Une photo portrait de Chrystia Freeland.
Photo : MSC / MCI / Wikimedia Commons

Chrystia Freeland devient ministre des Finances, en remplacement de Bill Morneau, qui a démissionné lundi soir.

Celle qui est vice-première ministre prêtait serment pour ses nouvelles fonctions à Rideau Hall, mardi en milieu d’après-midi.

Elle passe le flambeau des Affaires intergouvernementales à Dominic LeBlanc. Depuis l’élection de l’an dernier, M. LeBlanc siégeait au conseil des ministres, mais sans portefeuille, pendant qu’il se remettait d’un cancer.

Le premier ministre Justin Trudeau prévoyait aussi demander à la gouverneure générale de proroger le Parlement. Les élus reviendraient en Chambre seulement en octobre pour un nouveau discours du Trône et une mise à jour économique.

Ces derniers développements ne calment pas l’opposition officielle qui continue de réclamer la tête du premier ministre lui-même.

Le député conservateur Pierre Poilievre estime que l’abandon de son poste par le ministre Morneau plonge le pays dans un chaos, alors qu’il faut gérer la crise économique provoquée par la pandémie.

Tout de même, cette démission avait été réclamée par les conservateurs et les bloquistes, tout comme celle de Justin Trudeau.

« Est-ce que la démission de Justin Trudeau ajouterait au chaos? Non! Au contraire. La démission de Justin Trudeau va mettre fin au chaos. C’est lui qui cause le chaos », a martelé le député Poilievre, en conférence de presse mardi matin.

L’arrivée annoncée de Mme Freeland au poste de ministre des Finances est mieux vue par Yves-François Blanchet. Il la croit « plus ouverte » aux demandes bloquistes pour un meilleur soutien des aînés que ne l’était M. Morneau.

Cependant, les plans de prorogation du Parlement ne changent rien au projet bloquiste de faire tomber le gouvernement minoritaire cet automne.

« Si je devais prendre une gageure demain matin, je dirais qu’il n’y a pas beaucoup de chance qu’on soutienne le discours du Trône », a confié M. Blanchet, en entrevue téléphonique.

À Vancouver, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a critiqué la prorogation annoncée. Selon M. Singh, les parlementaires doivent siéger afin de livrer l’aide nécessaire aux citoyens en temps de pandémie.

L’opposition reproche à M. Morneau et à M. Trudeau l’octroi d’un contrat à l’organisme UNIS (WE Charity) pour la gestion d’un programme de bourses créé en réponse à la pandémie. L’organisme a abandonné le contrat lorsque l’affaire est devenue scandale. Le commissaire à l’éthique a ouvert des enquêtes étant donné les liens entre WE Charity et les familles Morneau et Trudeau.

En annonçant sa démission lundi soir, Bill Morneau n’a fait aucune référence à cet épisode. Il a dit qu’il quittait la vie politique parce qu’il n’avait jamais eu l’intention de se présenter pour un troisième mandat de député et qu’il voulait poser sa candidature à la direction de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Le NPD ne lâche quand même pas cette partie du morceau. Le député Charlie Angus a écrit au commissaire à l’éthique, Mario Dion, mardi, pour s’assurer que l’enquête sur l’ancien ministre continuera malgré le départ de celui-ci.

Chrystia Freeland

Chrystia Freeland a fait son entrée à la Chambre des communes du Canada le 25 novembre 2013 à la suite d’une élection partielle dans la circonscription ontarienne de Toronto-Centre. Avant d’être nommée vice-première ministre en novembre 2019, Chrystia Freeland a été ministre des Affaires étrangères entre 2017 et 2019, mandat au cours duquel elle a directement été impliquée dans les négociations menant à la signature de l’Accord économique et commercial global (AECG).

Chrystia Freeland est diplômée de l’Université Harvard et du United World College of the Adriatic. Elle s’est faite connaître à titre de journaliste, écrivant notamment pour le Financial Times, The Globe and Mail et Thomson Reuters.

(Avec Finance et Investissement)