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Cette hausse de 300 points de base à 16,5 % n’aura offert qu’un court répit à la livre turque puisque depuis jeudi, celle-ci est de nouveau en baisse de 4 % à 5 %.

Pour sauver leur devise, la banque centrale turque a tenu une réunion extraordinaire mercredi où s’est finalement décidé la hausse des taux, malgré les protestations du président Recep Tayyip Erdogan qui affirmait, selon Bloomberg, que le plongeon de la monnaie nationale n’était dû qu’à la volatilité des marchés. Cependant, cette hausse, jugée trop tardive par les analystes du marché, n’a offert qu’une solution de courte durée et, dès jeudi, la livre a recommencé à perdre du terrain.

Une nouvelle hausse des taux d’intérêt est certainement à prévoir lors de la prochaine réunion de politique monétaire du pays qui devrait avoir lieu le 7 juin prochain, à moins d’une nouvelle réunion extraordinaire.

D’ici là, des membres du gouvernement et de la BCT vont se rendre à Londres à la fin du mois de mai pour rencontrer des investisseurs et trouver un moyen de contenir cette crise, rapporte le journal Les Echos.

De son côté, le président turc a demandé aux citoyens turcs dans un message télévisé de ne pas vendre des livres dans les bureaux de change pour soutenir la monnaie turque, lui qui est actuellement en campagne pour les élections présidentielles qui auront lieu le 24 juin prochain.

Il n’est d’ailleurs pas étranger à cette baisse de la livre turque. Son implication auprès de la BCT et sa volonté de dicter sa politique monétaire inquiètent certains experts et investisseurs qui vendent leur monnaie du pays.

Le 15 mai dernier celui-ci avait déclaré sur Bloomberg TV : « Notre banque centrale est bien sûr indépendante mais elle ne peut pas ignorer les signaux émis par le président. […] Elle doit prendre ses décisions en fonction [de ses décisions]».

La devise turque n’est toutefois pas la seule à baisser en ce moment dans le monde. Les devises des pays émergents ne se portent pas au mieux depuis trois mois. Elles ont perdu de leur intérêt aux yeux des investisseurs depuis que les taux obligataires américains à 10 ans ont franchi la barre des 3 %. Ainsi, durant cette période, la livre turque a abandonné 15 %, sa plus forte baisse depuis le 11 novembre 2008 (-3,8 %), mais, à titre comparatif, le peso argentin a abandonné 18 % et le réal brésilien 12%, durant la même période.