Nous avons retenu deux tendances par spécialiste, de même que leur meilleure stratégie offensive et défensive pour chacune des deux tendances.

Steve Belisle

Gestionnaire de portefeuille principal, actions

Gestion d’actifs Manuvie

Tendance 1 (T1) – Investissement gouvernemental en infrastructures et en énergies renouvelables : Selon lui, le nouveau gouvernement de Justin Trudeau n’est pas le seul à vouloir augmenter les investissements dans les infrastructures, tout en luttant contre le changement climatique. «La plupart des pays industrialisés feront de même au cours des prochaines années, d’autant plus que nombre d’entre eux souhaitent augmenter l’utilisation des énergies renouvelables, ce qui nécessite des investissements massifs.» Par exemple, aux États-Unis, le US Highway Bill prévoit des investissements de 300 G$ US en six ans.

Stratégie offensive (SO) : «Le meilleur moyen d’en profiter est d’investir dans les entreprises qui pourraient décrocher davantage de contrats.»

Stratégie défensive (SD) : Selon Steve Belisle, on peut considérer les entreprises qui détiennent et exploitent des actifs d’infrastructure. «D’autre part, comme ces programmes de dépenses pourraient intensifier l’activité économique locale, les banques auront aussi tendance à en bénéficier indirectement.»

Tendance 2 (T2) – La reprise des cours du pétrole : Étant donné le prix déprimé du pétrole, les entreprises réduisent radicalement leurs dépenses en forage, ce qui a déjà commencé à faire diminuer la production aux États-Unis et ailleurs. «Pendant ce temps, la croissance de la demande demeure encourageante. Vers la mi-2016, le surplus mondial de production se sera en grande partie estompé, ce qui mettra une pression à la hausse sur le cours du brut.» Selon lui, le coût marginal d’un baril de pétrole se situe autour de 65 $ US, mais en période de reprise, le prix a tendance à être plus élevé que le coût marginal.

SO : Il propose d’investir directement dans le secteur pétrolier, en favorisant des entreprises d’exploration et de production «qui ont un bilan solide et de bons actifs», comme les albertaines Vermillion Energy ou ARC.

SD : Il suggère de détenir des titres qui bénéficient indirectement de l’activité pétrolière. «On pourrait penser aux banques canadiennes en général, à certains titres industriels, à des fiducies de placement immobilier, ainsi qu’à des entreprises d’infrastructures énergétiques.»

Jean Duguay

premier vice-président, Placements, et Gestionnaire principal,

Gestion de placements Eterna

T1 – La faiblesse de l’économie européenne : Selon Jean Duguay, l’économie européenne pâtit des problèmes d’endettement de certains pays comme la Grèce, ainsi que du conflit géopolitique en Ukraine. «Alors que certains de ces enjeux sont simplement repoussés vers l’avant, il est légitime de croire que la croissance de cette économie sera très lente, et ce, même en tenant compte des mesures d’assouplissement quantitatif qui devraient être maintenues pour encore un certain temps.»

SO : Il propose d’investir dans les pays qui ont connu des difficultés financières, mais qui pourront améliorer leur bilan financier dans les prochaines années, comme l’Espagne et l’Italie.

SD : Selon lui, il est préférable de cibler les sociétés européennes de secteurs non cycliques, «qui ont un bon bilan financier et qui mènent une portion importante de leurs activités à l’international».

T2 – La faiblesse du prix des matières premières (mines et métaux) : Le ralentissement économique des pays importateurs de ressources comme la Chine a un impact direct sur le prix des matières premières. «Alors que la demande de ces ressources naturelles est sous pression, les sociétés d’exploration et de production n’ont pas réduit leurs activités pour autant, générant ainsi un déséquilibre important pour plusieurs ressources minières.»

Selon lui, les sociétés impliquées ont d’ailleurs vu leur capitalisation boursière considérablement réduite au cours des derniers trimestres. Même si ces entreprises peuvent sembler attrayantes à leurs prix actuels, «les risques qui leur sont associés sont trop imposants».

