Rémunération : la confusion règne chez des clients
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«Seulement 16 % répondent « Oui, mon conseiller en services financiers tire sa rémunération des commissions de suivi », alors que l’on sait qu’une partie substantielle du marché du placement utilise les fonds communs», remarque Hugh Murphy, directeur général de Credo Consulting, de Mississauga, en Ontario.

Un pourcentage significatif (23 %) des investisseurs canadiens va jusqu’à dire qu’on ne lui facture rien du tout pour les services financiers professionnels qu’ils reçoivent. Au Québec, ce pourcentage atteint même 39 % des répondants.

Ces résultats sont tirés de la dernière édition du sondage pancanadien mené auprès des consommateurs par Credo en partenariat avec le Groupe Finance, de TC Media, qui publie Finance et Investissement.

Cette édition servira d’étude comparative initiale de l’opinion des investisseurs concernant les frais de placement, les services et la valeur apportée par les conseillers en services financiers, avant que les relevés requis en vertu de la deuxième phase du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2) ne soient envoyés aux clients. Les Canadiens seront sondés tout au long de 2017 pour déterminer si leurs opinions changent après la réception de ces relevés qui révéleront en dollars ce qu’ils paient pour leurs valeurs mobilières.

Si les conseillers croient que leurs clients ignorent la manière dont ils sont rémunérés, ils ont besoin de rencontrer les clients et de le leur expliquer clairement, affirme Rob Kochel, vice-président de la filiale de conseil d’Invesco Canada, de Toronto.

Des frais inattendus et inexpliqués seraient la première raison pour laquelle les investisseurs canadiens perdraient confiance en leur conseiller, selon Rob Kochel, qui cite la recherche d’Invesco sur les attentes des investisseurs.

Le degré de confiance des Canadiens dans leur conseiller est un autre élément clé de la Zone de confort financier. Lorsqu’on a demandé aux investisseurs de qualifier leur conseiller, 45 % des participants au sondage ont répondu «digne de confiance», et 44 %, «honnête».

Hugh Murphy étudiera les éventuels changements de perception des investisseurs concernant la fiabilité et l’honnêteté de leur conseiller après l’application du MRCC 2.

«Je pense que [l’opinion des investisseurs] pourrait être [moins positive] s’ils se sentent délaissés, dit Hugh Murphy. Si les conseillers communiquent efficacement sur les questions liées au MRCC 2, il est possible que les investisseurs ne changent pas d’opinion concernant ces qualités des conseillers.»

On a également demandé aux investisseurs de qualifier la valeur apportée par les services du conseiller. Moins d’un quart (21,4 %) des participants au sondage ont qualifié d’«excellente valeur» les conseils financiers qu’ils reçoivent, et plus de la moitié (57,5 %), de «bonne valeur».

Moins d’un cinquième (16 %) considèrent qu’ils reçoivent une «juste valeur», et 5,2 % se demandent même pourquoi ils paient pour les services de leur conseiller. Hugh Murphy considère que les clients de ces deux dernières catégories sont situés dans une «zone de changement» dans laquelle il existe une forte possibilité qu’ils soient tentés de changer de conseiller.

Sara Gilbert, fondatrice de Strategist(e) Développement des affaires, pousse plus loin la qualification de la «zone de changement». Ceux qui disent que leur conseiller leur apporte une juste valeur ou ne vaut pas les frais qu’ils paient changeront certainement de conseiller dès qu’ils recevront les relevés requis par le MRCC 2, affirme-t-elle. Et ceux qui qualifient les services de leur conseiller de bonne valeur sont ouverts à communiquer avec d’autres conseillers.

«Cela signifie qu’il suffit qu’un autre conseiller montre que ses services offrent davantage de valeur pour qu’il soit possible que les investisseurs changent de conseiller.»

L’étude de Credo fournit aux conseillers un aperçu de ce que les investisseurs seront disposés à payer pour le travail des conseillers. On a demandé aux participants au sondage de diviser un montant fictif de 100 $ entre divers services en fonction de l’importance qu’ils accordent à chaque service.

La gestion du placement est arrivée en tête, les investisseurs lui accordant en moyenne 39,80 $, suivie par la planification de la retraite, qui a reçu en moyenne 22,10 $.

Les autres services suivaient loin derrière avec une importance moindre, alors que les investisseurs accordaient moins de 8 $ à l’information et l’éducation, la planification fiscale, la budgétisation, la planification des dépenses importantes, la planification successorale, la couverture d’assurance, le financement de la formation, les soins aux personnes âgées, et les dons de bienfaisance.

La popularité de la planification de la retraite n’est pas surprenante, selon Sara Gilbert, qui l’attribue à une population considérable de baby-boomers. «Les baby-boomers voient arriver la retraite dans quelques années, ils voient leurs parents [à cette étape de la vie], et certains de ces parents ont des difficultés à payer ce dont ils ont besoin», dit Sara Gilbert.

Alors que les baby-boomers commencent à entrer dans une phase de décaissement de leur capital, il faut s’attendre à une augmentation de l’importance de la planification fiscale à mesure que les clients se demanderont si les conseillers pourront les aider à retirer leurs fonds de retraite d’une manière fiscalement avantageuse, affirme Rob Kochel.

«Je pense que la fiscalité va devenir un point plus important pour quantifier et qualifier la valeur apportée par un conseiller», ajoute-t-il.

L’étude en ligne sur la Zone de confort financier a sondé plus de 14 000 Canadiens. Le sondage vise à explorer les relations entre le conseil financier, le bien-être financier et la satisfaction globale de la vie dans la société canadienne. Les Canadiens sont sondés tous les mois, et le nombre de personnes sondées augmentera chaque mois.