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Lors de son arrivée à la direction d’Humania Assurance, en novembre 2016, Stéphane Rochon a fait le pari de créer une offre de produits totalement numérique en assurance individuelle. Aujourd’hui, ce chantier d’innovation est pratiquement mené à terme et la mutuelle de Saint-Hyacinthe peut quasiment traiter 100% de ses affaires en assurance individuelle de façon numérique.

Humania, dont les origines remontent à 1874, est même déjà à pied d’oeuvre pour ouvrir un nouveau chantier d’innovation, celui des régimes collectifs, confirme Stéphane Rochon, président et chef de la direction.

Le sens de l’innovation de Stéphane Rochon a été salué par le jury du Top des leaders de l’industrie financière, présenté par Finance et Investissement. Finaliste dans la catégorie Assureurs de personnes, celui-ci a reçu une mention spéciale pour ses réalisations en matière d’innovation. La cérémonie s’est déroulée virtuellement le 25 février dernier.

Dans un entretien avec Finance et Investissement, Stéphane Rochon a confirmé qu’en 2020, malgré le contexte lié à l’urgence sanitaire, les équipes d’innovation d’Humania n’avaient pas fait de pause.

Au nombre des produits lancés au cours des derniers mois, il a évoqué prosanteassurance.ca, un portefeuille d’assurances santé 100 % Web à émission instantanée, accessible à tous les Canadiens âgés de 15 jours et plus, comprenant des produits d’assurance cancer (et maladies graves), hospitalisation et frais médicaux. Il a aussi fait état d’un produit d’assurance salaire ‘ accident lancé en janvier 2021, auquel il est possible de souscrire en une quinzaine de minutes par Internet, sans examen médical.

Stéphane Rochon a également évoqué Emma.ca, une plateforme d’assurance vie développée en partenariat avec la fintech Emma, résidente de la Station FinTech Montréal, à la Place Ville-Marie. «Cette nouvelle solution d’assurance est venue bouleverser la très conservatrice industrie de l’assurance vie en offrant une couverture abordable, vendue en ligne, à une clientèle souvent négligée:les femmes enceintes», a-t-il dit.

Finance et Investissement s’est intéressé plus particulièrement à la manière dont ce partenariat s’est établi entre l’assureur et la fintech.

Stéphane Rochon: Chez Humania, on n’essaie pas de révolutionner le monde. Toutefois, on constate, et toute l’industrie le constate, que les gens ne veulent plus rencontrer trois fois un conseiller en assurance pour acheter une police qui va coûter 70 $par mois. Mais ils ne veulent pas pour autant éliminer le conseiller. Ils veulent juste s’engager dans un cycle de vente un peu plus court, et à distance. C’est là tout l’intérêt d’avoir recours à des technologies modernes et beaucoup moins invasives.

Nous effectuons donc des sondages auprès de courtiers qui nous indiquent quel marché est mal desservi. On regarde ensuite nos produits et, le cas échéant, on s’y attaque. Dans le même ordre d’idées, on ne désire pas tout réinventer chaque fois et c’est là que la conclusion de partenariats stratégiques, avec des firmes technologiques possédant des compétences spécifiques, devient intéressante. Emma apportait deux compétences spécifiques: les connaissances en assurance et les connaissances techniques. Elle compte en effet dans ses rangs des planificateurs financiers, mais elle est également capable de rejoindre le marché visé par l’entremise d’Instagram et de Facebook.

Finance et Investissement a aussi cherché à savoir quel était l’impact de la stratégie numérique mise de l’avant par Humania sur ses systèmes patrimoniaux.

Stéphane Rochon: Contrairement à d’autres assureurs qui ont choisi de moderniser leurs systèmes patrimoniaux et de développer des outils à partir de ça, nous avons plutôt opté pour en garder le cœur intact. Notre choix, en ce qui concerne l’assurance vie, a donc été de travailler afin que l’information qui s’ajoute à notre coeur patrimonial le soit de la bonne façon, au bon moment, et qu’on puisse la ressortir adéquatement lorsqu’on en a besoin. On a donc plutôt mis au point des outils nous permettant d’intégrer adéquatement les données dans le cœur.

La difficulté avec les systèmes legacy, c’est que leur obsolescence rend toute intervention humaine assez compliquée. Mais la beauté de ces systèmes patrimoniaux, c’est qu’ils ne font pas d’erreurs et sont hyper stables. En assurance vie, nous avons par exemple des polices qui ont été vendues en 1964. Alors, cette stabilité, en relation avec cette police vendue en 1964, ça devient important.