Un couple de personnes âgées avec une calculatrice et des feuilles.
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La retraite n’est pas sans implication financière. Alors que la saison des impôts est à nos portes, il serait bon de rappeler certaines pratiques à vos clients pour vous assurer qu’ils toucheront bien tous les crédits d’impôt auxquels ils ont droit.

Des prestations supplémentaires

Cette année en raison de la pandémie, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures exceptionnelles pour venir en aide aux personnes âgées.

Tout d’abord, en 2020, le gouvernement a réduit les retraits minimaux du FERR dans le cadre de ses mesures économiques de soutien.

« Cela fait en sorte que le retrait imposable de certains aînés risque d’être plus bas cette année, explique Josée Cabral, spécialiste supérieure de l’impôt à H&R Block en entrevue avec Finance et Investissement. Grâce à cela, certains pourraient être éligibles à des crédits auxquels ils n’avaient pas droit auparavant. »

Les personnes âgées ont aussi pu bénéficier cette année de quelques prestations supplémentaires ponctuelles pour couvrir les dépenses encourues à la suite des mesures de confinement, soit 300 $ pour les aînés et 200 $ supplémentaires pour ceux ayant droit au supplément de revenu garanti.

Ces deux aides n’impacteront toutefois pas leurs impôts puisque, contrairement à la PCU et les autres aides gouvernementales comparables, elles sont non imposables.

Les retraités ont droit à nombre de prestations. Certaines sont faciles à comprendre, d’autres sont souvent oubliées, note Josée Cabral.

Ne pas négliger la date limite de la déclaration

Avant tout, la spécialiste de l’impôt rappelle qu’il est très important de faire ses impôts à temps pour qu’il n’y ait pas d’interruption dans certaines prestations comme l’allocation de retraite, le crédit de TPS et le crédit pour solidarité.

« Ces crédits sont basés sur le revenu et sont calculés sur la base de la déclaration de revenus, donc celle-ci doit être produite à temps », explique-t-elle.

Cette année, la date limite pour faire sa déclaration de revenus est le 30 avril. L’année passée les personnes âgées avaient jusqu’en octobre pour ce faire, mais « c’était vraiment une exception à cause de la pandémie », souligne Josée Cabral.

Toutefois, pas de panique, les montants de ces prestations sont rétroactifs. Donc en cas de déclaration tardive, les sommes ne seront pas perdues, mais simplement retardées.

Les frais médicaux, les grands oubliés

Nombre de personnes oublieraient de déclarer leurs frais médicaux, selon Josée Cabral. Pourtant, ces frais permettent de réduire passablement la facture fiscale. Il est important de rappeler à votre client que les frais de déplacement dans le but d’obtenir un traitement hors de leur lieu de résidence pourraient aussi être réclamés. Cela peut concerner à la fois des frais de transport et d’hébergement, selon la distance parcourue et de la durée de temps du traitement.

La COVID-19 pourrait avoir fait augmenter la facture médicale de certains clients, notamment dans le cas où ces derniers ont été atteints. Il est donc important de leur rappeler de bien conserver leurs factures.

Josée Cabral ajoute que plusieurs personnes ignorent que leur prime d’assurance est également déductible d’impôt à titre de frais médical.

Calculs et autres prestations

Le Régime des rentes du Québec n’a subi aucune modification malgré la pandémie. Les personnes âgées peuvent ainsi choisir de retirer les montants auxquels ils ont droit à partir de 60 ans, même s’ils travaillent encore. Il demeure toutefois important d’évoquer l’impact de ce retrait, notamment le fait que s’il est fait trop tôt, ce revenu pourrait faire gonfler le revenu annuel total et ainsi, faire augmenter la facture fiscale. De même, il est toujours de mise d’expliquer que le fait de retarder les versements du RRQ bonifie ce dernier.

Pour le REER, les aînés peuvent y cotiser jusqu’à 70 ans pour diminuer leur facture fiscale. Toutefois, l’année de leurs 71 ans, ils ont jusqu’au 31 décembre pour transformer leur compte en FERR ou le gouvernement le fermera.

Pour retirer l’argent de leur FERR, plusieurs solutions sont possibles (annuellement, mensuellement, trimestriellement…). Toutefois, à 71 ans, il est obligatoire de retirer un montant minimum du placement et ce, pour chaque année subséquente. Notons que le retrait minimal requis pour tous les types de fonds enregistrés de revenu de retraite (FERR) a été réduit de 25 % pour l’année 2020. Regardez avec vos clients la meilleure solution pour leur situation.

Le crédit TPS est versé trimestriellement, alors que le crédit pour solidarité est mensuel. Pour les recevoir, le revenu du particulier doit être de moins de 50 000 $ par année. Si le revenu de votre client est près de ce niveau, il pourrait n’avoir le droit qu’à un seul paiement au mois de juillet, précise Josée Cabral.

D’autres solutions pour réduire la facture fiscale

 Le fractionnement de revenu est une autre solution permettant de réduire la facture fiscale.

Il est également possible de transférer le crédit pour personne handicapée. « Si la personne handicapée n’a pas suffisamment de revenus imposables, elle peut transférer le montant non utilisé à son/a conjoint/e », explique la spécialiste de l’impôt.

Pour les personnes qui habitent en résidences, des crédits d’impôt existent pour compenser certains frais, par exemple ceux des préposés au soin. Pour y avoir droit, le contribuable doit soumettre un relevé détaillé des frais personnellement encourus. Cela peut inclure dans certains cas l’entretien ménager, la buanderie, le transport ou les repas. Attention toutefois, un plafond de 10 000 $ de frais pourrait exclure le contribuable de certains crédits, par exemple le crédit pour personne handicapée.

Dans le cas d’une maison de retraite, il n’y a pas de limites pour les frais médicaux, signale Josée Cabral. Cependant, pour les soins à temps plein fournis dans une maison de santé, le crédit pour personne handicapée ne peut pas être réclamé.

Conseils aux snowbirds

Josée Cabral conseille aux personnes âgées qui passent une partie de l’année aux États-Unis de tenir un registre de leur séjour et de ne surtout pas y rester plus de 183 jours. Ils risqueraient ainsi de perdre leur admissibilité à la RAMQ. « Le gouvernement pourrait demander ce registre pour justifier le temps passé à l’extérieur du pays. Les résidents canadiens qui ne peuvent pas fournir les renseignements demandés pourraient perdre leur éligibilité », prévient-elle.

Il est également important de déclarer tout revenu en provenance des États-Unis, comme des intérêts accumulés dans un compte bancaire ou des revenus provenant d’un immeuble locatif. La déclaration doit se faire au moyen du formulaire W-8BEN-E et remis à l’Internal revenue Service (IRS) aux États-Unis.

« Grâce à la convention fiscale entre le Canada et les États-Unis, ce formulaire évite de devoir payer le 30 % d’impôt aux États-Unis sur leur déclaration de revenus », souligne Josée Cabral.

Pas tout seul

Josée Cabral conseille donc aux contribuables de s’y prendre à l’avance pour faire leur déclaration de revenus et de bien organiser leurs documents.

En raison de l’existence de ces nombreux crédits, l’experte recommande aux retraités de ne pas faire leur déclaration de revenus seuls et de se tourner vers des conseillers fiscaux. « Nous avons des formations continues, on est là pour remettre de l’argent dans les poches des clients et justement, maximiser le remboursement », rappelle-t-elle.