Les retombées politiques de la décision prise par le Royaume-Uni de quitter l’Union européenne à la suite du référendum pour le « Brexit » a jeté un froid sur les membres de l’UE continentale, car l’éventualité d’autres référendums plane sur d’autres pays membres, dit Dominic Wallington, gestionnaire du Fonds d’actions européennes RBC (actif de 5,7 milliards $) et directeur du placement au bureau de Londres de RBC Gestion mondiale d’actifs.

Néanmoins, même si cette incertitude permanente signifie que les marchés promettent d’être volatils, M. Wallington garde le cap et se concentre sur les compagnies qui sont bon marché du point de vue des évaluations, ou qui versent des dividendes élevés.

Curieusement, bien que le FTSE 100 — l’indice de référence pour les actions britanniques — ait augmenté d’environ 4 % du début de l’année à ce jour, l’Indice de la Bourse de Francfort a baissé de près de 10 %, en grande partie à cause la chute de la livre sterling par rapport à un panier de devises, qui a amélioré la concurrence des firmes internationales basées au Royaume-Uni, dit M. Wallington. « La raison pour laquelle le FTSE 100 a réagi de cette façon est la prédominance des sociétés internationales. »

Plus important encore, les investisseurs s’inquiètent de la faiblesse des économies continentales et prévoient un niveau plus élevé de risque politique. « L’un des partenaires principaux du marché unique s’en va. Les investisseurs se demandent si ce type d’événement a des chances de se produire de nouveau, dit M. Wallington, qui a 25 ans d’expérience dans l’industrie et s’est joint à RBCGMA en 2007. « C’est un facteur dont les investisseurs doivent tenir compte. »

M. Wallington fait valoir que la Commission européenne subit des pressions inégalées pour réformer le système. « Si elle le faisait, ce serait évidemment une bonne chose. »

Un aspect positif du référendum est qu’il a fait nettement baisser les évaluations. Si l’on examine la tendance à long terme des ratios cours/bénéfices, dit M. Wallington, « l’Europe n’a jamais été aussi bon marché par rapport aux États-Unis. Elle se négocie à un rabais de 36 % par rapport à la moyenne à long terme de 10 %. »

M. Wallington attribue partiellement cette augmentation du rabais au report des projets d’expansion des sociétés. « Cela peut être dû à un développement moins important du côté de l’Europe. Ou cela pourrait relever d’une crainte générale qu’un autre pays dans une situation semblable à celle du Royaume-Uni ait recours à un référendum. C’est une ritournelle de longue haleine. Pour la première fois, on accepte que certains aspects de la zone euro présentent des risques, dit M. Wallington. l’Europe devrait offrir une prime de risque plus élevée, c’est plausible. Mais celle-ci est déjà intégrée aux mesures d’évaluation que nous avons décrites. »

L’incertitude bat son plein, puisque que le Royaume-Uni ne commencera probablement pas son processus de sortie de l’Union européenne avant le printemps ou l’été 2017. Par ailleurs, le pays a maintenant une nouvelle première ministre qui déclenchera vraisemblablement des élections d’ici l’automne, ce qui ajoute à l’incertitude. « Mais le marché n’est pas intéressé par les intrigues politiques. Il montre assez clairement que les compagnies internationales profiteront bien de la faiblesse de la livre sterling. Dans l’ensemble, je suis d’accord », dit M. Wallington, ajoutant qu’il avait précédemment des doutes sur les mérites d’un référendum. « Lorsque j’examine les grandes compagnies internationales auxquelles nous sommes exposés au Royaume-Uni, je ne suis pas trop inquiet. »

Investisseur à l’approche ascendante, M. Wallington détient environ 50 compagnies, qui semblent relever de deux grands thèmes. D’abord, avance M. Wallington, les compagnies européennes de qualité supérieure sont meilleur marché que des compagnies comparables aux États-Unis et tendent à avoir des rendements plus élevés sur le capital investi. Ensuite, les firmes européennes à faible intensité de capital génèrent plus de flux de trésorerie disponibles. « Dans une région dont la culture est axée sur les dividendes, cela signifie que les compagnies peuvent augmenter leurs dividendes plus rapidement que les firmes qui ont besoin de beaucoup de capitaux pour fonctionner et se développer. »

Dans la première catégorie, M. Wallington cite Unilever NV (UN), chef de file mondial de produits alimentaires et de soins personnels qui a d’importantes parts de marché dans des pays à grande population comme l’Inde. « Elle fabrique de tout, que ce soit des crèmes glacées, du savon Dove ou des soupes Knorr, dit M. Wallington. Il y a une participation européenne, mais le gros des revenus provient de l’extérieur de l’Europe. Et à en juger par le rendement en trésorerie de ses actifs, c’est une entreprise qui rapporte 20 %. »

Bien que certains experts des marchés aient dit qu’Unilever est une compagnie ennuyeuse et l’aient mise dans le même panier que les obligations, M. Wallington n’est pas d’accord. « C’est une erreur de catégorie. Sur une période de cinq ans, l’augmentation annuelle moyenne des dividendes a été d’environ 8 %. Les obligations ne peuvent pas augmenter leurs flux de revenus, » dit M. Wallington, ajoutant que l’action verse actuellement un dividende de 3 %. Unilever se négocie à environ 24 fois ses bénéfices, contre 27 fois pour Procter & Gamble Co. (PG).

Dans la seconde catégorie, M. Wallington aime bien Swedbank AB (SWDBY), une grande banque d’épargne suédoise qui détient une importante section hypothécaire. « C’est essentiellement un service public, qui affiche un ratio de capitalisation de niveau un très élevé (plus de 16 %). Elle génère des rendements de l’ordre de 15 % et verse un dividende de 6,5 %, dit M. Wallington. La direction n’est pas intéressée par une croissance très élevée. Elle est beaucoup plus intéressée à prendre de bonnes décisions contractuelles. »

La série D du Fonds d’actions européennes, cotée cinq étoiles, a généré un rendement de -3,1 % pour les 12 mois qui ont expiré le 30 juin, contre -8,3 % pour l’Indice MSCI Europe ($ CA). Sur des périodes de trois et cinq ans, il a affiché un rendement annualisé respectif de 11,3 % et 10,2 %, contre 9,6 % et 7,8 % pour l’indice de référence.

M. Wallington admet que c’est une période difficile et qu’elle va probablement se prolonger. « Je ne peux pas dire ce qui va se passer. La seule chose dont je sois sûr est que beaucoup de nos compagnies existent depuis longtemps. Nous aimons les firmes comme Novo Nordisk (NVO), qui a été fondée en 1923 », dit M. Wallington, qui signale que cette firme pharmaceutique danoise a émergé en tant que grand fournisseur de médicaments contre le diabète. « Même si je ne peux pas deviner ce que l’avenir nous réserve, nos placements sont entre de bonnes mains. »