Le marché immobilier canadien a continué de se réchauffer en mai, les ventes de maisons enregistrant leur première augmentation d’une année à l’autre depuis juin 2021 et le prix moyen enregistrant sa première hausse annuelle en un an.

Les données publiées jeudi par l’Association canadienne de l’immobilier (ACI) suggèrent un changement marqué par rapport aux ventes léthargiques et à la chute des prix que le pays a connues depuis l’année dernière.

« Le redressement est évident depuis un certain nombre de mois, mais les résultats du mois de mai ont permis de le confirmer », a souligné dans un communiqué le président de l’ACI, Larry Cerqua.

Selon l’association, le nombre réel de maisons vendues en mai a grimpé de 1,4 %, pour atteindre 54 241, par rapport à celui du mois de mai 2022.

En données désaisonnalisées, les ventes du mois de mai ont progressé de 5,1 % comparativement à celles d’avril, pour se chiffrer à 40 220.

Cette augmentation survient alors que les acheteurs ont passé plusieurs mois sur la touche, en attendant que les prix des maisons touchent un creux. Mais pendant leur inaction, la Banque du Canada a relevé les taux d’intérêt avec dynamisme, ce qui a contribué à faire grimper les taux hypothécaires. Après une pause plus tôt cette année, la banque centrale a de nouveau relevé son taux directeur ce mois-ci, toujours dans le but de maîtriser l’inflation.

Ces derniers mois, les vendeurs ont été aussi réticents que la plupart des acheteurs à se lancer sur le marché, estimant qu’ils obtiendraient beaucoup moins pour leur habitation que leurs voisins lorsque le marché était encore en plein essor, au plus fort de la pandémie de COVID-19.

Maintenant, les acheteurs et les vendeurs semblent prêts à acheter ou à mettre en vente des maisons et cela exerce une pression à la hausse sur les prix.

Le prix national moyen réel des maisons a atteint 729 044 $ en mai, en hausse de 3,2 % par rapport à celui de mai 2022, a indiqué l’ACI.

Le prix moyen désaisonnalisé des maisons était pour sa part de 715 290 $, en hausse de 2,7 % par rapport à avril.

Malgré les augmentations indiquant un rebond Larry Cerqua a estimé que certains aspects du redressement restaient à déterminer.

« La mesure dans laquelle la reprise pourra se manifester du côté des ventes plutôt que du côté des prix dépendra de l’offre, qui reste assez faible », a-t-il noté.

Le nombre de propriétés nouvellement inscrites à la vente a totalisé 59 237 en mai, une augmentation de 6,8 % par rapport à avril. Le nombre réel de nouvelles inscriptions s’est pour sa part élevé à 87 037, toujours en baisse de 13,6 % par rapport à mai 2022.

L’économiste Robert Kavcic, de BMO Marché des capitaux, a interprété les chiffres comme un signe que les nouvelles inscriptions « montrent un peu de vie », mais il a souligné qu’elles restaient toujours inférieures d’environ 16 % à la moyenne pré-COVID sur trois ans.

« Ainsi, bien qu’il y ait des signes très précoces d’un meilleur flux d’inscriptions, la pénurie à ce stade a resserré le marché », a-t-il écrit dans une note aux investisseurs.

L’activité immobilière s’est « déchaînée » ces dernières années, lorsque la Banque du Canada a abaissé ses taux d’intérêt à des creux historiques. Cependant, lorsque les taux ont commencé à augmenter, l’activité est devenue « sombre », a-t-il affirmé.

Lorsqu’elle a suspendu les taux en janvier, la banque centrale « disait en fait aux Canadiens que le pire était passé » et l’activité immobilière est rapidement renée de ses cendres.

« Suivant cette logique sophistiquée, il va de soi que la dernière hausse de taux de 25 points de base de la Banque va à nouveau étouffer quelque peu la psychologie du marché et atténuer l’activité récente. »