Difficile de gagner la confiance des nouveaux arrivants
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Le fait d’établir une forte relation avec les nouveaux arrivants pourrait aussi entraîner une recommandation aux membres de la famille restés dans leur pays d’origine, mais qui prévoient venir s’installer au Canada, ajoute Shelley Smith, une conseillère de Gestion de patrimoine TD, de Toronto.

Cette donnée est tirée de la dernière édition de l’étude en cours sur la Zone de confort financier, un sondage pancanadien mené auprès des consommateurs par Credo en partenariat avec le Groupe Finance de TC Media, qui publie Finance et Investissement. Cette édition de l’étude porte sur la façon dont les nouveaux arrivants présents au Canada depuis moins de 10 ans perçoivent leurs relations avec leur conseiller ainsi que leurs priorités financières.

Les nouveaux arrivants qui ont passé moins de 10 ans au Canada sont également moins susceptibles de faire totalement confiance à leur conseiller. Ils sont aussi moins à l’aise de parler avec lui de leurs inquiétudes et interrogations. Les individus venus du Moyen-Orient et de l’Asie, en particulier, ont tendance à être les plus réticents, selon le sondage.

Vikas Saida définit la réticence des nouveaux arrivants à s’ouvrir à leur conseiller comme un signe de peur. Selon lui, les nouveaux arrivants se retrouvent dans un environnement totalement nouveau. De plus, ils ont probablement une jeune famille et sont très préoccupés par la protection des économies qu’ils ont apportées au Canada.

Vikas Saida rassure les nouveaux arrivants qui le consultent en leur présentant le long historique de la firme, le nombre de clients qu’elle sert ainsi que sa propre expérience. Et quand il peut faire un bilan de sa capacité à aider les autres, les clients lui font davantage confiance ainsi qu’à la firme, dit-il.

Ce manque de confiance initial pourrait également motiver les nouveaux arrivants à faire leurs propres recherches sur les recommandations financières de leur conseiller, ce que les nouveaux arrivants sont plus susceptibles de faire que les immigrants déjà établis ou les Canadiens de longue date, selon Brendon Bertelsen, directeur de la recherche chez Credo Consulting. Toutefois, les nouveaux arrivants ont probablement un niveau d’éducation plus élevé que les deux autres groupes sondés, ce qui pourrait jouer un rôle dans leurs efforts de recherche proactive.

La confiance se renforce quand les nouveaux arrivants sont capables de comprendre les services auxquels ils auront accès par l’intermédiaire de leur conseiller : ce facteur donne de l’importance à l’accès aux documents d’information dans différentes langues, affirme Adam Fair, directeur de programme chez Prospérité Canada, un organisme qui facilite les ateliers d’éducation financière destinés aux nouveaux arrivants.

De plus, les conseillers devraient s’assurer d’aider les nouveaux arrivants quant aux besoins qui sont les plus importants pour ces clients, en fonction de ce qu’ils ont communiqué à leurs conseillers, ajoute-t-il : «S’il existe un décalage entre les services et le type d’information fournis par les conseillers aux nouveaux arrivants et ce dont ils ont réellement besoin, les nouveaux arrivants concluront que ce service n’est pas pour eux».

Priorité à l’éducation et au mariage

Selon les résultats de la recherche de Credo, les trois priorités des nouveaux arrivants sur le plan financier sont : financer l’éducation supérieure, acheter une résidence et s’assurer de bénéficier de soins de santé. La planification de la retraite et l’investissement figurent parmi les plus importantes priorités, mais les nouveaux arrivants sont légèrement moins préoccupés par ces deux éléments que les personnes plus établies.

L’investissement en particulier pourrait être problématique pour certains groupes culturels. Par exemple, l’Islam interdit de recevoir ou de payer de l’intérêt. Ainsi, les conseillers qui ont des clients musulmans pourraient constater que leurs clients se tournent vers leurs chefs religieux pour être guidés dans leurs décisions d’investissement, selon Shelley Smith.

Les autres priorités financières qui préoccupent davantage les nouveaux immigrants que les immigrants plus établis ou les Canadiens de longue date sont les services de garde d’enfants et les mariages.

Cette dernière donnée ne surprend pas Vikas Saida, qui constate que le mariage est un sujet important pour bon nombre de ses clients immigrants d’origine sud-asiatique, dont beaucoup sont déterminés à commencer à épargner le plus tôt possible pour l’éventuel mariage de leurs enfants. «Dans de nombreux cas,[la planification financière d’un mariage] est l’un des premiers sujets sur lesquels ils attirent notre attention, dit-il. Habituellement, cette dépense est prioritaire par rapport à la planification de la retraite.»

Les nouveaux arrivants se préoccupent aussi davantage du budget de vacances et des maisons de vacances, ce qui signifie probablement qu’ils aimeraient conserver une maison dans leur pays d’origine en plus de leur résidence au Canada, selon Brendon Bertelsen.

L’étude en ligne sur la Zone de confort financier a sondé plus de 17 000 Canadiens. Le sondage vise à explorer les relations entre le conseil financier, le bien-être financier et la satisfaction générale de la vie dans la société canadienne. Les Canadiens sont sondés tous les mois, et le nombre de personnes sondées augmentera chaque mois.