Natalie Hotte, crédit photo : Martin Laprise

«Je n’en revenais pas», s’exclame Natalie Hotte, fiscaliste, planificatrice financière et conseillère principale chez Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine et Trust Banque Nationale.

«Ce qui m’a le plus touchée, c’est que des gens se soient arrêtés pour analyser la question et aient conclu : « Cette année, c’est Natalie qui le mérite ». C’est la plus belle chose qui me soit arrivée de toute ma carrière. Surtout, ça a confirmé mes choix», ajoute-t-elle.

Si Natalie Hotte intervient aujourd’hui à titre d’experte-conseil en fiscalité, elle ignorait complètement au départ quel type de carrière elle allait mener. «J’ai un côté très sensible. J’aime l’humain, la gestion, mais je me suis cherchée longtemps. Même au baccalauréat, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire», confirme-t-elle.

Cette native de Sainte-Adèle, dans les Laurentides, et benjamine d’une fratrie de six frères et soeurs savait néanmoins qu’elle poursuivrait des études universitaires. «Toute ma famille y est allée et ce n’était même pas une question. Ma mère va avoir 92 ans et a toujours été une femme de tête. Elle a fait les « beaux-arts » et aurait pu avoir une carrière, mais elle l’a sacrifiée pour son mari parce que c’était comme ça, à l’époque. Par contre, elle nous a toujours poussées, ma soeur et moi, à trouver une profession.»

Natalie Hotte a d’abord étudié l’économie, mais comme elle n’aimait pas cela, elle s’est tournée vers l’administration. Elle a obtenu son baccalauréat de l’Université du Québec à Montréal en administration des affaires, option finances en 1989. Puis, jugeant sa formation trop générale, elle a poursuivi à la maîtrise.

Elle a d’abord pensé s’inscrire en finance à HEC Montréal, mais a plutôt choisi d’attendre un peu, puisqu’un programme en fiscalité allait bientôt y être offert. Natalie Hotte avait développé «un certain intérêt pour la fiscalité des particuliers, même si c’était encore nébuleux» et, à l’époque, seule l’Université de Sherbrooke offrait le programme de maîtrise en fiscalité.

«Je travaillais alors au Montréal Trust et pour aller à Sherbrooke, il aurait fallu que je quitte mon emploi. Puis j’ai eu une peine d’amour, j’ai décidé de ne plus attendre après HEC et de m’éclipser. Alors je me suis inscrite à Sherbrooke et je suis partie», raconte Natalie Hotte.

Elle a obtenu son diplôme d’études supérieures en fiscalité en 1992. Les emplois à l’époque se faisant rares, elle est d’abord retournée travailler dans une institution financière, un milieu au sein duquel elle avait été employée pendant ses études au baccalauréat. Elle a rejoint le Trust Capital, mais comme il s’agit plutôt d’une firme de gestion de portefeuille, même si elle y a noué de solides relations, elle «ne s’y voyait nulle part».

Quelques mois plus tard, en 1993, elle s’est jointe à Raymond Chabot Grant Thornton, où elle a d’abord évolué en gestion privée. Puis, en 1999, la volonté de concilier son travail et sa famille, de passer davantage de temps avec ses enfants, l’a amenée à migrer vers l’équipe de Gestion de risque et recherche en fiscalité, un service offrant du soutien aux fiscalistes.

«C’est un cabinet comptable, alors il y avait du temps facturable, et moi, j’ai compris avec les années que ma personnalité progressait mieux auprès des professionnels, évoque-t-elle. Ce que j’aime, c’est la fiscalité, chercher et expliquer, mais je ne veux pas devenir associée et bâtir une clientèle.»

Natalie Hotte est d’avis que cette transition est l’un des moments clés de sa carrière. «Ce fut une révélation. Dès que je suis allée vers le soutien, où quelqu’un m’aidait à gérer le volet relationnel, j’ai trouvé mon équilibre. Je dis tout le temps que j’ai besoin d’un écran entre les clients et moi, parce que même si j’aime beaucoup parler aux clients, vulgariser, je veux tellement donner qu’ils vont venir tout chercher et que je n’aurai plus d’énergie. Alors, à compter de ce moment, lorsque le client avait des questions, elles passaient par un intermédiaire à qui je devais répondre.»

Elle demeurera près de 15 ans chez Raymond Chabot Grant Thornton avant de quitter la société, en 2007, pour la Financière Banque Nationale. «Les choses allaient bien. Par contre, on sentait que l’entreprise voulait croître vers le volet des entreprises, et moi, je ne me voyais pas dans cette évolution», analyse Natalie Hotte.

