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Le porte-parole libéral en matière de finances, Carlos Leitao, est même allé jusqu’à évoquer le spectre d’une récession, en demandant, mardi, que l’on opte pour la carte de la prudence avec les finances publiques.

« La menace est sérieuse parce que l’économie québécoise (…) dépend de sa capacité à exporter, a rappelé l’ex-grand argentier de la province, en point de presse. Notre marché intérieur est relativement petit. »

Ainsi, le portrait pourrait rapidement se détériorer en raison de facteurs comme les tensions commerciales sino-américaines ainsi que la croissance économique américaine, qui est principalement alimentée par les dépenses de consommation, selon l’ancien économiste en chef de la Banque Laurentienne.

Un ralentissement économique viendrait peser sur les revenus autonomes de l’État, a souligné M. Leitao, qui a reproché au gouvernement Legault d’être trop dépensier.

Cela survient alors qu’il y a un « éléphant dans la pièce », soit la renégociation de conventions collectives dans le secteur public, a affirmé le député libéral. Selon lui, cela pourrait venir ajouter jusqu’à 5 milliards de dollars (G$) aux dépenses de l’État.

« Il va falloir qu’à un certain moment, les dépenses de programmes (suivent la trajectoire de) nos revenus autonomes, sinon il va y avoir de sérieux problèmes », a dit M. Leitao.

Selon le leader parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, il n’y a pas un « surplus de dépenses » au Québec. Celui-ci croit toutefois qu’il ne faut pas se laisser « trop emporter » par la performance économique de la province.

« Il faut garder en tête que l’économie, ça fluctue, ça peut ralentir », a souligné M. Nadeau-Dubois, en mêlée de presse.

De son côté, le député péquiste Sylvain Gaudreault n’est pas allé jusqu’à dire que le gouvernement Legault dépensait trop, demandant au passage des mesures afin de stimuler les investissements privés ainsi que la création d’emplois dans les régions.

Des avertissements

Le ministre des Finances, Eric Girard, dévoilera sa mise à jour économique alors que le rythme de croissance du produit intérieur brut de la province est de 3,4 % depuis le début de l’année. En comparaison, la moyenne dans le reste du pays n’est que de 1,5 %.

Selon le plus récent rapport mensuel des opérations financières du gouvernement, au terme des trois premiers mois de l’exercice financier en cours, d’avril à juin, les coffres de l’État affichaient un surplus de 824 M$, ce qui tient compte d’un versement de 694 M$ au Fonds des générations.

Néanmoins, dans une étude publiée lundi, l’économiste Matthieu Arseneau, de la Banque Nationale, a été le plus récent expert à mettre en garde le gouvernement Legault que « l’élan impressionnant de l’économie » québécoise pourrait finir par s’estomper.

« Plusieurs signes suggèrent que l’économie du Québec opère au-delà de sa capacité, notamment le taux de chômage à un creux record, la hausse des emplois vacants et l’accélération des salaires », écrit-il.

Ainsi, si la mise à jour économique devrait indiquer que la conjoncture est meilleure que prévu, M. Arseneau prévient que les facteurs à l’origine de cette situation sont temporaires et que Québec ne devrait pas trop délier les cordons de la bourse « avec de nouveaux engagements aux effets récurrents ».

L’économiste rappelle également qu’au cours de l’été, la Chaire de recherche en fiscalité et finances publiques de l’Université de Sherbrooke avait prédit, dans un rapport, un retour des déficits budgétaires structurels dès cette année.