Vous n’entendrez pas Tye Bousada, cofondateur et gestionnaire de portefeuille chez Gestion de patrimoine EdgePoint, se plaindre de la volatilité du marché boursier.

« La volatilité est l’alliée de l’investisseur qui connaît la valeur d’une entreprise et l’ennemie de l’investisseur qui ne la connaît pas, dit-il. Près de 100 % du rendement de l’exercice financier de 2016 pour le Portefeuille mondial EdgePoint a été réalisé depuis le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et près de 70 % depuis l’élection américaine. »

Ce mandat passe-partout, qui détient une trentaine d’actions en majorité américaines, affiche une cote Morningstar de 5 étoiles, et une cote des analystes Argent. M. Bousada signale que le processus de placement repose sur une approche d’équipe, mentionnant ses collègues Geoff MacDonald, Ted Chisholm, Frank Mullen et Andrew Pastor. MM. Bousada et MacDonald avaient remporté le Prix Morningstar du Meilleur gestionnaire d’actions étrangères de l’année en 2014. Par la suite, EdgePoint avait été choisie par les analystes et reçu le Prix Morningstar de la Meilleure gérance de l’année 2015.

Au cours des six derniers mois, les liquidités en portefeuille sont passées d’environ 2 % avant l’élection du président Donald Trump le 8 novembre à 14 % à l’heure actuelle. Cette hausse résulte de la vente des titres qui ont été performants et grâce aux nouvelles entrées d’argent dans le portefeuille.

Parmi les récents gagnants, on compte JPMorgan Chase, un exemple de « volatilité haussière » après la reprise de certaines compagnies financières américaines. JPMorgan, en portefeuille depuis la fin de 2009, a été élaguée à un peu moins de 1 % des actifs du fonds.

La manière dont l’équipe tire profit de la baisse de la volatilité est illustrée entre autres par sa réaction à l’effondrement des actions de la compagnie de services financiers Wells Fargo & Co. causé par un scandale en septembre 2016, à la suite de révélations selon lesquelles elle aurait ouvert des comptes fictifs. EdgePoint a augmenté sa participation à ce titre qu’elle détient depuis 2009, faisant d’elle son principal avoir en portefeuille.

« À la mi-octobre, dit M. Bousada, la compagnie a nommé au poste de chef de la direction Tim Sloan, un employé de longue date qui portera bien selon nous le flambeau de la firme à l’avenir. Notre thèse selon laquelle Wells Fargo est une grande banque qui peut croître plus vite que l’économie américaine demeure inchangée. »

M. Bousada dit que la philosophie de placement et le succès professionnel des gestionnaires de EdgePoint reposent sur deux facteurs essentiels : la manière dont ils envisagent le risque et la manière dont ils envisagent la croissance. M. Bousada définit le « risque réel » comme une perte permanente de capital, et non de volatilité boursière.

Les gestionnaires examinent le risque du point de vue de la croissance des revenus de la compagnie, de la contraction des marges bénéficiaires, de la baisse des barrières à l’entrée, du risque posé par la relève des gestionnaires et d’une multitude d’autres facteurs. Une « énorme » quantité de faits est incorporée dans le processus de recherche, notamment un temps considérable consacré à la direction des compagnies.

EdgePoint aborde aussi le risque de manière personnelle. Les 59 partenaires de la firme établie à Toronto ont un commun intérêt à faire fructifier les 160 millions de dollars (M$) de leur propre argent investi dans les portefeuilles. « Lorsque nous investissons dans une entreprise, dit M. Bousada, cette entreprise sert littéralement à nourrir, loger et habiller notre famille. »

Dans le cadre de leurs recherches ascendantes d’entreprises, « nous ne prêtons aucune attention aux secteurs », dit M. Bousada. Par exemple, parmi les avoirs du fonds, il y a Generac Holdings et Aena SA, qui appartiennent toutes les deux au secteur des valeurs industrielles représentant actuellement environ 32 % du portefeuille.

On ne saurait trouver entreprises plus différentes que ces deux-là, dit M. Bousada. La compagnie américaine Generac se spécialise dans les génératrices électriques sur les marchés du détail, commercial et de la construction. « Aux États-Unis, dit-il, 3 % des maisons possèdent une alimentation électrique de secours. Generac possède une part de marché de 70 % sur ces 3 % de maisons ». Chaque pourcentage supplémentaire du taux de pénétration représente une occasion de 2 milliards $, selon M. Bousada. « C’est un marché très sous-exploité et cette compagnie a une position dominante. »

Sur le marché commercial, Generac fabrique des systèmes d’alimentation de secours pour les grands magasins et les supermarchés. « Si son segment résidentiel n’augmente que de 3 % et que son segment industriel n’augmente que de 4 % par an, et que ses multiples ne changent pas, dit M. Bousada, nous devrions voir d’excellents rendements à deux chiffres. »

Aena, achetée il y a un an, gère des aéroports et héliports propriétés d’État en Espagne. M. Bousada précise que l’Espagne a traversé une récession assez importante et a dû collecter des fonds; l’un des meilleurs actifs qu’elle avait à vendre était Aena, donc le gouvernement s’est défait de 49 % de la compagnie. « L’économie espagnole est mal en point, dit M. Bousada, mais la situation semble s’améliorer. » À mesure que les résidents locaux se mettent à voyager un peu plus en Espagne, « nous pensons que la clientèle de passagers peut croître. Si la compagnie peut faire croître son segment des passagers à environ 3-4 % par an, elle pourra ensuite continuer à générer un rendement à deux chiffres, ce qui est réjouissant. »

Bien que la pondération géographique du fonds soit en majorité concentrée sur les États-Unis (72 %), l’emplacement du siège social d’une entreprise peut être trompeur, dit M. Bousada. « De nombreuses entreprises que nous détenons aux États-Unis ont des activités mondiales. Par exemple, nous investissons dans une société appelée WABCO Holdings, qui fabrique des pièces pour les gros camions, des freins par exemple. Les deux tiers de ses activités sont localisées en Europe, et pourtant la compagnie est qualifiée d’entreprise américaine. »