Au moment de partir, elle a d’ailleurs hésité entre les bureaux d’actuaires et les institutions financières. «Ma plus grande peur était d’être obligée de vendre quelque chose. Mais la Financière Banque Nationale, c’est du courtage, et les conseillers, ce sont des entrepreneurs. Ils ont chacun leurs clients et gèrent leurs portefeuilles. Il n’a donc jamais été question de vendre quoi que ce soit.»

La Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine est la cinquième firme de courtage en valeurs mobilières au Canada. Elle compte près de 1 000 conseillers en placement, y compris des Pl. Fin, des CFA, des notaires, des avocats et des fiscalistes, répartis dans plus de 100 points de service au Canada et servant plus de 400 000 clients particuliers. La firme génère un revenu annuel de plus de 550 M$ et a près de 75 G$ d’actifs sous gestion, pour une part de marché de 27 % au Québec et de 9 % au Canada, selon les données connues au 31 décembre 2017.

Implication continue

«Dans une équipe, Natalie Hotte est une valeur ajoutée très importante. Multidisciplinaire, elle a le souci de ne jamais mettre la fiscalité au-devant de l’aspect financier ou juridique. Sa curiosité lui permet d’aller plus loin et de découvrir diverses facettes souvent méconnues», témoigne Daniel Laverdière, directeur principal, planification financière et services-conseils chez Banque Nationale Gestion privée 1859, qui a recommandé son embauche à la Financière Banque Nationale.

«C’est sûr que Daniel a joué un grand rôle dans ma décision. Ça faisait longtemps que je voulais travailler avec lui», signale d’emblée Natalie Hotte, qui l’a connu en se joignant à l’IQPF, en 1997.

Natalie Hotte a siégé au conseil d’administration de l’IQPF de 1999 à 2007. Daniel Laverdière y siégeait déjà quand elle y est entrée et c’est là qu’ils ont commencé à collaborer sur différents dossiers. Elle en retient «cette volonté d’aller au fond des choses, que j’ai voulu adopter».

C’est Hélène Bronsard, sa patronne de l’époque chez Raymond Chabot Grant Thornton, elle-même très impliquée auprès de l’IQPF et aujourd’hui à la retraite, qui l’a incitée à aller vers l’organisme, puis à devenir formatrice.

«Elle est certainement l’une des personnes les plus importantes dans ma carrière. Elle m’a notamment appris la nécessité de prendre soin de soi, aussi», souligne-t-elle.

Natalie Hotte a d’ailleurs appris à dire non et à mieux gérer les priorités, même si son agenda déborde toujours autant. «J’aime beaucoup m’impliquer partout, que ce soit dans des associations professionnelles ou des comités de parents. C’est ça qui me nourrit», dit-elle.

Natalie Hotte préside d’ailleurs le comité des activités régionales (Montréal) de l’Association de planification fiscale et financière (APFF) depuis 2005 et siège au conseil d’administration de l’organisme depuis 2017.

Elle est également mentor en fiscalité à l’IQPF depuis 2008. Son sujet de prédilection : la philanthropie. «Je pense que, malheureusement, les gens donnent n’importe comment sans vraiment y réfléchir. Nous avons intégré un peu plus de philanthropie dans nos chapitres de formation et je pense qu’un jour cela pourrait devenir un autre domaine d’expertise des planificateurs financiers. J’y crois beaucoup.»

Natalie Hotte n’est d’ailleurs pas convaincue que la population possède une meilleure connaissance des questions financières qu’il y a 15 ou 20 ans. «Les gens sont plus curieux et ont accès à des plateformes d’information plus complètes, mais souvent, ces outils les désinforment et les accompagnent mal. Alors ils font des gestes, et en fiscalité, ce n’est pas la conclusion qui est importante, c’est le geste.»

C’est pourquoi elle est d’avis que le rôle que jouent le planificateur financier et le conseiller en placement formé au volet gestion de patrimoine est des plus importants. «C’est gagnant pour un client d’avoir une personne comme ça dans sa vie. Le conseiller ou le planificateur allume des lumières et s’il n’est pas toujours capable de voir le détail, ce dont l’expert pourra se charger, il va pouvoir éviter que la gaffe soit commise.»

En raison de toute l’incertitude qui marque l’évolution de la fiscalité au cours des dernières années, elle croit d’ailleurs que le volet humain, l’accompagnement, est encore plus important qu’avant, «si l’on veut que le client prenne la décision qu’il veut réellement prendre».