Une tirelire posée sur un gros tas de billet.
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Chez Patti Barnes, à North Vancouver, les cinq enfants de la famille s’occupent du jardin, sortent les poubelles et s’occupent des animaux domestiques.

Les tâches, qui leur rapportent généralement 50 cents chacune, sont associées à une allocation hebdomadaire de 5 $, dont l’objectif est d’enseigner aux enfants âgés de 8 à 15 ans le travail acharné et la budgétisation.

« S’ils veulent sortir avec leurs amis, ils doivent avoir économisé de l’argent », explique Patti Barnes, l’autrice du blogue parental RedHeaded Patti.

« Ils apprennent qu’aller au Starbucks tous les jours brûle l’argent et si on fait cela et qu’on veut s’acheter des boucles d’oreilles, on n’a pas cet argent; il faut donc faire des choix judicieux. »

L’utilisation d’un système d’allocations comme celui de Patti Barnes, pour enseigner des leçons financières, est courante depuis longtemps, mais les règles entourant leur mise en place varient énormément.

L’âge auquel l’allocation est introduite, son montant, sa fréquence, et la décision de la relier à l’accomplissement de tâches ménagères – un aspect qui divise de nombreux parents – rendent la pratique encore plus différente d’un foyer à l’autre.

Bien qu’il existe de nombreuses façons de mettre en place une allocation, les meilleures créent des moments propices à l’apprentissage sur les finances et « un espace sûr où (les enfants) peuvent faire des erreurs », souligne Michael Massoud, directeur des finances pour les Comptables professionnels agréés du Canada.

« C’est (mieux) de se tromper et de faire des erreurs avec un peu d’argent, quand on est plus jeune, que de faire de grosses erreurs quand on est adulte et qu’on n’a rien appris au sujet de l’argent (…) et que le filet de sécurité est moindre », fait-il valoir.

Michael Massoud a commencé à donner une allocation à son fils de huit ans, Lucas, quand il avait environ sept ans et qu’il commençait à s’intéresser à l’argent.

L’allocation n’est pas subordonnée aux tâches ménagères, parce qu’il ne voulait pas que son fils croie que chaque tâche qu’il accomplit se traduirait par un revenu.

« Cela inculque l’idée que si on fait du bon travail ou que si on a un travail, on est payé pour ça, et c’est bien, mais (…) certaines personnes ne veulent pas de l’idée qu’on soit payé pour chaque petite chose qu’on fait, même si c’est une responsabilité », explique Michael Massoud.

Qu’un parent relie ou non l’allocation aux tâches ménagères, Michael Massoud conseille de la budgétiser dans ses dépenses.

Un parent ne devrait jamais se placer dans une situation précaire pour offrir une allocation à ses enfants, ou en créer une qui sera difficile à maintenir, car ce sera une déception pour l’enfant si l’allocation doit prendre fin, souligne-t-il.

Il recommande aux parents de calculer les allocations à partir de l’âge des enfants, par exemple en accordant entre 50 cents et 1 $ pour chaque année de leur âge. Les jeunes enfants seront contents d’obtenir presque n’importe quel montant, ajoute-t-il.

Des allocations stables pour apprendre à budgétiser

Amy Worrell donne à ses enfants de 9 et 10 ans environ 7 $ par semaine chacun, s’ils effectuent des tâches comme la lessive ou le nettoyage de la table du souper.

« Ces montants en dollars changeront à mesure qu’ils vieilliront, parce que 7 $ par semaine ne suffira pas quand ils seront au secondaire », observe la mère de Durham, en Ontario, qui dirige le blogue parental Milk and Coco.

« Mais à cet âge, c’est beaucoup d’argent pour eux et ils apprennent à le gérer avant d’aller au secondaire. »

L’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACMFC) recommande aux parents de verser les allocations le même jour chaque semaine, ou chaque mois, pour aider les enfants à planifier, établir un budget et économiser.

L’agence estime en outre que les adolescents devraient être payés moins fréquemment – toutes les deux semaines ou tous les mois – pour les forcer à gérer leur argent sur une plus longue période.

Alors que des applications comme Rooster Money, Mydoh et Current aident les parents à distribuer les allocations, plusieurs imposent des frais ou nécessitent l’utilisation d’un téléphone ou d’une tablette. Au lieu de cela, l’ACMFC et Michael. Massoud suggèrent de payer les allocations en monnaie pour faciliter la répartition de l’argent entre les priorités.

Michael Massoud conseille aux parents de mettre en place un système de trois tirelires: une pour les économies, une pour les dépenses et une pour le partage. Cela aide les enfants à répartir l’argent de manière égale entre les trois et de leur parler des types d’achats à long terme pour lesquels il faut économiser, de ce qu’il est possible de dépenser à court terme et des causes auxquelles on pourrait vouloir faire un don.

Bien que les allocations puissent être populaires, les parents ne devraient jamais se sentir obligés d’en offrir et peuvent facilement apprendre à leurs enfants à gérer leur argent d’une autre manière, insiste Michael Massoud. Il suggère notamment de faire participer les enfants aux visites en famille à l’épicerie et à d’autres courses.

Enfant, Allison Venditti gagnait une allocation pour des tâches comme le cirage des chaussures, mais elle n’a pas l’intention de reproduire cette pratique avec ses propres enfants.

La fondatrice du groupe de défense des mères au travail Moms at Work estime que ses enfants doivent attendre leur anniversaire ou leurs vacances pour obtenir les articles qu’ils convoitent. Son enfant de neuf ans a l’intention de gagner de l’argent en réparant des vélos pour ses voisins.

Allison Venditti choisit de ne pas donner d’allocation à ses trois garçons, car elle considère que leur participation aux responsabilités ménagères est « non négociable » et fait partie de l’éducation de « la prochaine génération de partenaires ».

« Si on leur donne tout, et cela devient une attente, cela se poursuivra toute leur vie », affirme-t-elle.