CELI et REER: profiter du cycle de vie du client

Ainsi, règle générale, un client devrait privilégier le CELI lorsque son taux d’imposition implicite, lequel tient compte des mesures sociofiscales, est bas. Lorsque ce taux est haut, il devrait miser sur le REER.

Or, rien n’empêche un client d’épargner dans un CELI d’abord, d’attendre que son taux implicite augmente, puis de transférer son épargne vers le REER à un moment dans sa vie où cette transaction lui permettra de maximiser son remboursement d’impôt.

« Le meilleur scénario est de contribuer à son REER lorsqu’on gagne 85 000 $ et plus et de retirer l’argent du REER lorsqu’on gagne beaucoup moins, note Stéphane Leblanc, fiscaliste chez Ernst & Young à Montréal. L’impôt qu’on va payer sur le retrait du REER dans 20 ans peut être moindre que la déduction qu’on a reçu si notre revenu à la retraite est moins important. »

« Donc, si je suis en progression dans ma carrière et que je sais que les 85 000 $ s’en viennent, je vais attendre pour maximiser la déduction REER. En attendant, je vais épargner dans mon CELI et le jour où je vais attendre les 85 000 $, je vais maximiser ma contribution REER », ajoute-t-il.

Le client pourra, selon ses besoins, cotiser de nouveau la somme retirée de son CELI le premier janvier de l’année suivante.

Exemple

Le conseiller Fabien Major expose le cas d’un couple de médecins en début de carrière, parents de deux enfants, dont les revenus s’établissent à 50 000 $ chacun pour le moment, mais passeront à quelque 200 000 $ chacun dans trois ans.

« Ils peuvent cotiser à leur CELI, et, dans trois ans, flanquer 25 000 $ chacun dans leur REER. Ils se retrouveront alors avec environ 10 000 $ d’économie d’impôt chacun. Ils peuvent par la suite retourner 5000 $ chacun dans un nouveau CELI l’année suivante et mettre la différence dans un régime enregistré d’épargne-études et profiter des subventions gouvernementales de 30 % », explique le président de Major Gestion privée.

Ces opérations permettent aux clients de dégager, dans l’immédiat, au total 23 000 $ de liquidité pour le couple, soit 10 000 $ dans les CELI et 13 000 $ dans les REEE. Ce dernier montant se décline en 10 000 $ de cotisation, plus 3000 $ en subventions.

Flexibilité

Avant d’adopter à cette stratégie, il importe de vérifier les projets du client, selon Stéphane Leblanc.

« Les jeunes devraient commencer avec le CELI. C’est plus flexible. Le jeune professionnel de 25 ou 30 ans, il n’est pas certain s’il n’aura pas besoin de son capital pour acheter une nouvelle auto ou pour sa maison. Il est mieux de profiter de la souplesse du CELI », dit Stéphane Leblanc, qui souligne que le REER devrait servir principalement pour financer la retraite.

En effet, si un client devait retirer des sommes de son REER avant la retraite, celui-ci perdrait le droit de cotiser de nouveau ce montant, ce qui limite sa capacité de profiter de l’abri fiscal par la suite.

La précarité d’emploi du client, l’instabilité de son couple ou le risque du décès soudain d’un proche peuvent également faire déraper son plan financier, mentionne Fabien Major.

« Le REER, lorsqu’on a un revers de fortune, il est difficile à sortir. Quand on n’est pas sûr de sa situation, le CELI est toujours une bonne solution quitte à faire le virement plus tard dans le REER », note Fabien Major.