Les soins de la santé pour croître sur les marchés émergents

« Nous avons une stratégie à deux volets : les États-Unis sont le centre de l’innovation dans la biotechnologie et les appareils médicaux. Toutefois, dans le monde émergent, nous trouvons que les services de soins de la santé sont le domaine dans lequel il faut investir, et on parle alors de groupes hospitaliers », soutient Chuck Bastyr, vice-président de Placements Mackenzie à Toronto.

Environ 20 % du portefeuille sont affectés aux soins de la santé, soit le double de la moyenne de la catégorie Actions de PME mondiales. « Dès que je vois une de ces actions, elle m’intéresse, à condition qu’elle ait une bonne équipe de gestion, et que ce soit un marché qui n’est pas excessivement réglementé. »

Chuck Bastyr note que les hôpitaux à gestion privée bénéficient généralement de barrières élevées à l’entrée.

« Tant que l’on a les emplacements et les services qu’il faut, on profitera des hausses des dépenses en soins de la santé », note Chuck Bastyr, un gestionnaire chevronné ayant 26 ans d’expérience de l’industrie, qui partage ses responsabilités avec le spécialiste des actions américaines Phil Taller.

Les dépenses ont été résolument en hausse. Par exemple, le total des dépenses en soins de la santé en Chine s’élevait à 40 $US par personne en 1998. En 2012, elles avaient augmenté à 380 $US par personne. Les dépenses par habitant en Indonésie sont passées de 8 $US à 112 $US pendant la même période.

La Géorgie, un petit pays mais qui intéresse Chuck Bastyr, a vu ses dépenses par habitant augmenter de 16 $US à 512 $US. En pourcentage de leur PIB, ajoute-t-il, l’Indonésie dépense 2,6 %, la Chine 5,1 % et la Géorgie 10,1 %. Le Canada, pour sa part, dépense 11,3 % de son PIB en soins de la santé.

Il y a encore beaucoup de chemin à faire, note Chuck Bastyr, qui ajoute que la croissance du PIB des marchés émergents est de deux à trois fois plus rapide dans les marchés émergents que dans le monde développé.

« Si l’histoire doit se répéter, que les économies grandissent et que les populations vieillissent, les gens ont tendance à s’enrichir et à dépenser leur argent. Si l’on peut acheter ces monopoles géographiques et que les sociétés développent un système de réseau en étoile pour capturer la croissance, on a gagné ».

Le système de réseau en étoile, qui ressemble à celui d’une compagnie aérienne, consiste à avoir un hôpital central alimenté par un réseau de cliniques spécialisées et d’hôpitaux plus petits dans les zones qu’ils desservent.

Des fournisseurs privés de soins de santé, observe Chuck Bastyr, sont souvent appelés par les économies en développement pour fournir des normes de service plus élevées que dans le système public.

« Ils attirent habituellement les riches et les nantis, qui peuvent se permettre leurs services. Les gouvernements leur donnent carte blanche pour se construire un réseau privé et répondre aux besoins », note Chuck Bastyr, ajoutant que l’Indonésie demandait aux sociétés privées d’affecter certains services aux moins favorisés. « Les gouvernements, qui ne réglementent pas vraiment ces fournisseurs, n’insistent pas particulièrement pour garder les prix à un faible niveau, s’attachant plutôt à garder les services à un niveau élevé. »

Une des sociétés qui enthousiasment assez Chuck Bastyr est Siloam International Hospitals en Indonésie. La compagnie, qui utilise le modèle de réseau en étoile, a 20 hôpitaux et compte doubler au moins ce chiffre d’ici 2017-2018, encore que cette expansion rapide ait toutes les chances de réduire les bénéfices. Mais sur la base de 35 % d’augmentation des revenus espérés par an, il est prêt à attendre que les bénéfices augmentent. « Il faut de trois à cinq ans pour que ces entreprises deviennent rentables. Une fois que ces hôpitaux auront atteint leur maturité, leur rentabilité va monter en flèche. »

L’année dernière, note Chuck Bastyr, Siloam a dégagé des marges avant impôt de 12 %. Toutefois, il croit qu’elles vont doubler dans les cinq ans. « Les actions de la société ont l’air chères actuellement, admet-il, notant qu’elles se négocient à plus de 200 fois ses bénéfices, mais dans l’avenir elles vont devenir beaucoup plus abordables. »

Une autre de ses sociétés préférées est NMH Health, firme londonienne qui dessert les États du Golfe Persique comme Abu Dhabi et Dubai. Elle a récemment effectué, pour 100 millions $US environ, deux acquisitions qui lui offrent des centres médicaux et des pharmacies dans l’émirat voisin de Sharjah, le troisième en taille.

La firme bénéficie d’une population non seulement riche, mais qui affiche aussi des taux de diabète et de problèmes cardiaques parmi les plus élevés au monde. « Le pays ne dépense que 3,7 % de son PIB dans le domaine de la santé, mais ça va probablement augmenter », dit Chuck Bastyr, ajoutant que la position dominante de NMH dans la région lui permettra de capturer une grande partie de la croissance attendue.

« Il faut acheter l’excellence de demain », indique Chuck Batyr, faisant allusion au remarquable succès de sociétés comme Bangkok Dusit Medical Services, qui ont vu le prix de leur action décupler en cinq ans.

« Siloam va capturer la croissance des dépenses de santé en Indonésie. Il est difficile de l’ériger en modèle car les variables sont trop nombreuses, mais c’est la vie : une fois qu’on a pris la tête, on la laisse rarement aux autres. »