Toujours autant d'étudiants en finance

«Nous sommes en train de terminer ce portrait et nous travaillons avec Conseil Emploi Métropole qui effectue un diagnostic des besoins en main-d’oeuvre dans les secteurs de la finance et de l’assurance», poursuit-il.

Certes, ces étudiants ne deviendront pas tous conseillers en sécurité financière ou en épargne collective, ou planificateurs financiers. Cependant, ils représentent un bassin de main-d’oeuvre non négligeable pour l’industrie financière québécoise.

À l’heure où l’industrie s’interroge sur le manque de relève potentielle, le rapport montre que «le pourcentage d’étudiants inscrits en finance au Québec est proportionnel au poids démographique de cette province dans l’ensemble canadien.»

Par ailleurs, «depuis 2001, les inscriptions aux programmes de baccalauréat en finance ont connu une croissance constante (2 300 inscrits en 2001, 4 200 inscrits en 2011)». Alors que les inscriptions dans les autres programmes d’études seraient plutôt stables.

Il semble que «le baccalauréat en finance demeure ainsi de loin la voie principale de formation en finance (57,6 %), alors que les certificats de 1er cycle arrivent en deuxième place (17,66 %).

Autre constat, beaucoup d’étudiants étrangers sont inscrits en finance (lire l’article en p. 37). «Nous avons un bassin de talents qui est alimenté et nous en sommes heureux. Bon an, mal an, nous comptons plus de 8 000 étudiants en finance», assure Annie Tremblay, directrice de projet, Finance Montréal.

Des secteurs en demande

Le rapport cible également des secteurs plus critiques. Finance Montréal en relève deux : la modélisation financière et les technologies appliquées à la finance.

«En ce qui concerne la modélisation financière, il s’agit de 200 à 500 personnes qui ont des métiers très spécifiques. Dans le cas des technologies appliquées à la finance, on sait que ce n’est pas naturel pour le secteur des technologies de travailler dans le secteur financier. C’est moins populaire, mais il y a tant à faire», affirme Éric Lemieux.

«Au cours des dernières années, les universités se sont beaucoup rapprochées du monde de la finance pour vérifier que les formations répondent aux besoins de l’industrie. Nous décernons des diplômes d’études supérieures spécialisées (DESS), notamment en instruments financiers et en produits dérivés», précise Stéphane Pallage, doyen de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG-UQAM).

Si le secteur financier est de plus en plus exigeant et demande de plus en plus d’aptitudes, Stéphane Pallage ne pense pas pour autant que les formations proposées soient trop spécialisées.

Un meilleur arrimage

Si un nombre d’étudiants en croissance suit la courbe démographique et que des formations pertinentes sont reliées à l’industrie, le manque de relève est-il si criant ?

«Je ne crois pas que la situation sera dramatique en matière de relève, étant donné que nous formons un nombre considérable d’étudiants. Je ne crois pas qu’il y aura une cassure importante. En revanche, ce qui serait sage serait d’intégrer les jeunes progressivement dans l’industrie financière pour qu’il puissent profiter de l’expérience des conseillers séniors», analyse Stéphane Pallage.

Pour Maher Kooli, professeur et titulaire de la Chaire Caisse de dépôt et placement du Québec en gestion de portefeuilles, à l’ESG-UQAM, «nous n’avons pas encore un niveau d’arrimage optimal entre la formation universitaire et les employeurs.»

«Les employeurs pourraient frapper aux portes des universités, communiquer avec les centres de placement et de gestion de carrière des universités. Il faudrait qu’ils aient le réflexe de se tourner vers nous», dit Maher Kooli.

De plus en plus d’entreprises commencent à proposer des stages qui visent les étudiants, et donc une relève potentielle.

Finance Montréal estime également qu’il faut développer une meilleure adéquation avec l’industrie et a décidé de mettre en place le Centre d’excellence en finance du Québec. «Ce nouvel organisme verra le jour d’ici les prochains mois. Aucun cours n’y sera donné, mais nous voulons animer la concertation», explique Éric Lemieux.

Le centre ciblera cinq points particuliers :

– L’adéquation parfaite de la formation continue ;

– La formation diplômante par rapport aux besoins de l’industrie ;

– La mise en valeur des formations de pointe à l’international ;

– L’organisation d’un programme de stages entre industrie et étudiants. «Nous avons déjà eu 37 stages pendant la première moitié de l’année. Au cours des trois prochains mois, nous en aurons 17. Notre objectif est d’en proposer une centaine par an», affirme Éric Lemieux.

– L’animation du carrefour des ressources humaines, un carrefour virtuel sur le nouveau site Internet de Finance Montréal.

Par ailleurs, Finance Montréal souhaite ajouter un site agrégateur pour les offres d’emploi en 2015.

«Il y a eu une croissance des emplois de 10,7 %, soit 15 000 nouveaux emplois durant les 10 dernières années. Notre secteur est en croissance, et dans ce sens, la relève n’est pas un enjeu. Cela représente bien sûr des défis pour les conseillers. Il faut plutôt trouver la bonne combinaison, avec les bonnes personnes, mais cela n’est pas lié au fait qu’il y a une pénurie dans l’industrie», estime Éric Lemieux.

1. «Portrait de la population étudiante dans les programmes d’études universitaires en finance au Québec», étude réalisée pour le Comité-Concertation du Chantier RH de Finance Montréal, Services de planification académique et de recherche institutionnelle, Université du Québec à Montréal, juillet 2012.