Une femme devant un cercueil avec une rose rouge.
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Le décès de l’un des membres d’un couple de clients risque de handicaper le plan de retraite du conjoint survivant. Une planification financière et successorale complète, souvent composée de produits d’assurance, peut toutefois éviter cette situation.

«C’est vraiment la planification successorale qui déterminera les outils importants pour s’assurer que le conjoint survivant soit en bonne position financière», indique Annie Boivin, vice-présidente, planification fiscale et successorale, Gestion de patrimoine TD.

Prenons en exemple le cas d’un couple dans la mi-cinquantaine. À l’aube de la retraite, ces clients doivent faire une analyse budgétaire avec leur conseiller.

«L’approche budgétaire est privilégiée pour déterminer le coût de vie au décès, mais en l’absence d’une telle information, utiliser 80 % du coût de vie actuel peut s’avérer une bonne alternative», dit David Truong, conseiller au Centre d’expertise de Banque Nationale Gestion privée 1859.

Cette approche donne une idée du manque anticipé de liquidités pour le conjoint survivant. Elle tient compte de la diminution des revenus découlant du décès d’un des conjoints, mais qui ne sera pas compensée par une réduction équivalente des dépenses personnelles de ce conjoint.

«Il ne faut pas oublier que le couple est habitué à un certain rythme de vie», note Sussy Galvez, conseillère séniore aux meilleures pratiques d’affaires à la Financière Banque Nationale.

L’approche budgétaire se fait en deux étapes, d’après un document distribué lors du dernier congrès de l’Institut québécois de la planification financière. La première consiste à «soustraire les liquidités disponibles pour les héritiers universels résiduaires et la valeur des actifs dont la vente est prévue du montant obtenu pour connaître le capital d’assurance à souscrire». La deuxième étape vise à «déterminer le capital qui permettra de produire un revenu suffisant pour maintenir le niveau de vie de la famille du défunt pendant la période requise».

Une fois l’approche budgétaire réalisée, le conseiller peut alors développer la stratégie qui conviendra le mieux à ses clients. En voici trois qui ressortent du lot.

Assurer le train de vie

L’assurance vie fait partie des outils privilégiés pour s’assurer que le conjoint survivant ou la succession aient des revenus suffisants pour couvrir les dépenses au décès.

Plusieurs cas pourraient amener notre couple dans la mi-cinquantaine à y souscrire.

Par exemple, si l’un des deux a des dettes fiscales latentes provenant d’une société privée ou d’un parc immobilier, une assurance vie permettrait à la succession d’avoir le capital nécessaire pour couvrir ce besoin de liquidités au décès.

Ce produit pourrait aussi remplacer les prestations de pension de sécurité de la vieillesse que l’un des deux conjoints ne recevra plus à son décès. Il peut également remplacer la diminution du montant de rente de retraite du défunt, lorsque la réversibilité au conjoint survivant est inférieure à 100 %.

L’assurance vie peut, par exemple, servir dans les cas où les deux partenaires ont droit à la rente maximale du Régime de rentes du Québec (RRQ), souligne Annie Boivin. Au décès de l’un des deux, le conjoint survivant n’obtiendra pas davantage du RRQ provenant du gouvernement, puisqu’il reçoit déjà la rente maximale.

Quant au choix entre un produit permanent ou un produit temporaire, il faut tenir compte de la permanence ou non du besoin d’assurance ainsi que de la capacité de payer des clients, les polices temporaires étant moins onéreuses. Par exemple, une protection temporaire peut cesser lorsque le prêt hypothécaire du couple sera remboursé.

«Le choix de prendre une assurance vie permanente ou temporaire est stratégique», dit David Truong.

Protéger le capital

Afin de protéger le capital d’un conjoint survivant, les clients peuvent souscrire une police d’assurance soins de longue durée (ASLD).

De cette manière, les importantes dépenses liées au risque d’une maladie en fin de vie seraient assumées en partie par ce produit. Seulement trois assureurs offrent maintenant des produits de ce type au Canada, soit La Capitale, Financière Sun Life et Croix Bleue.

Une vérification diligente des produits s’impose afin de s’assurer que celui qui est offert convient.

Penser à la réversibilité

Lorsqu’un client souscrit une rente viagère, il devrait évaluer l’option de la rendre réversible afin de protéger son conjoint survivant. La réversibilité peut varier de 0 à 100 %.

Cette option est en quelque sorte une assurance vie pour le conjoint survivant. «On troque donc une partie de ses revenus de son vivant afin de protéger son conjoint en cas de survie de celui-ci. Il est recommandé de faire des simulations pour déterminer s’il est préférable de renoncer à cette réversibilité, en vue de recevoir un montant de rente supérieur et d’investir le surplus dans une police d’assurance au profit du conjoint», lit-on dans Assurance de personnes : concepts, mythes et prise de décision, publié par Brassard Goulet Yargeau, services financiers intégrés.

Si le rentier n’est pas assurable en raison de son état de santé, la réversibilité est un moyen de remplacer un capital d’assurance vie à coût raisonnable, précise-t-on dans ce document.

Parmi les avantages de la rente viagère, notons que les versements ne sont pas soumis au marché et aux variations des taux d’intérêt, souligne UV Mutuelle sur son site Internet.

Annie Boivin indique que l’ajout de ce produit dans la planification de retraite et successorale des clients dépend de l’âge des clients. Pour un couple dans la cinquantaine, c’est tôt pour prendre une partie de son capital et l’investir dans une rente, selon elle.

«La rente est un produit financier de contexte. Par exemple, un homme de 76 ans dont la nouvelle conjointe est beaucoup plus jeune peut prendre une rente réversible à 100 % avec une partie de ses placements, afin d’assurer un revenu continu à cette dernière», dit-elle.

«Pour que la rente viagère soit rentable, le client doit vivre longtemps», ajoute pour sa part David Truong. Selon lui, la rente viagère ne doit pas être le seul élément d’un plan financier et le capital qui y est alloué doit être suffisant. La rente, «ça vient assurer un revenu, mais pas une retraite», dit-il.

On doit aussi tenir compte du fait que le client perd accès à son capital, d’où l’importance de ne pas tout miser sur les rentes.

«À la retraite, les clients ont besoin de sécurité et de flexibilité pour pouvoir payer des dépenses médicales ou imprévues», explique Annie Boivin.

Par ailleurs, pour protéger le conjoint survivant, un couple peut bien entendu économiser le plus d’argent possible afin de pallier le manque qui pourrait nuire au conjoint survivant.

«La planification de la retraite, c’est comme planifier un voyage : on connaît sa destination, mais des fois il y a des imprévus qui nous obligent à sortir de la route tracée», souligne Sussy Galvez.