nous commençons à voir plus de signes de fissures dans le contexte des dépenses de consommation », a observé Nathan Janzen, notant les baisses du commerce de détail et des services d’hébergement et de restauration témoignaient d’un retrait des consommateurs.

Le marché du logement a été le premier à ressentir l’impact des hausses de taux d’intérêt, entraînant un ralentissement des secteurs liés au logement.

Ce ralentissement devrait s’étendre à d’autres secteurs de l’économie et avoir un impact sur les niveaux d’emploi, alors que les entreprises, confrontées à une baisse des ventes, ajustent leurs plans d’embauche.

L’inflation annuelle du Canada a ralenti depuis l’été, et s’est établie à 6,3 % en décembre. La banque centrale veut la voir retomber à son objectif de 2,0 %, et s’attend à ce que cela se produise en 2024.

En attendant, de nombreux économistes prévoient une légère récession en 2023. Cependant, l’économie devrait se redresser au second semestre.

« Nous nous attendons toujours à ce que la progression du PIB continue de ralentir et à ce qu’elle entre en territoire négatif au cours du premier semestre de cette année », a indiqué Nathan Janzen.