Rien n’est changé au début de 2016, alors qu’on se pose des questions sur la Chine ; celle-ci représentait 12 % de la demande mondiale en 2015, mais elle compte aussi pour la majeure partie de la croissance de la demande, poursuit-il. «Cette croissance s’estompera-t-elle ?» s’interroge-t-il.

Rebond violent ?

«Sans compter l’augmentation des exportations iraniennes en 2016. C’est un environnement vraiment négatif pour le pétrole, où il est difficile de voir à court terme comment l’équilibre entre offre et demande se rétablira. Je ne sais pas quand cela se produira. Ce que je sais, par contre, c’est que c’est cyclique, et que si la chute du pétrole s’accélère, cela va précipiter le nombre de fermetures de puits et d’annulations de projets. Le rebond qui suivra immanquablement pourrait être assez violent», continue-t-il.

Les forages auraient diminué de plus de 50 % aux États-Unis en 2015, selon une étude d’AlixPartners de New York. Rappelons que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) projette une croissance de la demande de 1,2 million de barils par jour (Mb/j) en 2016, par rapport à 1,8 Mb/j en 2015.

L’AIE prévoit aussi que le surplus de production quotidien atteindra un pic de 1,7 Mb/j au 2e trimestre de 2016 pour décliner ensuite.

Prix de l’or stable

WhiteCap Resources reste un des principaux titres en portefeuille, avec une pondération de 3,7 % au 31 décembre dernier. Frank Zwarts vante son excellente équipe de direction, qui a fait de bonnes acquisitions.

La société aurait une excellente base d’actif dans des régions du Canada où les puits ont des coûts de production très productifs et assez bas par rapport à ceux de l’industrie. Le bilan est solide et la société verse un dividende depuis 2013 ; il pourrait baisser, reconnaît-il.

Frank Zwarts maintenait une pondération de 24,6 % en titres aurifères au 31 décembre dernier. Il ne voit guère l’or baisser ; son prix devrait osciller dans une fourchette de 1 100 à 1 150 $ US durant l’année.

«Les coûts de production des aurifères canadiennes sont en dollars canadiens, mais elles vendent leur or en dollars américains, ce qui les aide sur le plan des marges», note le portefeuilliste.

«La forte baisse du pétrole avantage certains producteurs qui consomment beaucoup de diesel, en particulier ceux qui mènent des opérations à ciel ouvert qui utilisent de gros camions, comme Agnico Eagle, qui comptait pour 5,1 % du fonds au 31 décembre dernier. Ses projets offrent de bonnes perspectives de croissance. C’est la société la mieux dirigée de l’industrie aurifère», continue-t-il.

Production peu viable

«Pour redresser le marché pétrolier, il faudrait que les marchés cessent d’offrir du financement aux sociétés pétrolières. Cela se produit trop lentement, comme en fait foi la récente émission d’actions de 1,4 G$ de Pioneer Natural Resources (PXD), pour laquelle la demande était deux fois plus forte que le nombre d’actions offertes. Ce n’est pas un signal haussier pour le cours du pétrole que d’ajouter aux dépenses pour en produire plus», raisonne Joe Overdevest, cogestionnaire du Fonds Fidelity Ressources naturelles mondiales.

Il rappelle que 5 % de la production mondiale seulement sont économiquement viables à un prix de 34 $ US le baril.

Joe Overdevest dit ne pas être surpris du temps que cela prend pour que l’offre diminue, eu égard au temps que cela a pris pour amener la production à son niveau actuel. Quant à la stratégie de production accrue de l’Arabie saoudite, il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle change de sitôt.

«Même si les titres pétroliers ont beaucoup baissé, nous aimerions voir un rééquilibrage plus prononcé entre l’offre et la demande de pétrole avant que nous les jugions de nouveau attrayants», concède Joe Overdevest.

Perspectives sombres

«Nous continuons d’avoir une opinion négative sur les matières de base, comme le cuivre, le minerai de fer et le charbon, parce que les données fondamentales de l’offre, de la demande et du dollar américain sont toujours très négatives», juge Darren Lekkerkerker, l’autre cogestionnaire du fonds Fidelity.

