Jimmy Jean - Gracieuseté

L’économiste en chef de la CIBC, Avery Shenfeld, ne pense pas que la Banque du Canada réduira son taux directeur lors de sa décision de mercredi, mais si elle le fait, il a déclaré que ce serait une « agréable surprise ».

« Il y a toujours un risque qu’elle crée la surprise avec une baisse de taux, a-t-il affirmé. Mais je ne nourris pas beaucoup d’espoir. »

La plupart des économistes s’attendent également à ce que la Banque du Canada maintienne son taux directeur à 2,75 % pour une troisième décision consécutive plus tard cette semaine.

Vendredi après-midi, les marchés financiers estimaient à seulement 7 % la probabilité d’une baisse d’un quart de point de taux mercredi, selon LSEG Data & Analytics.

L’obstination sur le front de l’inflation et la vigueur inattendue du marché du travail ont réduit les arguments en faveur d’un nouvel assouplissement depuis la décision de la banque centrale en juin.

L’économie canadienne a créé un nombre inattendu de 83 000 emplois en juin, selon un rapport de Statistique Canada publié plus tôt ce mois-ci, ce qui a entraîné une baisse du taux de chômage pour la première fois depuis janvier.

Quelques jours plus tard, Statistique Canada a annoncé que l’inflation annuelle avait légèrement augmenté pour atteindre 1,9 % le mois dernier, tandis que les chiffres de l’inflation de base, surveillés de près par la Banque du Canada, se maintenaient obstinément autour de 3 %.

« Dans l’ensemble, la persistance des indicateurs d’inflation, un contexte économique affaibli mais relativement résilient et les perspectives d’augmentation des dépenses budgétaires expliquent pourquoi nous ne prévoyons pas de nouvelle baisse des taux par la Banque du Canada au cours de ce cycle », ont écrit les économistes Claire Fan et Abbey Xu, de la Banque Royale, dans une note vendredi.

Mais l’appel de Avery Shenfeld à un abaissement du taux directeur — la CIBC prévoit deux baisses supplémentaires d’un quart de point avant que la Banque du Canada ne change de cap — ne se fonde pas sur l’évolution de l’économie, mais sur ce qui se profile à l’horizon.

Outre la hausse de l’emploi en juin, le marché du travail reste globalement faible, le taux de chômage s’établissant à 6,9 %, a souligné Avery Shenfeld.

Il s’attend également à ce que le différend commercial entre le Canada et les États-Unis ait entraîné une contraction économique au deuxième trimestre de l’année.

Au total, il y a suffisamment de « marge » dans l’économie pour freiner l’inflation dans les mois à venir, a fait valoir Avery Shenfeld.

L’impact des droits de douane

L’enquête de la Banque du Canada sur les perspectives des entreprises pour le deuxième trimestre, publiée la semaine dernière, suggère que de nombreuses entreprises choisissent d’absorber la hausse des coûts liée aux droits de douane plutôt que de la répercuter sur les consommateurs, qui pourraient freiner leurs dépenses dans un contexte d’incertitude économique.

Selon Avery Shenfeld, cela indique que l’impact des droits de douane « ne se traduira pas par un problème d’inflation plus persistant ».

Il a ajouté qu’une fois que la banque centrale sera suffisamment convaincue que les pressions inflationnistes induites par les droits de douane seront de courte durée, les responsables de la politique monétaire devraient se sentir suffisamment en confiance pour abaisser les taux d’intérêt.

« Je pense qu’à ce stade, ils en savent suffisamment pour exclure le pire scénario concernant le commerce », a dit Avery Shenfeld.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a explicitement déclaré que les responsables de la politique monétaire se montrent moins prospectifs que d’habitude dans le contexte de la guerre commerciale. La banque centrale n’a pas publié de prévisions économiques traditionnelles dans son rapport de politique monétaire d’avril, proposant plutôt deux scénarios quant à l’impact potentiel des droits de douane sur l’économie.

Jimmy Jean, économiste en chef chez Desjardins, estime que la Banque du Canada aura suffisamment éclairé le dossier commercial pour revenir à des prévisions officielles dans le rapport sur la politique monétaire de cette semaine.

« L’incertitude est bien présente, chacun doit en être conscient. Mais il arrive un moment où il faut prendre des risques et formuler les réserves qui s’imposent », a soutenu Jimmy Jean.

Les échéances tarifaires continuent de peser sur la Banque du Canada: le président américain Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 35 % sur les importations canadiennes à compter de vendredi si un accord commercial n’est pas conclu d’ici là, bien que les produits conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique devraient être exemptés de ces droits.

Certains prévisionnistes, dont la Banque Royale, estiment que la Banque du Canada a déjà réduit ses taux et qu’elle confiera la tâche de stimuler l’économie pendant la guerre commerciale aux gouvernements fédéral et provinciaux.

Bien que Jimmy Jean pense également que la banque centrale choisira de maintenir ses taux mercredi, il a déclaré que la prochaine décision de la banque, en septembre, constitue une « possibilité ouverte » de baisse.

Les droits de douane sectoriels imposés par Donald Trump aux industries canadiennes de l’acier, de l’aluminium et du cuivre sont particulièrement préoccupants pour l’Ontario et le Québec, a expliqué Jimmy Jean. Si ces droits de douane sont maintenus, il a indiqué que de nouvelles baisses de taux de la Banque du Canada seront justifiées pour amortir le choc économique.

En plus de certaines mesures d’allègement sectoriel, le gouvernement fédéral a pris ces derniers mois des mesures pour accroître le financement de la défense et des infrastructures du Canada — des dépenses qui pourraient offrir un soutien fiscal, plutôt que monétaire, à l’économie.

Jimmy Jean a toutefois dit que Desjardins s’attend à ce que cette hausse se produise au cours des prochaines années, et non des prochains mois, ce qui ouvrirait la voie à une baisse des taux par la Banque du Canada à court terme.

« Nous pensons que, malgré ces mesures en préparation, la Banque du Canada aura encore une raison valable de réduire ses taux d’intérêt en septembre », a-t-il déclaré.