Deux mains dessinées tenant une forêt dans les mains
incomible / 123rf

Le Fonds de solidarité FTQ, qui gère un actif net de 18,3 milliards de dollars (G$), veut que la part de son portefeuille liée au développement durable atteigne les 12 G$ d’ici cinq ans.

La présidente et cheffe de la direction du fonds de travailleurs, Janie Béïque, a dévoilé cet objectif dans le cadre d’une allocution organisée par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mercredi.

« Quand on a dit qu’on allait à 12 G$, ils [les employés du Fonds] ont eu un petit vertige. On lève un G$ par année. Ça veut dire qu’on va prendre des dollars qui sont placés et qu’on va réfléchir comment faire en sorte de contribuer encore plus au développement durable. »

La manière dont le Fonds de solidarité s’y prendra pour atteindre cette cible n’a pas encore été déterminée, a précisé Janie Béïque lors d’un point de presse en marge de son allocution. Elle a toutefois insisté pour dire qu’il s’agissait d’un objectif « ambitieux » pour l’organisation.

« Le chemin pour s’y rendre n’est pas déterminé, mais dans cinq ans, on va se revoir ici avec tout ce qu’on a fait pour faire bouger l’aiguille. Je veux vraiment qu’il y ait quelque chose derrière ça. »

La stratégie devra cependant aller au-delà de la simple analyse des émissions de carbone. « Demain matin, je pourrais vendre toutes mes actions de Transat et dire que j’ai réduit l’empreinte carbone du fonds, donne-t-elle en contre-exemple. L’approche du fonds, c’est [plutôt] de dire que tu as un modèle d’affaires, comment on peut t’aider à le faire évoluer ? C’est vraiment ça, c’est le nombre d’entreprises dont on va permettre de faire évoluer le modèle d’affaires. »

Inquiétudes pour les retraites

La dirigeante a également profité de sa tribune pour s’inquiéter du manque de préparation des Québécois à la retraite. « Honnêtement, je pense qu’on sous-estime à quel point on créé des retraités qui sont pauvres au Québec. »

Il s’agit d’un enjeu de société, plutôt que la seule responsabilité individuelle des épargnants, selon elle. « C’est facile à court terme de dire que tu mets sur l’épaule des gens la responsabilité d’épargner, mais dans dix ans, dans quinze ans, on va avoir un plus gros problème. »

Le fonds veut convaincre 100 000 personnes sans régime de retraite ou avec un salaire de moins de 55 000 $ de contribuer au Fonds de solidarité FTQ d’ici cinq ans.

L’objectif est « ambitieux » tandis que le fonds de travailleurs doit refuser des cotisants, car la taille des fonds qu’il peut lever est limitée. Une partie indéterminée de ce bassin de 100 000 personnes viendra de l’espace libéré par les actionnaires retraités qui décaisseront leurs fonds, a-t-elle expliqué.

La lutte à la violence conjugale

Au cours d’un échange sur scène avec l’ancien président de Radio-Canada Hubert Lacroix, Janie Béïque a livré un témoignage émouvant quand on lui a demandé pourquoi elle avait mobilisé le Fonds de solidarité FTQ pour combattre la violence conjugale.

Sans entrer dans les détails, elle a dit comprendre l’effet de la violence verbale sur les personnes qui la subissent. Un trémolo dans la voix, elle a raconté le moment où elle est venue en aide à une proche victime de violence conjugale.

« J’ai vu ce que c’était de retourner dans une maison saccagée parce qu’il y avait de la violence en se demandant: « le gars es-tu là, y’es-tu pas là? » De ramasser rapidement dans un sac la vie d’une personne. Tout ce que tu [la victime] vis pour te reconstruire. »

Quand elle visite une région pour rencontrer des entrepreneurs, Janie Béïque s’assure de visiter les organismes aidant les victimes de violence conjugale de la région « pour essayer de comprendre ce dont ils ont besoin ».

« Souvent on a l’impression qu’envoyer un chèque, ça fait la job, les organismes ont des besoins au-delà de ça.

« Les femmes n’ont juste pas les moyens d’être capables de se reloger, ajoute-t-elle. Elles n’ont pas les moyens de payer leur épicerie. Oui, il manque de places, mais il va falloir que l’on construise des logements pour que ces femmes puissent ne pas retourner dans leur milieu et avoir un endroit où elles sont capables de vivre, qui est abordable pour elles. »