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Dans ses nouvelles perspectives économiques et financières, publiées jeudi, le Bureau du directeur parlementaire du budget (DPB) revoit à la baisse les perspectives économiques du Canada par rapport à ses propres prévisions de juin dernier. Ces ajustements sont attribuables à la faiblesse des exportations, due à l’escalade des différends commerciaux entre les États-Unis et la Chine, et à la poursuite de politiques protectionnistes dans le monde.

La croissance du PIB réel en 2020 et 2021 devrait s’établir à 1,7 et 1,6 % respectivement, soit 0,3 et 0,2 point de pourcentage de moins que ce que le DPB prévoyait en juin 2019. Cette révision à la baisse découle « du fléchissement des exportations, du recul des investissements dans les stocks et des réductions aux dépenses du gouvernement provincial en Alberta », explique le Bureau.

Le DPB prédit par ailleurs que le ralentissement économique ajoutera 1,6 milliard de dollars (G$) en moyenne au déficit annuel fédéral jusqu’en 2025, ce qui donnera un déficit de 21,1 G$ à la clôture de l’exercice en cours, en mars 2020, et de 23,3 G$ l’exercice suivant. Le Bureau s’attend à ce que le déficit diminue à 11,1 G$ en 2024-2025.

Ces chiffres ne prennent toutefois pas en compte les nouvelles décisions politiques qui seraient annoncées d’ici là ni les promesses faites lors de la campagne électorale de l’automne. Ils n’incluent pas non plus les changements futurs dans les dépenses des gouvernements provinciaux, ni la décision du Tribunal canadien des droits de la personne, qui ordonne à Ottawa d’indemniser les enfants autochtones et leurs proches lésés par les défaillances du système. Tous ces facteurs pourraient coûter au total des milliards de dollars.

Équilibre « improbable » en 2025

Tout compte fait, estime le DPB, les déficits réels au cours des prochaines années devraient donc être plus importants que les projections du présent rapport, basé sur les chiffres connus actuellement, ce qui rend « improbable » l’atteinte du déficit zéro pour l’exercice financier 2024-2025.

« En l’absence de nouvelles mesures, et étant donné l’incertitude qui entoure nos perspectives économiques, nous estimons, en supposant un statu quo, qu’il existe une probabilité d’environ 30 pour cent de parvenir à l’équilibre ou à un excédent budgétaire à la fin de nos perspectives à moyen terme, soit en 2024-2025 », estime le directeur parlementaire du budget.

Les libéraux de Justin Trudeau avaient fait campagne en 2015 pour des déficits annuels d’environ 10 G$, avant d’atteindre l’équilibre budgétaire à la fin de leur mandat de quatre ans en 2019. Mais ils ont renoncé en cours de route à cette cible, en faveur d’une baisse constante du ratio de la dette fédérale au PIB, qui compare la dette publique à la taille de l’économie globale.

Le directeur parlementaire du budget laisse entendre que toute nouvelle dépense ou modification des recettes fiscales pourrait empêcher ce ratio de diminuer autant que le souhaite le gouvernement libéral. Le DPB note également que le gouvernement n’a pas encore fixé d’échéancier pour son retour au déficit zéro.

La nouvelle plateforme du parti, en 2019, prévoyait un déficit de près de 27,4 G$ au cours du prochain exercice financier et de 23,7 G$ l’année suivante, en se basant sur les prévisions du DPB de juin dernier. Les prévisions mises à jour du DPB ne modifieraient pas trop les projections de déficit des libéraux en 2020-2021, mais ajouteraient 4 G$ au déficit l’année suivante, ce qui le situerait plutôt autour de 27,3 G$.