Un homme d'affaire sautant en l'air dans un ciel bleu où des nuages dessinent la forme d'une flèche allant vers le haut.
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L’inflation annuelle au Canada a accéléré pour atteindre 3,3 % en juillet, alors que les économistes avertissent que le dernier rapport sur l’indice des prix à la consommation (IPC) annonce de mauvaises nouvelles pour la Banque du Canada.

La hausse de la croissance des prix intervient après que l’inflation a chuté à 2,8 % en juin, se situant dans la fourchette cible de la Banque du Canada de 1 à 3 % pour la première fois depuis mars 2021.

« Il est inutile d’enrober ce rapport, il n’est pas bon pour la Banque du Canada », indique l’économiste en chef de BMO, Douglas Porter, dans une note aux clients.

L’inflation a accéléré le mois dernier parce que les prix de l’essence ont baissé de façon moins spectaculaire sur une base annuelle qu’en juin, selon Statistique Canada.

Après une forte hausse des prix de l’énergie provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la baisse des prix de l’essence a largement contribué au recul de l’inflation au cours de l’année écoulée.

Il faut maintenant que d’autres pressions sous-jacentes sur les prix s’atténuent pour que l’inflation continue de reculer. Douglas Porter note que les prix de l’essence devraient augmenter de 5 % en août.

Décision sur les taux

Le dernier rapport a augmenté les chances d’une hausse des taux le mois prochain, selon les prévisionnistes, malgré d’autres signes de ralentissement économique, notamment la hausse du chômage.

Bien que Douglas Porter s’attende toujours à ce que la Banque du Canada reste sur la touche, il affirme que « les chiffres de l’inflation rendront la décision plus difficile à prendre ».

Alors qu’elle se prépare à prendre sa prochaine décision en matière de taux d’intérêt, prévue pour le 6 septembre, la banque centrale accordera une attention particulière aux mesures de l’inflation de base.

Tu Nguyen, économiste chez RSM Canada, explique que ces chiffres aident les économistes à comprendre à quelle vitesse les prix augmentent dans l’ensemble de l’économie, tout en excluant les éléments plus volatils.

« Ces chiffres diminuent très, très lentement, mais la tendance est à la hausse. Et c’est sur cela que la banque va fonder sa décision en matière de taux d’intérêt », précise Tu Nguyen.

Les mesures de base de l’inflation de la Banque du Canada ont légèrement baissé le mois dernier, tandis que l’inflation hors prix de l’énergie a également ralenti à 4,2 %, contre 4,4 % en juin.

Tu Nguyen s’attend à ce que le ralentissement de l’inflation de base et les signes d’affaiblissement de l’économie convainquent la Banque du Canada de maintenir son taux d’intérêt directeur au même niveau.

« Même si ces chiffres peuvent être un peu déstabilisants et inconfortables, ils ne sont pas totalement inattendus. Et la banque s’attend évidemment à une certaine volatilité avant de revenir à 2 % », a souligné Tu Nguyen.

La Banque du Canada s’attend à ce que l’inflation oscille autour de 3 % au cours de l’année prochaine, avant de redescendre progressivement à 2 % d’ici le milieu de l’année 2025.

Cette trajectoire plus longue vers l’objectif d’inflation a incité la banque centrale à relever à nouveau ses taux d’intérêt en juillet, portant son taux directeur à 5 %.

Les prix des aliments

Pendant ce temps, les Canadiens continuent de voir les prix des produits alimentaires grimper en flèche. En juillet, les prix des produits d’épicerie ont augmenté de 8,5 % par rapport à l’année précédente, ce qui représente un ralentissement par rapport à la hausse de 9,1 % enregistrée en juin.

Selon Statistique Canada, cette hausse est en grande partie attribuable aux augmentations plus faibles des prix des fruits et des produits de boulangerie.

Les prix des services liés aux voyages ont également ralenti ou diminué par rapport à l’année précédente. Le prix des billets d’avion, par exemple, a diminué de 12,7 % depuis juillet 2022.

La hausse rapide des taux d’intérêt s’est traduite par une augmentation des coûts des intérêts hypothécaires, qui, selon Statistique Canada, continuent d’être le principal facteur d’inflation.

Les coûts des intérêts hypothécaires ont enregistré une nouvelle hausse record en juillet, de 30,6 % en glissement annuel.

La banque centrale espère que les ménages confrontés à des coûts de logement plus élevés en raison de la hausse des taux d’intérêt réduiront leurs dépenses ailleurs et ralentiront ainsi l’inflation.

L’inflation a augmenté d’une année à l’autre le mois dernier de 3,9 % au Québec, de 3,4 % en Nouvelle-Écosse, de 2,9 % au Nouveau-Brunswick et de 2,1 % à l’Île-du-Prince-Édouard.