Jerome Powell - Creative Commons

Depuis le début de son mandat, le président américain n’a pas caché son mécontentement quant à la performance de Jerome Powell en tant que président de la Réserve fédérale américaine. Il reproche à ce dernier de toujours agir « trop tard » et se montre particulièrement mécontent de son refus de baisser le taux directeur, n’hésitant pas à le qualifier de « crétin » voire « d’homme à faible QI ».

Plus récemment le président américain et les membres de son cabinet ont intensifié leur attaque vis-à-vis du président de la banque centrale américaine, rapporte le Financial Post. Le président utilise notamment le projet de rénovation du siège de la Fed dont le coût a explosé à 2,5 milliards de dollars, pour critique le président de la Fed. Il attribue ainsi le dépassement des coûts à une mauvaise gestion de Jerome Powell.

Nombre d’observateurs considèrent les attaques du président et des membres de son parti comme une tentative à pousser le président de la Fed à démissionner de son rôle. Une rumeur circule même affirmant que Donald Trump envisagerait tout simplement de le limoger.

Les reproches du président, cette campagne et la rumeur de limogeage empiètent évidemment sur l’indépendance de la banque centrale vis-à-vis des pressions politiques directes, un des principes fondamentaux de la gestion économique américaine.

Malgré ces critiques, Jerome Powell défend vigoureusement l’indépendance de la Fed. Devant une commission parlementaire le mois dernier, il affirme ne pas vouloir commenter les déclarations du président par principe, mais rassurait les gens sur les raisons qui poussaient la banque centrale à prendre ses décisions, soit : la situation économique, les perspectives et l’équilibre des risques.

Un limogeage est-il envisageable ?

Si des sources affirment que le président aurait rencontré des parlementaires républicains pour évoquer cette possibilité, Donald Trump a assuré qu’il était très peu probable qu’une telle décision ne survienne, à moins que Jerome Powell ne soit impliqué dans une fraude.

À noter que le président républicain n’est pas le premier à critiquer la politique monétaire américaine, il est toutefois le premier à évoquer l’idée d’un renvoi du président de la Fed. Toutefois, un précédent juridique, l’affaire Humphrey’s Executor v. U.S. (1935), limite la capacité des présidents américains à renvoyer les dirigeants d’agences indépendantes.

La Cour suprême a d’ailleurs précisé récemment que le président de la Fed ne peut être renvoyé qu’en cas de motif valable.

Surtout qu’un renvoi de Jerome Powell pourrait entraîner des répercussions profondes sur l’économie mondiale, l’indépendance de la Fed et les marchés obligataires.

D’ailleurs le marché a réagi négativement aux premières rumeurs de limogeage. L’indice du dollar américain a perdu 1 %, et les actions ont chuté. Les rendements des obligations à deux ans ont reculé de 10 points de base, anticipant une baisse des taux à court terme, tandis que les rendements à 30 ans ont augmenté de 10 points de base.

Les marchés ont récupéré une grande partie de leurs pertes, mais si de simples rumeurs peuvent avoir ce pouvoir, qu’en serait-il d’un limogeage en bonne et due forme ? Cette décision abîmerait également la sacro-sainte indépendance de la Fed et pourrait avoir de lourdes conséquences, compromettant sa crédibilité et sa capacité à mener une politique monétaire efficace.

Un remplaçant pour Jerome Powell ?

Jerome Powell occupe son poste de président depuis 2018. Son mandat a été reconduit pour quatre ans en 2021 par le président Joe Biden, il se termine donc en mai 2026. Il restera cependant à la Fed à titre de membre du Conseil des gouverneurs jusqu’en 2028.

Parmi ses successeurs, plusieurs évoquent les noms de Kevin Hassett, directeur du Conseil économique national de Trump, réputé proche de l’ex-président et de Kevin Warsh, ancien gouverneur de la Fed entre 2006 et 2011.

À noter qu’un successeur plus aligné avec Donald Trump ne garantirait toutefois pas une politique monétaire conforme aux attentes du président. En effet, le président de la Fed n’est qu’un des 12 membres votants.

Il pourrait toutefois faire pencher la balance en cas de division dans le comité.