Photo portrait de Shirley Marquis.
Gracieuseté

C’est la voix vibrante d’enthousiasme que Shirley Marquis partage cette nouvelle, alors qu’elle vient d’accomplir, au moment de notre entrevue, la première semaine dans ses nouvelles fonctions au centre financier SFL pour l’Outaouais, qui dessert notamment la région de Gatineau, devenant un centre financier à part entière, indépendant de celui d’Ottawa.

« J’ai quitté un gros paquebot et je m’en vais avec une équipe plus petite ! C’est un centre où il y a un gros défi de relève. C’est un défi excitant ! » lance Shirley Marquis, qui était jusqu’à tout récemment associée à la direction planification financière et fiscalité au centre financier SFL de Laval. Avec une vingtaine de conseillers, le centre qui lui est confié est de taille modeste, mais elle estime que la région de l’Outaouais offre un grand potentiel de développement. « C’est une région riche, présentant un « beau bassin économique », précise-t-elle.

Au cours des deux prochaines années, elle veut y doubler le nombre de conseillers, mettre des plans de relève en place et développer une offre complète en gestion de patrimoine. Le centre dessert une vaste clientèle d’affaires. Shirley Marquis entend miser sur l’expertise qu’elle a développée dans ce domaine pour soutenir les jeunes conseillers et les aider à se développer.

Ce tout nouveau défi s’inscrit comme une suite logique dans le parcours de Shirley Marquis. La quadragénaire n’a cessé de vouloir relever de nouveaux défis depuis ses débuts, il y a 23 ans dans l’industrie des services financiers, dont 15 années à la direction des ventes et au développement des affaires. « Je suis une femme de défis et j’aime les relever avec les gens. Je suis authentique et transparente », résume-t-elle.

Il s’agit d’une marche supplémentaire sur le parcours de celle qui a participé à la fusion de quatre cabinets de services financiers à Laval avec son associé Alain Legault, dans le cadre de la restructuration du réseau SFL en 2018. Une carrière qui a d’ailleurs été soulignée lors de l’édition 2021 du concours Dunamis de la chambre de commerce et d’industrie de Laval dans le cadre du prix Personnalité d’affaires de l’année.

Une personnalité engagée

Engagée dans son industrie, Shirley Marquis a été vice-présidente du conseil d’administration de la Chambre de la sécurité financière (CSF) au cours des onze dernières années. Depuis septembre, elle fait partie du comité consultatif de l’Autorité des marchés financiers (AMF) sur la pratique des représentants. « J’aime rester à l’affût du marché, savoir quelles sont les tendances et comment cela se passe chez les autres. C’est important de rester branché sur sa communauté de pratique. Mon désir est d’alimenter l’AMF avec l’input du marché. »

Elle est également active au sein de l’Association femmes en finance du Québec (AFFQ) depuis deux ans. La maman et entrepreneure se sent très concernée par les enjeux de la conciliation travail famille. « Il y a encore beaucoup de tabous sur cette question. Il faut en parler davantage pour amener plus de jeunes femmes à choisir de faire carrière dans les services financiers. » Selon elle, la profession apporte une certaine liberté dans le choix des horaires. « De plus, le talent naturel des femmes pour planifier pourrait être mis davantage à profit », croit-elle. Elle estime qu’il faut également rehausser le niveau de confiance des femmes qui sortent de l’université. « Elles ont besoin de gens qui les appuient et d’avoir des exemples de réussite d’autres femmes autour d’elle. »

Si le « boys club » est toujours bien vivant dans le monde de la finance, la directrice n’en reste pas moins optimiste quant à l’avenir de la représentation féminine. « La finance reste un monde majoritairement masculin, mais je sens la volonté d’amener un équilibre dans les équipes. Je le vois notamment auprès des clients. Une conseillère apporte une dynamique différente. Elle a la capacité à prendre en charge différemment les préoccupations du client. »

Shirley Marquis a décidé de donner elle-même l’exemple en participant à la première cohorte Femmes en mouvement mise en place chez SFL. Ce parcours s’étendant sur trois mois, lancé en septembre en partenariat avec Desjardins, vise à permettre de stimuler les échanges, briser les tabous et déculpabiliser les femmes sur la dynamique travail famille.

