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Les conseillers ont eu un aperçu cette semaine des questions fiscales qui seront débattues au cours des six prochaines semaines, en vue des élections fédérales prévues pour le 20 septembre.

En ce qui concerne les marchés financiers, cependant, la campagne pourrait ne pas avoir beaucoup d’impact. En effet, un rapport de la Banque Nationale du Canada (Marchés financiers) a conclu qu’il n’y avait pas de relations claires entre la tenue d’élection et l’évolution des marchés financiers, après avoir examiné huit élections au cours des 25 dernières années.

« Les élections fédérales semblent avoir été une sorte de déception pour les actions canadiennes, le S&P TSX ayant perdu un terrain non négligeable par rapport au S&P 500 en 100 jours de Bourse, centrés sur le nombre de votes passés », précise le rapport.

« Comme pour le huard, une partie de la sous-performance relative après le vote semble être fonction de la tendance touchant les prix du pétrole », ajoute-t-il.

Le bilan empirique n’est pas suffisant pour que la banque s’écarte de son allocation d’actifs préférée, qui reste surpondérée en actions canadiennes par rapport aux titres à revenu fixe et aux actions américaines.

Bien que la campagne ne fasse pas bouger les marchés boursiers, les clients s’intéresseront aux propositions fiscales des partis.

Les propositions des partis

Cette semaine, le NPD a publié une « proto-plateforme » demandant une augmentation de l’inclusion des gains en capital et des taux d’imposition marginaux supérieurs, ainsi qu’une augmentation du taux d’imposition des sociétés, un crédit d’impôt plus élevé pour les acheteurs de maison et un impôt sur la richesse.

Les libéraux, quant à eux, ont lancé des consultations législatives sur des propositions budgétaires susceptibles de plaire aux électeurs ciblés : une taxe sur les produits de luxe pour les véhicules coûteux et une taxe de 1 % sur les maisons vacantes appartenant à des non-résidents.

Les conservateurs se concentreront probablement sur des initiatives fiscales visant à stimuler les dépenses en capital des entreprises, prédit un rapport publié récemment par les Services économiques CIBC. La banque surveillera également les politiques conservatrices visant à encourager la concurrence étrangère dans le secteur des télécommunications au Canada, ce que le chef Erin O’Toole a préconisé dans sa course à la direction du parti.

Les libéraux entreront dans la campagne en tête des sondages, avec un soutien d’environ 35 % et à portée d’un gouvernement majoritaire selon certaines projections de sièges.

Le rapport de la Banque Nationale avertit que le prochain parlement aura du pain sur la planche, quel que soit le parti qui formera le gouvernement.

« Malgré des comparaisons internationales encore favorables, la flexibilité fiscale autrefois immense d’Ottawa a été partiellement utilisée pour combattre la pandémie, indique le rapport. Cela pourrait poser problème la prochaine fois que le gouvernement fédéral devra faire face à une crise économique majeure. À défaut d’autre chose, l’investisseur moyen en obligations du gouvernement du Canada espère vraisemblablement que le redressement fiscal sera une priorité légitime et durable après le prochain vote. »

Le budget fédéral de 2021 prévoyait un déficit de 155 milliards de dollars (G$) (6,5 % du PIB) pour cet exercice, après avoir enregistré un déficit de 354 G$ au cours de la première année de la pandémie. Le déficit devrait tomber à environ 30 G$ (1,1 % du PIB) au milieu de la décennie.

Selon la Banque CIBC, il est peu probable que le débat sur le déficit fasse bouger les marchés des titres à revenu fixe, car l’échéancier des conservateurs, qui prévoit une décennie pour équilibrer le budget, est similaire aux prévisions des libéraux.

La Banque Nationale a prévenu qu’il y a encore de l’incertitude quant à la trajectoire du virus, malgré les progrès considérables réalisés en matière de vaccination. « Il y a encore beaucoup d’emplois à récupérer, de secteurs à reconstruire et de mesures de soutien et de stimulation à annuler », souligne l’institution dans son rapport.

La Chambre de commerce du Canada a rappelé cette semaine que de nombreuses entreprises ont contracté une dette liée à la pandémie qui menace leur survie.

« Elles auront besoin d’une aide continue pour se rétablir », affirme son président et directeur général, Perrin Beatty, dans un message adressé aux dirigeants politiques.

Ce groupe d’intérêt composé d’entreprises a demandé la mise en place d’un programme destiné à remplacer les subventions salariales et locatives accordées aux entreprises encore touchées par les restrictions sanitaires. Il a également demandé un allègement de la dette en annulant les paiements d’intérêts sur les prêts garantis par le gouvernement que les entreprises ont reçu comme aide d’urgence en cas de pandémie.

La chambre de commerce a également demandé que la garde d’enfants soit considérée comme une dépense professionnelle admissible pour les petites et moyennes entreprises, un crédit d’impôt sur les investissements en capital des entreprises, davantage de possibilités de marchés publics pour les entreprises à propriété diversifiée et une révision complète du système fiscal fédéral.