Au-delà de la correction du marché américain
Bloomberg

« Mais surtout, l’économie américaine continue de croître, quoiqu’à un rythme lent, et la correction du marché boursier américain a fait que plusieurs grands secteurs et compagnies offrent désormais une bonne valeur. »

Une source de préoccupation continue des investisseurs est la solidité de l’économie chinoise, dit M. Pearl. Les dernières données font état d’un taux de croissance annualisé du PIB de 6,9 % au troisième trimestre, soit le taux le plus faible depuis la crise financière mondiale de 2008-2009.

M. Pearl dit que tout ralentissement de la Chine affecte plus directement les pays de la zone Asie-Pacifique, l’Europe et le Brésil. « Les États-Unis ont une relation commerciale moins directe avec la Chine que l’Europe et les principaux marchés émergents, mais ils sont indirectement touchés par le ralentissement de la croissance économique mondiale dû au ralentissement de la croissance en Chine. »

Quoiqu’il en soit dit M. Pearl, les consommateurs chinois répondent à la hausse de leur salaire en dépensant plus. « En Chine, la consommation représente 30 à 35 % du PIB. » Cette tendance positive stimule les ventes de certaines des grandes multinationales américaines, fait-il remarquer.

Par exemple, Apple affiche des ventes solides d’iPhones en Chine. Un autre exemple, dit-il, est Boeing. « Le pays devient rapidement le marché le plus important de Boeing, ce qui reflète la demande croissante des consommateurs chinois pour les voyages. »

M. Pearl dit que les prévisions pointent vers une croissance du PIB américain de 2 à 3 % cette année. Cela sera largement alimenté par le consommateur américain, qui représente plus de 70 % du PIB américain. « Le pouvoir d’achat du consommateur américain est en train d’augmenter, avec la croissance positive de l’emploi, même si elle n’est pas robuste, et les salaires augmentent lentement. »

Le marché boursier américain a été léthargique jusqu’à présent cette année, dit M. Pearl, culminant avec la correction au troisième trimestre. Le marché s’est amélioré depuis la fin du trimestre et « se bat pour se reprendre », dit-il.

La décision de la Réserve fédérale américaine au début septembre de ne pas augmenter les taux d’intérêt aurait dû donner un coup de fouet au marché boursier, dit-il. « Mais le langage utilisé par la Fed, qui suggérait une faiblesse potentielle de l’économie américaine, ont occasionné un recul du marché boursier. »

Ultérieurement, la Fed a clarifié ses propos afin de rassurer les marchés financiers, dit M. Pearl. On estime qu’il y a 50 % de chances que la Fed augmente ses taux en décembre, dit-il. « Il est possible que cette décision soit repoussée au mois de mars. »

Après la correction du troisième trimestre et sa récente reprise, le marché boursier américain se négocie actuellement à entre 15,5 et 16 fois les estimations de bénéfices prévisionnels par part, dit M. Pearl, contre 17,5 fois plus tôt dans l’année. On s’attend à ce que la croissance des bénéfices des sociétés américaines soit inférieure à 5 %, dit-il.

Epoch gère des actifs pour Gestion de Placements TD et Placements CI. Les fonds gérés sont entre autres le Fonds valeur de grandes sociétés américaines Epoch, sous la bannière de Gestion de Placements TD, et le Fonds de valeur américaine CI. Ce portefeuille, qui contient quelques 50 avoirs, est fortement pondéré dans les services financiers (24 %), la technologie (19 %) et les valeurs industrielles (11 %).

Pour ce qui est de la sélection des titres, M. Pearl et son équipe recherchent les compagnies qui génèrent des flux de trésorerie disponibles et qui peuvent accroître leurs flux de trésorerie de manière rentable. Il dit qu’elles doivent présenter un avantage concurrentiel durable qui leur permettra de continuer à accroître leurs flux de trésorerie. La valeur est définie comme étant un cours boursier faible par rapport aux flux de trésorerie futurs actualisés. La durée de détention moyenne est de trois à quatre ans.

Dans le secteur des valeurs industrielles, M. Pearl et son équipe ont ajouté un nouveau nom : General Electric. « Ce grand conglomérat américain a reconcentré ses nombreuses activités industrielles », dit-il. Parallèlement, la compagnie « est en train de vendre la majorité de ses activités de services financiers pour augmenter son encaisse ».

