homme d'affaire qui grimpe sur un schéma de croissance avec des jumelles.
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La croissance mondiale devrait baisser de quelques points de pourcentage en 2019, estime la Banque Scotia dans ses perspectives mondiales « Marchés vs. Économistes » et cela à cause de plusieurs facteurs dont :

–          le resserrement monétaire des banques centrales

–          le ralentissement naturel d’un rythme soutenu de croissance

–          l’incertitude découlant de l’évolution des marchés financiers et des tensions commerciales entre la Chine et les États‑Unis.

« La baisse des marchés boursiers et les mouvements dans certains segments de la courbe des rendements des derniers mois laissent entrevoir un clivage entre les perspectives économiques qui proviennent des marchés et celles qui proviennent des économistes, explique Jean-François Perrault, premier vice-président et économiste en chef de la Banque Scotia. Alors que le paysage du risque devrait connaître une embellie durant les premiers mois de 2019, la force et la résilience sous-jacentes de l’économie mondiale deviendront plus apparentes, et les banques centrales qui appliquaient un resserrement continueront dans cette voie. »

La Banque Scotia estime qu’il ne faut toutefois pas annoncer la fin de l’expansion économique.

Ralentissement de la croissance au Canada

Au Canada, la croissance repose sur des bases solides et la Banque Scotia estime que la croissance se maintiendra plus ou moins jusqu’à 2020, même si elle ralentira. Selon elle, les risques d’une récession sont très faibles.

Les craintes de certains experts devraient s’apaiser. Le grand rebond du prix du pétrole depuis la fin de l’automne 2018 additionné aux prix mondiaux de l’or noir qui ont augmenté après leur point bas la veille de Noël, suggèrent que l’impact de la baisse des prix du pétrole pourrait ne pas être aussi important que prévu. Quant aux mesures de resserrement budgétaire de la Banque du Canada, elles n’ont, pour le moment, pas eu les impacts démesurés redoutés.

La Banque Scotia prévoit donc un ralentissement modeste de la croissance au Canada qui devrait s’établir à 1,8 % en 2019 avant de remonter à 2,0 % en 2020.

Gros ralentissement en vue pour les États-Unis

Après deux trimestres d’une croissance exceptionnelle au début de l’année 2018 grâce au plan de relance budgétaire de la Maison Blanche et à la loi sur la réduction des impôts, la Banque Scotia s’attend à un certain retour à la normale.

L’intensification des négociations sur le commerce, la fermeture du gouvernement et le roulement de personnel aux postes de pouvoir ont mené à des semaines chaotiques pour les marchés des actifs, mais cela ne devrait pas avoir trop d’impact sur la consommation, l’investissement et la croissance.

Selon la Banque Scotia, la croissance américaine devrait ralentir pour s’établir à 2,4 % en 2019 puis 1,7 % en 2020, mais l’institution ne s’attend pas à une récession dans les deux prochaines années.

Du côté des autres pays

La Banque Scotia estime que le Royaume-Uni parviendra à éviter une sortie sans accord de l’Union européenne. Notons que mardi, soit après la publication du rapport de la Scotia, les députés britanniques ont rejeté massivement l’accord sur le Brexit. La banque évaluait que l’économie du Royaume-Uni devrait croître pour atteindre 1,5 % en 2019 et 2020.

Du côté de l’Amérique latine, le Pérou devrait voir sa croissance s’accélérer ou demeurer relativement forte tout comme le Chili et la Colombie.

Le Mexique est confronté à des incertitudes nationales du côté politique. Le programme économique 2019 envisage une réallocation profonde des dépenses publiques et un changement de priorités politiques. Même si le nouveau gouvernement s’engage à la discipline fiscale, parviendra-t-il à respecter le budget? La Banque Scotia estime donc que l’économie de ce pays devrait atteindre 1,6 % en 2019 avant de rebondir en 2020 pour atteindre 2,3 %.

Une possible récession?

Du point de vue de la croissance mondiale, la Banque Scotia estime qu’il y aura un ralentissement et que l’économie passera de 3,7 % en 2018 à 3,5 % en 2019. Cependant, les fluctuations des marchés boursiers jusqu’à l’automne ainsi que les mouvements dans la courbe de rendement pourraient être un signe d’une réduction beaucoup plus importante de la croissance et une récession pourrait avoir lieu dans certains pays.

Selon le rapport, il y a clairement une déconnexion : soit la croissance décevra par rapport à la vision consensuelle de l’économie ou les marchés ajusteront leurs attentes pour refléter de meilleurs résultats économiques.

Les indicateurs au Canada, aux États-Unis ainsi que dans certains pays européens suggèrent qu’il y a encore un certain dynamisme dans l’économie. La croissance de l’emploi a surpris à la hausse au Canada et aux États-Unis au cours des deux derniers mois de 2018.

Les expansions économiques ne meurent toutefois pas de vieillesse. Quelque chose doit déclencher un ralentissement prononcé ou une récession. Dans les économies avancées, les récessions ont historiquement été déclenchées par des chocs pétroliers ou un resserrement excessif des banques centrales.

Pour la Banque Scotia, il est peu probable que les banques centrales soient le déclencheur d’un tel scénario. Pour déclencher une récession, les taux devraient dépasser de beaucoup les prévisions de resserrement monétaire de la Banque Scotia, ce qui est difficilement imaginable.

Le déclencheur le plus probable serait selon l’institution une escalade de la guerre commerciale sino-américaine. Nous avons longtemps pensé que le  conflit était plus susceptible de désescalade que d’escalade, mais il est apparu clairement à la fin de l’année dernière que les marchés commençaient enfin à s’inquiéter des conséquences de l’escarmouche commerciale et craignaient la voie à suivre.