Christine Lengvari a emprunté plusieurs chemins avant de prendre les rênes de Lengvari Financière, une entreprise familiale fondée il y a plus de 60 ans par ses parents, des réfugiés hongrois. Mais avec toujours une ligne directrice : l’avancement des femmes, dans un milieu composé majoritairement d’hommes, et le soutien à la collectivité.

Son parcours vient d’ailleurs d’être récompensé par la Chambre de la sécurité financière (CSF), qui lui a décerné le Prix Distinction lors de sa 10e édition des Prix Excellence, tenue à la mi-novembre. Un honneur d’autant plus grand que ces prix «sont décernés par un jury composé de confrères et consoeurs de l’industrie», commente la présidente et directrice générale de Lengvari Financière, un cabinet de courtage en assurance vie, spécialisé en planification de succession et de retraite pour les propriétaires d’entreprise et les particuliers.

Christine Lengvari avait pourtant d’abord obtenu, en 1972, un baccalauréat ès sciences… en psychologie, à l’Université Concordia, et elle n’avait pas l’intention de marcher dans les pas de ses parents, dont les discussions autour de la table portaient trop souvent sur l’univers particulier des assurances ! Mais en 1995, après un long séjour en Afrique du Sud, elle revient au Québec pour se rapprocher de ses parents vieillissants, qui lui offrent du même coup de prendre la relève.

Diversifier ses expériences de travail

Christine Lengvari conseille d’ailleurs aux plus jeunes qui souhaitent travailler au sein d’une entreprise familiale, ou d’en reprendre le flambeau, de faire d’abord leurs classes dans d’autres firmes.

«Ce n’est pas l’endroit idéal pour se faire les dents. C’est important d’avoir des expériences de travail ailleurs, où on sera plus à l’aise d’exprimer ses opinions, sans peur de froisser des membres de la famille», souligne celle qui a travaillé comme comptable agréée, spécialisée en évaluations, fusions et acquisitions d’entreprises, en plus d’avoir enseigné la comptabilité financière à l’Université McGill et à l’Université du Natal, à Durban, en Afrique du Sud.

Par ailleurs, un conseiller en assurance qui entre sur le marché du travail devrait d’abord «travailler dans une firme qui a ses propres agents captifs. C’est le meilleur endroit pour faire son apprentissage», dit-elle.

Apprendre, toujours apprendre

Après son diplôme en psychologie, Christine Lengvari a obtenu un MBA à la Ivey Business School de l’Université Western Ontario, puis poursuivi des études supérieures en comptabilité à l’Université McGill. Quelques années plus tard, elle décrochera le titre professionnel d’assureur vie agréé (AVA) et celui de conseiller en planification pour les aînés (CPA, ou EPC en anglais, pour Elder Planning Counselor).

«C’est important d’avoir le plus de diplômes ou de certificats possible, surtout quand on envisage un changement de carrière ou souhaite le faire», estime Christine Lengvari qui, encore aujourd’hui, suit divers cours ou séminaires en formation continue.

Avoir un mentor

Christine Lengvari n’a pas eu la chance d’avoir de mentor. Mais elle souligne l’importance de «compter sur une personne qui peut nous prendre sous son aile et mieux nous guider», souligne celle qui avait été nommée l’une des «50 femmes d’influence dans l’industrie de l’assurance vie du Canada» par le Journal de l’assurance, en 2014. Un rôle qu’elle prend aujourd’hui plaisir à jouer, en particulier auprès des jeunes femmes qui souhaitent faire carrière dans l’industrie financière, voire dans d’autres sphères d’activité.

«Quand j’ai fait mon MBA, il y avait seulement 10 % de femmes. Puis, quand j’ai commencé à travailler dans l’industrie financière, c’était un milieu composé principalement d’hommes et j’ai souvent senti qu’on ne me prenait pas au sérieux. Les temps ont changé, mais il reste encore du chemin à faire», constate celle qui préside le programme Concordia Alumni Women and Leadership et s’implique particulièrement auprès des étudiantes de l’Université Concordia.

Redonner à la collectivité

Son alma mater compte toujours beaucoup pour Christine Lengvari qui, en avril dernier, lui a ainsi fait un don planifié personnel de 1 M$. Cette somme permettra entre autres d’offrir des bourses d’études aux femmes qui choisiront le Programme de gestion de portefeuille Kenneth Woods, de la John Molson School of Business de Concordia.

«Quand on a été choyé par la vie, c’est essentiel de s’impliquer et de redonner à la collectivité», estime Christine Lengvari, dont l’esprit philanthropique a pris naissance pendant son séjour en Afrique du Sud, où elle s’était rendue lors d’une année sabbatique qui a duré… six ans ! En pleine période de bouleversements politiques survenus avec la libération de Nelson Mandela, en février 1990, Christine Lengvari a mis en place un organisme sans but lucratif qui, au moyen d’une loterie, recueillait des fonds pour financer des projets de création d’emplois dans des collectivités défavorisées du Zululand.

Aujourd’hui, elle siège au conseil exécutif montréalais du Forum international des femmes (IWF), de même qu’au Comité des relations gouvernementales et au groupe de Politique fiscale de la Conference for Advanced Life Underwriting (CALU).