General Electric, dit M. Pearl, emploie son encaisse pour mettre en place des programmes de rachats d’actions important, pour augmenter son dividende et effectuer des acquisitions stratégiques. Les investisseurs institutionnels n’investissaient que peu dans l’action à cause de la difficulté à l’évaluer en tant que conglomérat, ajoute-t-il. « Elle devient maintenant une mise industrielle pure et est plus attrayante. »

Dans le secteur industriel aussi, Boeing représente toujours un avoir important dans le portefeuille à grandes capitalisations américaines. « La compagnie a mis fin à ses augmentations de dépenses en capital et elle génère d’importants flux de trésorerie disponibles. » L’action, dit-il, représente une valeur moyenne par rapport au cours/bénéfice, mais elle est attrayante pour son ratio cours/flux de trésorerie disponibles.

Dans le secteur de la technologie, un nouveau nom en portefeuille est Alphabet inc., nouvelle société mère de Google récemment restructurée. Alphabet a deux catégories d’actions : la catégorie C sans droit de vote se négociant sur le NASDAQ sous le symbole GOOG, et la catégorie A avec droit de vote négociée sur le NASDAQ sous le symbole GOOGL. Le portefeuille à grandes capitalisations américaines axé sur la valeur détient des actions de catégorie C.

Alphabet, dit M. Pearl, est en train de réorganiser ses activités pour les rendre plus transparentes. La compagnie se consacre surtout à augmenter la valeur des actionnaires. La nomination de Ruth Porat au poste de directrice du placement en mars « a été considérée comme un pas dans la bonne direction ». Mme Porat a entrepris « de mettre en œuvre des systèmes de budgétisation et de contrôle des coûts ».

Apple constitue le plus gros avoir du portefeuille à grandes capitalisations américaines axé sur la valeur. L’action, dit M. Pearl, se négocie à l’heure actuelle à un ratio cours/bénéfice d’environ 11 fois, « un gros rabais par rapport au ratio de 16 pour le marché ». Il règne un certain scepticisme sur la capacité continue de la compagnie à croître, dit M. Pearl.

M. Pearl compte sur le fait qu’Apple augmente sa part du marché sur le très rentable marché de l’iPhone dans les gros marchés comme les États-Unis et la Chine. Les ventes des montres Apple prennent du temps à se développer, dit-il, « mais on s’attend à cela pour un nouveau produit ». Finalement, dit-il, la télévision Apple annoncée promet d’être un gros succès.

Microsoft est le deuxième plus gros avoir en portefeuille. La compagnie continue à se transformer en une compagnie de technologie en nuage, dit M. Pearl. Quelque deux tiers des activités de Microsoft proviennent des activités pour les entreprises, fait-il remarquer. « Microsoft est un participant majeur des activités de technologie en nuage et sa plateforme de technologie en nuage affiche une croissance rapide de ses revenus. » L’action se négocie à un ratio cours/bénéfice inférieur à celui du marché, dit M. Pearl.

Les compagnies américaines de services financiers offrent une valeur exceptionnellement bonne, dit M. Pearl. « Les investisseurs se concentrent sur l’environnement réglementaire plus strict et les plaintes continuelles dont font l’objet certaines des institutions financières, en raison de leur rôle dans le problématique marché des titres adossés à des créances hypothécaires durant la crise financière mondiale. » Pourtant, dit-il, ces compagnies bénéficieront de l’amélioration continue de l’économie américaine.

Le portefeuille détient une « grande participation » dans Citigroup, qui développe ses activités mondiales de services bancaires aux particuliers et diminue sa participation aux aspects plus risqués des services bancaires, dit M. Pearl.

Un autre avoir de taille est BlackRock, un chef de file mondial de la gestion de placement qui gère 4,5 billions de dollars américains d’actifs. Cette firme est le plus grand fournisseur de fonds négociés en bourse au monde. Elle gagne des parts du marché mondial des FNB et bénéficie d’importantes économies d’échelle « dans ce qui constitue un marché extensible ».

L’action de BlackRock est corrélée au marché et a subi une baisse en août et septembre avec la correction du marché boursier, fait remarquer M. Pearl. « Mais elle connaît une amélioration depuis le début d’octobre, alors que le marché se reprend. »

M. Pearl et son équipe ont vendu les avoirs du portefeuille dans American Express. La compagnie a annoncé que son accord d’acceptation marchande avec Costco Wholesale prendra fin le 31 mars 2016. « Amex n’a pas pu produire suffisamment d’argent dans cet arrangement pour garder ces activités, dit M. Pearl. Mais il s’agissait d’une relation importante pour Amex et il faudra du temps pour que la compagnie de cartes de crédit remplace cette source d’activités. »