Les plus grands défis pour les femmes en finance, selon Shirley Marquis, outre l’équilibre travail famille, résident dans la rémunération et la négociation salariale. Elle constate également qu’oser s’affirmer dans des groupes quand on pense différemment demeure un obstacle pour bon nombre d’entre elles.

Un sens inné du développement des affaires

Beauceronne d’origine, Shirley Marquis se définit comme une entrepreneure dans l’âme. Dès son plus jeune âge, elle ne manquait pas d’idées pour gagner son argent de poche, de la vente de coupons rabais aux mères de ses amies aux cours de piano. Un sens inné du développement des affaires qu’elle mettra très tôt au service du cabinet en assurance collective de son père.

Après un baccalauréat en finance à l’Université de Sherbrooke, elle part étudier six mois en affaires internationales à l’École supérieure de commerce de Poitiers, en France. « Je suis curieuse de nature, j’aime sortir de ma zone de confort, enrichir ma culture et rencontrer des gens », explique-t-elle. De retour au Québec, elle suit le cours sur le commerce des valeurs mobilières, auquel elle ajoute plus tard le certificat de planificateur financier, un MBA en services financiers à l’UQAM et un brevet de l’Institut des banquiers canadiens, le tout en travaillant. « Je n’ai jamais arrêté d’étudier ! » lance-t-elle.

Elle obtient son permis de conseillère à 23 ans. À 27 ans, elle devient directrice des ventes chez iA Groupe financier, où elle lance une nouvelle équipe. Elle fait ensuite le saut à la Banque nationale, en Gestion personnalisé, à St-Hyacinthe, pendant un an et demi, où elle gère 50 millions de dollars d’actifs. « Durant cette période, j’ai rencontré un à un presque tous mes clients, un peu comme dans un cabinet de médecin », compare-t-elle. Cette formation accélérée lui permet de développer un sens aiguisé de la compréhension des besoins des clients.

Passionnée par la gestion des ventes, elle accepte en 2006 une offre de La Capitale pour devenir directrice associée du bureau couvrant la Rive-Nord de Montréal jusqu’à Gatineau. Son rôle consiste alors à accompagner les conseillers financiers dans tous les aspects de leur pratique, un mandat qu’elle accomplit jusqu’en 2015, moment où elle décide de rejoindre le réseau SFL comme directrice associée et vice-présidente des ventes et du développement des affaires au centre financier Des Sources, à Ville Saint-Laurent.

« Le côté entrepreneur me manquait. Je souhaitais me lancer à mon compte, mais en raison de la complexité de la réglementation dans le domaine financier, ouvrir mon cabinet sans appui était pratiquement impossible. » Intégrer la bannière SFL lui permet de bénéficier du soutien nécessaire pour se développer et de profiter d’un vaste réseau constitué de plus d’une vingtaine de partenaires en assurance et en placement, ainsi que d’un partenariat financier avec Desjardins.

La relève, le grand défi des prochaines années

Alors que le nombre de conseillers prêts à transmettre leur cabinet n’a jamais été aussi important au Québec, la relève est un sujet qui lui tient à cœur. « Les changements dans les pratiques engendrés par la COVID-19, notamment la nécessité d’informatiser les activités et les enjeux reliés à la conformité, ont été le coup de grâce pour plusieurs d’entre eux. Ils sont devenus plus pressés de trouver une relève », note-t-elle.

Un important travail pour les conseillers consiste donc à identifier leur relève. « Il faut prendre le temps pour faire des entrevues et rencontrer des jeunes. On doit faire appel aux connaissances dans son réseau, prospecter sur les réseaux sociaux, ou encore se tourner vers les candidats universitaires en voie d’obtenir le titre professionnel de planificateur financier. » Le processus est ardu. Il n’est pas rare qu’il s’écoule de 10 à 15 ans avant de trouver le « bon fit », constate Shirley Marquis.

Le fait qu’un grand nombre de conseillers s’approche de l’âge de la retraite crée un avantage indéniable pour les acheteurs désireux de prendre la relève. Il y a donc de belles occasions pour les jeunes qui souhaitent se lancer, à condition d’avoir un profil d’entrepreneur et de disposer du financement nécessaire, conclut Shirley Marquis.