En effet, en prévenant qu’il allait faire d’ici quelques semaines une annonce « phénoménale » en termes d’impôts, il incite probablement les investisseurs à conserver leurs positions, voire même les augmenter, afin de profiter de cette nouvelle qui frappera éventuellement leurs écrans radars. Toute baisse d’impôts est généralement un facteur positif pour les marchés boursiers.

Déjà à un niveau record le 9 février au moment de la déclaration de l’annonce « phénoménale » à venir, l’indice S&P 500 a ajouté 2 % au cours des 5 séances suivantes. L’indice a gagné plus de 10 % depuis l’élection.

Même la présidente de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen, devant le Congrès pour sa prestation semi-annuelle sur l’état de l’économie et de la politique monétaire, semble admettre l’impact de la déclaration de Donald Trump. À la question sur ce qui motivait la performance actuelle des marchés boursiers, elle répondait: « Je crois que les participants aux marchés anticipent probablement des changements aux politiques fiscales qui vont stimuler la croissance et peut-être augmenter les profits des sociétés ».

Certains gestionnaires consultés par lesaffaires.com. croient toutefois que cette situation n’est pas sans comporter un risque important.

Il faut d’abord se demander si une annonce vraiment importante en ce qui concerne une modification majeure du système fiscal américain est possible en un si court laps de temps, suggère Luc Vallée, stratège chez Valeur mobilières Banque Laurentienne. « Toute cette nouvelle stratégie fiscale devra être débattue alors que l’on vient à peine d’assermenter le nouveau Secrétaire au trésor Steven Mnuchin », dit-il. « Je ne vois pas comment dans 2 ou 3 semaines on pourrait arriver avec quelque chose de si important », ajoute-il.

Pour que le rallye Trump se poursuive et devienne un puissant mouvement haussier, il faudra que les annonces se transforment en politiques bien articulées, et ce avec la participation du Congrès, affirme également Mohamed El-Erian, conseiller économique chez Allianz, dans sa lettre mensuelle. On semble être encore bien loin de là.

Si la situation est inquiétante, c’est aussi parce que les chances sont que la nouvelle soit moins bonne, ou enfin moins phénoménale, que ce que plusieurs espèrent, suggère Philippe Hynes, président et gestionnaire de portefeuilles chez Tonus Capital.

Il est question de diminution du taux maximal d’imposition des sociétés de 35 % qu’il est actuellement vers 20 ou 25 %. « L’impact de cette diminution n’est peut-être pas aussi important que l’on pourrait croire, car bien peu de sociétés payent ce taux maximal », estime M. Hynes.

De plus, à la suite de l’appréciation du marché boursier depuis l’élection, on peut croire que les prix incorporent déjà la bonne nouvelle, croit le gestionnaire. « Une fois qu’elle sera connue, ce sera fini », dit-il. « Sur quoi le marché montera-t-il par la suite », s’inquiète-t-il.

Pour l’instant, force est d’admettre toutefois que l’annonce « phénoménale » qu’a promis le président capte l’attention des investisseurs. Mercredi, les indices S&P 500, Dow Jones et Nasdaq clôturaient tous les trois à un sommet historique pour une 5e séance consécutive, une première en 25 ans.