Dans l’histoire de cet indice, on compte seulement 11 années négatives. Il n’a affiché des rendements négatifs durant deux années consécutives qu’en 2007 et en 2008.

«En raison de ce recul, l’évaluation relative des petites capitalisations par rapport aux grandes est à son plus bas niveau depuis 2004», souligne Steve MacMillan, gestionnaire du Fonds Fidelity Petite Capitalisation Amérique.

Ainsi, au début de 2014, le ratio cours/bénéfices anticipés (C/B) de l’indice Russell 2000 était environ de 35 % plus élevé que celui du S&P 500. Récemment, la relation s’est inversée : le C/B du Russell 2000 n’était plus que de 17,3 au 22 avril dernier, alors que celui du S&P 500 était de 17,8, selon Birinyi Associates.

C’est qu’au cours de la dernière année, la croissance des bénéfices des petites capitalisations a été plus ou moins alignée sur celle des grandes. Cependant, les cours des petites capitalisations ont reculé davantage en Bourse, de sorte que leur évaluation a baissé.

«Les titres du Russell 2000 ont reculé beaucoup plus que les données fondamentales ne le justifiaient. Ce recul provenait des secteurs plus risqués du marché, notamment celui de la biotechnologie, qui avait été un leader en 2014 et au 1er semestre de 2015», explique Steve MacMillan.

La croissance du PIB américain ralentirait à 0,3 % au 1er trimestre de 2016, selon le modèle GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta au 19 avril dernier.

Fusions-acquisitions payantes

«Cependant, au cours des 12 derniers mois, ce ralentissement a été moins rapide que celui du PIB canadien ; en effet, 40 % de ce dernier dépend des exportations, par rapport à 8 % seulement du PIB américain», explique Steve MacMillan.

«De plus, 85 % des revenus des sociétés de l’indice Russell 2000 sont générés dans l’économie américaine, alors que ce pourcentage tombe à 65 % pour les sociétés du S&P 500. Ce sont plutôt ces dernières qui ont affronté des vents contraires causés par le ralentissement économique et la force du dollar américain», ajoute-t-il.

Ce ralentissement de la croissance explique pourquoi près de 20 % des sociétés de son portefeuille ont fait l’objet d’acquisitions au cours des six derniers mois.

«L’acquisition est devenue la façon de croître des grandes entreprises, et les sociétés de petite et moyenne capitalisation resteront des cibles. Si je continue de trouver de bonnes entreprises sous-évaluées, cette valeur se réalisera notamment si elles sont acquises», raisonne-t-il.

Il trouve attrayants plusieurs titres de services du secteur de la santé ; ceux-ci ont été liquidés en même temps que les titres de biotechnologie, ce qui a créé de bonnes occasions.

«Nous évitons les entreprises où il y a un risque scientifique. Nous détenons Charles River Laboratories International, une entreprise qui offre divers services de laboratoires cliniques à l’industrie pharmaceutique et de la biotechnologie. La firme a une forte part de marché. Elle ne trouvera pas le remède contre le cancer, mais elle vendra probablement les rats qui auront servi à le chercher», lance-t-il.

Les titres du secteur financier ne comptent que pour 2,1 % du Fonds Fidelity : «Le rendement de l’avoir des banques régionales, des petites compagnies d’assurance et des fiducies est médiocre. Elles nécessitent beaucoup de capitaux et sont soumises à une forte concurrence», juge Steve MacMillan.

Endettement en hausse

Alors que le segment des petites capitalisations offrait le pire profil risque-rendement en octobre dernier, il est de nouveau attrayant, juge Virginia Au, cogestionnaire de la Catégorie petites sociétés américaines Trimark.

«La correction nous a permis de faire des acquisitions intéressantes et d’abaisser notre encaisse de 30 % environ en octobre 2015 à 14 % récemment. Cela dit, c’est un pourcentage encore élevé pour ce fonds. Il n’est pas plus bas, d’abord parce que l’indice Russell 2000 a déjà gagné 17,2 % entre son creux du 11 février et le 1er avril. Ensuite, parce que le niveau d’endettement de plusieurs sociétés est très élevé. En fait, pour le Russell 2000, cet endettement est égal à trois fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA), soit son plus haut niveau de la dernière décennie», justifie Virginia Au.

Elle confirme que les sociétés profitent des taux d’intérêt très bas qui prévalent pour emprunter et faire des acquisitions afin d’augmenter leurs revenus dans une période de très faible croissance. Cela peut être logique pour certaines sociétés, surtout si elles produisent un flux de trésorerie disponible (free cash flow) important.

