Photo portrait de Caroline Champagne.
Gracieuseté Institut de planification financière

En poste depuis la fin octobre, Caroline Champagne, la nouvelle directrice générale de l’Institut de planification financière (l’Institut) hérite d’une planification stratégique déjà définie par le conseil d’administration. Son objectif : renforcer la reconnaissance de la profession et assurer le développement d’une relève solide. L’avocate spécialisée en gouvernance gardera aussi un œil attentif sur les relations avec les régulateurs, a-t-elle confié en marge du Congrès de l’Institut de planification financière, à Québec.

À peine arrivée aux commandes de l’Institut, Caroline Champagne a été plongée dans le feu de l’action avec la cérémonie de remise des diplômes des nouveaux planificateurs financiers (Pl. Fin.) qui se déroulait le 25 octobre, un événement qu’elle juge symbolique. « Cette relève, on en a besoin. Il y a énormément d’espace pour de nouveaux planificateurs financiers », souligne-t-elle. Elle dit avoir été impressionnée par « l’enthousiasme de cette jeunesse qui débute une nouvelle profession ».

Parmi ses priorités, la nouvelle dirigeante souhaite mettre en valeur le rôle du Pl. Fin., qu’elle entend placer au cœur de son mandat. Elle souhaite mieux faire comprendre la portée de cette profession, souvent méconnue du grand public. « Une planification financière, c’est utile à tous les moments de la vie, jamais trop tôt et jamais trop tard, et c’est accessible à toutes les bourses », insiste-t-elle.

Elle souhaite multiplier les actions de communication pour rejoindre les jeunes étudiants susceptibles d’embrasser cette carrière, les professionnels déjà actifs dans le milieu financier (conseillers en assurance, représentants en épargne collective, etc.) qui voudraient aller chercher le titre de Pl. Fin, ainsi que les familles, les entrepreneurs et les particuliers, qui pourraient bénéficier de cette expertise.

Combler les lacunes en littératie financière

La dirigeante souhaite aussi que l’Institut joue un rôle accru dans l’éducation financière. Elle considère les Pl. Fin. comme des « ambassadeurs » sur le terrain pour transmettre ces connaissances au plus grand nombre, alors que de plus en plus de citoyens se tournent vers l’intelligence artificielle (IA) pour obtenir des conseils financiers.

« L’IA peut être utile, mais elle ne remplace pas le jugement humain », avertit-elle. Selon elle, seuls les Pl. Fin. ont la formation nécessaire pour poser les bonnes questions et exercer un regard critique sur les réponses générées par ces outils. « Comme un médecin qui interprète l’information trouvée en ligne, le Pl. Fin. aide à distinguer le vrai du faux. », illustre-t-elle.

La dirigeante voit dans l’IA une occasion d’enrichir la pratique des planificateurs financiers, à condition qu’elle soit utilisée avec discernement. « C’est un outil qu’il faut employer avec un esprit critique », précise-t-elle. Les Pl. Fin. peuvent s’en servir pour affiner leurs analyses et mieux conseiller leurs clients, mais les néophytes doivent être conscients des limites et des biais que ces technologies peuvent comporter », prévient-elle.

Une profession à féminiser et à valoriser

Le milieu de la planification financière reste largement masculin. Caroline Champagne y voit un fort potentiel pour les femmes. Elle rappelle que la profession offre une grande flexibilité et des conditions de travail avantageuses, tout en s’appuyant sur une mission profondément humaine : aider les gens à atteindre leurs objectifs et à surmonter les imprévus de la vie. Ce volet relationnel serait susceptible d’attirer les femmes, selon elle.

Avocate et ex-syndic à la Chambre de la sécurité financière, Caroline Champagne a bâti sa carrière sur des principes d’éthique et de protection du public. Elle a également exercé comme juge au Bureau des présidents des conseils de discipline, où elle a côtoyé les 46 ordres professionnels du Québec. Admise au Barreau en 1996, elle a commencé sa carrière d’avocate chez Langlois, puis chez Bélanger Longtin. En 2006, elle a rejoint l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM), à titre d’avocate plaidante à la mise en application. Jusqu’à récemment, elle était directrice des affaires juridiques à la Cour municipale de Montréal.

Cette expérience l’a confortée dans une approche axée sur la prévention plutôt que la sanction. Ce bagage juridique et déontologique teinte sa vision à la tête de l’Institut. « Je suis une personne d’éthique, de déontologie professionnelle. Je suis attachée à ces valeurs depuis près de 25 ans. Alors, la mission de la protection du public m’anime véritablement. Et les planificateurs financiers sont vraiment là pour protéger le public. »

À l’heure où le secteur se complexifie, elle estime que la clé du succès repose sur les compétences relationnelles. « Les Pl. Fin. ne sont pas des vendeurs de produits, mais des accompagnateurs, des conseillers, insiste-t-elle. Pour cela, ils doivent bâtir des liens de confiance solides avec leurs clients. »

Afin de favoriser ce savoir-être, elle entend intensifier les formations axées sur les aptitudes humaines et le mentorat. « C’est ce qui fait la différence dans notre profession », affirme Caroline Champagne, qui voit dans cette approche une façon d’attirer une relève bien préparée à s’attaquer aux défis de demain.