En ce qui a trait à la demande, il note que le PIB de la Chine, la plus grande consommatrice de ces matières, ralentit. De plus, la portion de ce PIB liée aux dépenses d’infrastructure chute plus vite encore.

Rappelons qu’en 2015, la Chine représentait 77 % de la demande du charbon thermique, 73 % du minerai de fer, 50 % de l’aluminium, 46 % de l’acier et 45 % du cuivre, selon Macquarie Research. «La demande d’acier est en déclin et continuera de décliner en 2016, ce qui est négatif pour le minerai de fer, le charbon métallurgique et les autres métaux de base», soutient Darren Lekkerkerker.

Quant à l’offre de matières premières, il croit qu’il y a eu trop d’investissements et qu’il faudra plusieurs années avant que la demande puisse absorber le surplus de production.

«Nous continuons à trouver refuge dans des secteurs comme celui des conteneurs et des emballages, des produits forestiers transformés ainsi que celui des produits chimiques, où nous détenons des titres comme le fabricant d’étiquettes CCL Industries ou le fabricant d’emballages Winpak. Nous détenons aussi le titre de Stella Jones, qui produit notamment des poutres de chemin de fer en bois traité et des poteaux destinés aux entreprises de services publics», note Darren Lekkerkerker.

La détention de ces titres explique la bonne performance relative du fonds au cours des deux dernières années, selon lui : «En somme, la raison de la bonne performance du fonds est d’avoir eu et de continuer d’avoir une vue négative des matières premières», conclut-il.

Le vent tourne

Des facteurs qui ont eu une lourde influence sur les matières premières en 2015 devraient s’estomper en 2016. Parmi eux, la hausse de 20 % du dollar américain au cours des années 2014-2015, des sorties de fonds très importantes des marchés émergents et des fonds souverains, et les scandales de corruption en Chine qui ont interrompu les investissements dans ce pays, croit Stephen Bonnyman, gestionnaire de la Catégorie Ressources mondiales AGF.

En ce qui a trait à l’influence du dollar américain sur le prix du pétrole, un récent rapport d’Adam Longson, analyste chez Morgan Stanley, indique qu’une offre excédentaire a pu faire chuter le prix du brut à moins de 60 $ US, mais que la différence entre un baril à 55 $ US et un baril à 35 $ US est principalement attribuable à la hausse du dollar américain.

Le pétrole pourrait perdre de 10 à 25 % de sa valeur si le dollar américain s’appréciait, selon le compte rendu du rapport livré par Bloomberg. Une appréciation rapide du dollar américain pourrait faire chuter le cours du Brent à aussi peu que 20 $ US le baril, selon Morgan Stanley.

«Dans le cas de l’énergie, une demande croissante et une offre en déclin devraient entraîner un meilleur prix du pétrole au cours du 2e semestre. Il sera très difficile pour les Saoudiens d’augmenter leur production au-delà de son niveau actuel», soutient Stephen Bonnyman.

«Entretemps, la production baisse dans le Midwest américain. Et même en tenant compte de la hausse de production en Iran et en Iraq, à terme, l’offre est insuffisante pour satisfaire la demande croissante. Nous ne nageons pas dans les surplus, comme on l’entend dire trop souvent», poursuit-il.

Remontée probable

Selon lui, c’est la première fois dans l’histoire que le bloc de production est aussi élastique, capable de s’ajuster rapidement à la baisse en raison de la nature non conventionnelle des nouveaux puits américains, dont le rythme de déclin de production annuel est de 30 % et plus.

Au prix actuel, personne ne veut investir pour maintenir la production. «Il y a si peu de production rentable au prix actuel que personne ne voudra développer de nouvelle production», prévient-il en prévoyant un prix de 40 à 50 $ US à la fin de 2016.

Stephen Bonnyman favorise ces producteurs américains de pétrole non conventionnel dans sa pondération d’environ 30 % en titres d’exploration et de production de pétrole et gaz. Le portefeuille favorise des titres dont la baisse de valeur a été amortie par la glissade du dollar canadien.

Le titre le plus important reste celui du raffineur Valero Energy : les marges entre le produit brut et raffiné demeureront robustes en 2016. Les grandes pétrolières intégrées comme Royal Dutch Shell, Exxon Mobil et Total figurent aussi parmi les titres les plus importants, en raison de leur caractère défensif.