«Nous prévoyons tout de même investir graduellement l’encaisse du fonds au cours de l’année en prêtant une grande attention à son endettement», assure Virginia Au.

Cette dernière s’applique à trouver des sociétés portées par une tendance de croissance à long terme (secular growth), soit parce qu’elles prennent des parts de marché, soit parce qu’elles oeuvrent dans un nouveau domaine. Elle en a toujours trouvé une grande partie dans les technologies de l’information, qui représentent environ 31,6 % de son portefeuille, par rapport à 17,6 % dans le Russell 2000.

En raison d’une pondération de 6,24 %, Microsemi Corp. est un des cinq titres les plus importants de son portefeuille, qui en compte 35. Ce fabricant de semi-conducteurs analogiques cible des niches où le cycle de vie est de plus de cinq ans, notamment dans les domaines de la défense, de la sécurité des aéroports et des satellites.

«L’équipe de direction excelle dans l’acquisition de sociétés sous-performantes qui ne bénéficient pas d’économies d’échelle, justement pour les faire profiter des siennes. Le titre se négocie à 10 fois le flux de trésorerie disponible seulement. Et elle est une de celles qui utilisent ce flux pour rembourser sa dette», signale Virginia Au.

Miser sur les moyennes capitalisations

Phil Taller, cogestionnaire de la Catégorie Mackenzie croissance moyennes capitalisations américaines, admet que l’économie américaine ne va pas très bien, mais elle s’améliore et elle est plus forte que bien d’autres. Selon lui, la récente sous-performance des titres de moyenne capitalisation devrait se résorber, maintenant que diverses mesures relancent l’activité économique.

«Le sondage publié le 22 mars par la Federal Reserve Bank of Richmond montre un rebond de l’activité manufacturière, alors que l’indice qui en suit la progression en est à son plus haut niveau depuis avril 2010. Même chose pour l’activité manufacturière mesurée par la Federal Reserve Bank of Philadelphia, qui est passée en territoire positif pour la première fois en sept mois en mars. Ce dernier sondage s’est avéré un excellent indice précurseur dans le passé. De plus, l’indice des directeurs d’achat Markit (Purchasing Managers’ Index ou PMI) était aussi en hausse. Quant à l’indice manufacturier Empire State de la Federal Reserve Bank of New York, il est passé de 0,62 en mars à 9,65 en avril, alors que les analystes s’attendaient à ce qu’il n’atteigne que 2,21», souligne-t-il.

C’est de bon augure pour les sociétés de moyenne capitalisation, qui sont plus axées sur le marché intérieur que sur les marchés internationaux. Il ne voit pas pourquoi les moyennes capitalisations ne continueraient pas d’offrir le rendement supérieur qu’elles ont procuré au cours des deux dernières décennies.

Ainsi, l’indice S&P 400 MidCap a affiché un rendement annualisé de 11,33 % pour la période de 20 ans terminée le 31 décembre 2015, par rapport aux 10,16 % de l’indice S&P Smallcap 600 et aux 8,29 % de l’indice S&P 500.

«J’estime que les États-Unis ont encore une assez forte capacité manufacturière et une excellente productivité lorsqu’on les compare à ce qu’on trouve ailleurs dans le monde. La culture d’innovation y est profondément ancrée, et on y trouve des entreprises à la fine pointe de l’automatisation», soutient Phil Taller.

«Cette tendance à l’automatisation va s’accélérer, poursuit-il, car les employés commencent à obtenir des augmentations salariales, ce qui pousse les entreprises à améliorer la productivité. Les entreprises du domaine de l’automatisation et les sociétés de services qui cherchent des façons de diminuer les coûts devraient bien performer dans ces circonstances.»

C’est pourquoi le secteur des technologies de l’information et celui des produits industriels comptent pour 28,8 % et 22 % du fonds, respectivement.

Le titre de la société de recherche et services-conseils Verisk Analytics est un bon exemple. Un de leurs champs d’expertise principaux est l’analyse de données pour l’industrie de l’assurance. «Les études qu’elle produit aident les sociétés d’assurance à être plus productives et plus rentables, parce qu’elles leur permettent de mieux jauger les différents risques auxquels elles s’exposent», affirme Phil Taller.

Le fonds détient aussi le titre de Team Industrial Services, qui offre notamment des services d’inspection de pipelines et des services d’entretien planifiés dans des raffineries et des usines de produits chimiques.

«De plus en plus de ces activités sont externalisées aux meilleures entreprises en raison de cette recherche de gains de productivité. Nous détenons plusieurs sociétés auxquelles ces activités sont dévolues», ajoute Phil Taller.