Finance et Investissement (FI) : Selon vous, comment un conseiller en placement pourrait-il utiliser un fonds négocié en Bourse (FNB) de répartition d’actif ou d’allocation d’actif cible?

Étienne Joncas-Bouchard (EJB) : C’est une question que est régulièrement soulevée ces derniers temps. La raison en est plutôt simple, on a beaucoup parlé de volatilité ces dernières années – donc 2022, 2023, même je dirais que depuis 2020 on a des années assez spéciales. il apprt qu’avec ces produits, on est capable de diversifier un portefeuille en ayant une répartition cible, une répartition tactique.

Ce ne sont pas tous les conseillers qui veulent faire cet exercice par eux-mêmes. Déjà, d’avoir la responsabilité d’offrir d’autres services aux clients comme la planification, la fiscalité dans plusieurs cas, c’est beaucoup. La répartition d’actifs peut être un ajout supplémentaire non nécessaire. D’autant qu’une firme comme Fidelity peut offrir ce service aux conseillers et indirectement, aux investisseurs.

Cela peut faciliter la tâche de façon administrative, mais également, ça peut augmenter le rendement potentiel. Le fait de pouvoir compter sur des rééquilibrages systématiques, de ne pas avoir à penser qu’à telle date, il faut le faire, ou lorsque l’on atteint des paramètres ou des déviations maximales, c’est pratique. On retourne alors vers une position neutre qui, à long terme, fait plus de sens en matière de rendement, mais aussi en ce qui a trait à la gestion du risque.

Dans la direction où s’en va l’industrie, donc de mieux connaître les investisseurs et les produits (KYP et KYC), ce sont des choses de plus en plus importantes pour les courtiers. Avoir des produits qui ont des allocations cibles permet de simplifier la tâche, mais aussi de rendre service aux investisseurs.

Ça permet d’avoir non seulement accès à du revenu fixe et aux actions, mais on y retrouve aussi des produits alternatifs et même des commodités. Bref, il y a plusieurs composantes. Même les cryptomonnaies, jusqu’à un certain point, sont intégrées dans certains des portefeuilles pour offrir un produit diversifié et simple à utiliser.

FI : Pour quelles raisons les FNB de répartition d’actif de Fidelity contiennent-ils une part de cryptoactifs?

EJB : Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, c’est une nouvelle classe d’actifs. Cela fait plus ou moins dix ans qu’elle fait partie du portrait et, chez Fidelity, ça fait environ vingt ans qu’on fait de la recherche sur les cryptomonnaies. On a un département à Boston qui s’appelle Fidelity Digital Assets. Il est dédié à comprendre comment ces devises fonctionnent, comment on peut les intégrer dans les portefeuilles et quel sera leur rôle dans les services financiers et dans d’autres applications dans le futur.

Il y a deux raisons principales pour lesquelles on les a intégrées. D’abord, on croit à son utilité dans le futur, notamment en sécurité numérique.

Deuxièmement, si on utilise les données historiques (même si ces données ne sont pas garantes du futur), malgré l’extrême volatilité de cette classe d’actifs qui est environ dix fois celle des actions, si on ajoute une petite portion de 1-3% dans les portefeuilles – nous on a fait une évaluation dans un portefeuille 60 % actions 40 % revenu fixe – on est capable d’augmenter ce qu’on appelle le ratio Sharpe, donc le rendement ajusté pour le risque.

Dès qu’on dépasse le 3 %, malheureusement, la volatilité prend le dessus et on n’ajoute plus de rendement ajusté pour le risque au portefeuille. Ainsi, le faire de façon contrôlée peut être bénéfique. Mais il faut vraiment comprendre et respecter la volatilité de cette classe d’actifs parce que, si on en a trop dans le portefeuille, cela pourrait détruire le rendement d’autres solutions qui font leur travail.

FI : Quels sont les principaux avantages des FNB de répartition d’actif pour les investisseurs et les conseillers?

EJB : Le principal avantage, c’est la simplicité.

On veut quand même essayer d’offrir quelque chose qui procure une diversification complète, sans être obligés d’aller bonifier avec d’autres pièces satellites et sous-jacentes. Dans les portefeuilles de répartition d’actifs en FNB de Fidelity, vous détenez 2000 à 2600 titres d’actifs sous-jacents. Je pense que tout investisseur dirait que c’est une diversification adéquate, même si des portefeuilles chez d’autres firmes vont détenir jusqu’à 20 000 titres, ce qui correspond à pas mal tout ce qui est disponible. Peut-être qu’il y a un juste milieu, mais le point important c’est que ces produits offrent la simplicité à un coût abordable. Ils permettent de bâtir un cœur de portefeuille qui va naviguer dans les différents cycles (début de cycle, milieu de cycle, fin de cycle, récession). Il y a des FNB et des fonds sous-jacents qui sont là pour tout type de scénarios. Après ça, à long terme, on peut adapter les portefeuilles avec des compléments si on voit une nécessité.

Mais en grande majorité, ça nous offre une diversification adéquate aux marchés financiers mondiaux.

Les opinions exprimées sont celles d’Étienne Joncas-Bouchard, Stratège, FNB, Fidelity Canada en date du 13 novembre 2023, et elles peuvent changer selon la situation des marchés et d’autres conditions.