Une femme avec des lunettes qui hausse les épaules, ne sachant pas quoi choisir.
primagefactory / 123rf

Ces dernières semaines, les investisseurs ont été perplexes devant la hausse des actions alors que les rendements obligataires chutaient. Ces deux variables ont réagi de manière opposée aux mêmes données économiques.

Un rapport de Richardson GMP a évoqué ce « combo magique » marquant l’actuelle période économique où l’on constate une baisse continue et importante des taux d’intérêt accompagnés de rendements plus faibles. Un combo qui a permis aux marchés boursiers d’atteindre de nouveaux sommets.

De fait, les marchés sont en hausse partout au premier semestre de cette année. Après le recul enregistré en décembre, on note un gain de 14 % pour le TSX, de 17 % pour le S&P 500, de 16 % pour l’Euro Stoxx 50 et de 10 % pour les marchés émergents, souligne la firme. Les obligations américaines et canadiennes ont quant à elles gagné 6 %.

Alors que l’incertitude des échanges pesait sur les marchés en mai, une forte reprise a marqué le dernier mois. La question est de savoir où iront ces gains au second semestre de 2019.

Même après la forte période enregistrée de janvier à juin, les actions se situent « à une distance acceptable par rapport à leur juste valeur », indique le rapport de RBC Gestion mondiale d’actifs « Summer 2019 Global Investment Outlook ». L’élément à surveiller  concernant les actions à ce stade est de voir la croissance des bénéfices stagner au lieu de continuer à grimper.

« Même si les revenus ont augmenté, les bénéfices ont été freinés par des marges bénéficiaires en baisse par rapport aux niveaux records », indique le rapport.

Bien que la récession ou la progressivité des tarifs se répercutent sur les cours des actions, RBC a déclaré que ces dernières pourraient générer des gains à un chiffre ou même à deux chiffres si les taux d’intérêt et l’inflation restaient faibles.

Richardson GMP a noté à la fin de décembre que le S&P 500 était négocié à une valorisation inférieure à 15 fois le ratio cours/bénéfice. Il est maintenant 19 fois plus proche, abaissant d’autant les attentes de rendement.

Le rapport indique qu’il y a deux manières de mettre fin au « combo magique ». Alors que la faiblesse des données économiques a fait monter les cours des obligations et amené les banquiers centraux à s’éloigner des hausses de taux, les marchés des actions ont réagi aux effets de la politique tout en ignorant les données. Éventuellement, il y aura un tournant et les actions réagiront à l’économie.

« Les mauvaises nouvelles économiques peuvent être bonnes pour les marchés pendant un certain temps, après quoi elles deviendront négatives. Cela peut arriver sans préavis et sans déclencheur apparent », peut-on lire dans le rapport Richardson GMP.

Si cela se produisait, les actions abandonneraient leurs gains du premier semestre et les rendements obligataires chuteraient encore plus, ajoute le rapport.

Le scénario le plus positif serait l’amélioration des données économiques, qui se traduirait par une forte reprise des marchés d’actions puisque les rendements obligataires sont très faibles.

Pondération du portefeuille

RBC a déclaré qu’elle avait réduit sa surpondération dans les actions de 0,5 %, en ajoutant qu’elle réduisait encore le risque de ses portefeuilles à mesure que le cycle économique se développe.

Outre les incertitudes sur les échanges, le rapport sur les perspectives mentionnait des signaux de fin de cycle, notamment un faible taux de chômage et une courbe de rendement inversée. Le risque de récession étant jugé plus élevé, des mesures visant à réduire le risque des portefeuilles ont ainsi été justifés.

La société a transféré le produit des actions sur les liquidités plutôt que sur les obligations en raison du risque d’évaluation des titres à revenu fixe et des faibles rendements des obligations souveraines (le Japon et l’Allemagne sont en territoire négatif et les rendements des obligations américaines sont 100 points de base en deçà de leur sommet de 2018).

« La menace sur les prix des obligations souveraines provient du potentiel d’augmentation significative des taux d’intérêt réels. Nos modèles supposent que les taux d’intérêt réels atteindront inévitablement leur moyenne à long terme, ce qui constituera un obstacle pour les prix des obligations et pourrait engendrer des rendements totaux faibles, voire négatifs, des titres à revenu fixe pendant une très longue période », indique le rapport.

Prévisions de croissance et de taux d’intérêt

RBC a relevé ses prévisions de croissance mondiale à 3,5 % pour 2019 et 2020. La Financière Banque Nationale (FBN), dans son rapport économique mensuel, prévoit une croissance du PIB mondial de 3,3 % cette année et de 3,5 % en 2020.

Les prévisions de la FBN concernant une croissance de 1,4 % cette année et de 1,8 % en 2020 au Canada sont inchangées, tout comme les prévisions de croissance aux États-Unis de 2,5 % cette année et de 1,9% en 2020.

RBC prévoit une croissance de 1,25 % pour le Canada cette année et de 1,5 % en 2020, comparativement à une croissance de 2,5 % cette année aux États-Unis et de 2,0 % en 2020.

La FBN s’attend à ce que le taux cible de la Réserve fédérale baisse de 50 points de base cette année et reste inchangé en 2020. « Une croissance saine du PIB américain n’exclut pas les réductions de taux d’intérêt », indique le rapport, soulignant l’incertitude des échanges et la possibilité d’une réduction préventive.

La Banque du Canada tiendra cette année et augmentera son taux à 2 % en 2020, selon le rapport de la NBF.

L’hypothèse de base de RBC est que le scénario ne prévoit aucune modification des taux directeurs dans les principaux marchés développés au cours de la prochaine année.