SO : Il suggère une approche d’investissement axée vers les sociétés industrielles qui génèrent leurs revenus dans plusieurs sphères d’activité différentes.

SD : Il propose de limiter l’exposition aux sociétés d’exploration et de production à court terme.

Michel Doucet

vice-président et gestionnaire de portefeuille

Valeur mobilières Desjardins

T1 – Asynchronisme économique et monétaire entre les pays : À ses yeux, les États-Unis continueront d’être en position de tête en 2016, avec un long cycle d’expansion économique qui dure depuis six ans. En Europe et au Japon, la reprise s’amorcera graduellement, tandis que la Chine verra son économie ralentir.

SO : Michel Doucet suggère une pondération neutre et une pondération forte dans les actions. «Surpondérez les États-Unis, l’Europe et le Japon dans la répartition de l’actif. Surpondérez les secteurs financier, technologique, industriel et de la consommation discrétionnaire.» Il propose aussi d’avoir une pondération forte dans les grandes capitalisations.

SD : Il suggère notamment de réduire la pondération des titres à revenu fixe dans les portefeuilles. Il propose aussi de diminuer la pondération du Canada et des pays émergents, du secteur des ressources, de même que des petites et moyennes capitalisations.

T2 – La Chine en perte de vitesse : La décélération de l’économie chinoise se poursuivra en 2016. Selon lui, cette perte de vitesse tient en grande partie au changement structurel du modèle de croissance économique de la Chine, de plus en plus axé sur les services.

SO : Michel Doucet suggère de se préparer à une reprise possible de l’économie chinoise. «L’investisseur qui veut s’exposer à un rebondissement éventuel de l’économie de la Chine et de sa Bourse devrait privilégier des titres de consommation chinois, et des producteurs de ressources ailleurs dans le monde.»

SD : Il suggère de réduire au minimum la pondération dans les pays émergents et d’éviter d’investir dans les indices boursiers en Chine, et ce, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’incertitude économique à propos de ce pays.

Daniel Solomon

Vice-président principal, chef des placements et gestionnaire de portefeuille principal

Placements NEI

T1 – La Banque centrale européenne (BCE) poursuivra sa politique expansionniste : L’assouplissement quantitatif (AQ) de la BCE devrait stimuler le marché européen des actions, tandis que la faiblesse de l’euro pourrait bénéficier aux exportateurs européens. Selon lui, il est possible que l’AQ soit poursuivi en 2017 si l’inflation et la croissance ne répondent pas aux attentes de la BCE.

SO : Il suggère d’avoir une pondération forte d’actions européennes et de vendre des euros.

SD : Il propose de se prémunir contre une dépréciation de l’euro pour les catégories d’actifs moins risqués tels que les revenus fixes mondiaux.

T2 – La Réserve fédérale américaine (Fed) augmentera son taux directeur : Les données récentes montrent que l’économie américaine est à mi-chemin de son cycle d’expansion, où le resserrement de la politique monétaire est attendu. «Les conditions économiques actuelles sont favorables aux catégories d’actif à haut rendement (hors énergie).»

SO : Il suggère notamment de favoriser les obligations américaines à haut rendement, «qui ont tendance à être moins sensibles aux taux d’intérêt».

SD : Puisqu’il faut s’attendre à une augmentation des taux d’intérêt aux États-Unis en 2016, il propose de réduire la pondération des obligations de haute qualité dites Investment grade US – des obligations qui ont une cotation supérieure à BBB – en raison de leur risque de taux d’intérêt.

François Bourdon

Chef des solutions de placements

Fiera Capital

T1 – L’économie mondiale reprend des forces : La reprise mondiale sera plus forte que prévu. Selon lui, elle poursuivra probablement son expansion, et ce, principalement grâce à l’apport de la consommation américaine et de l’amélioration de la situation dans les autres pays développés.

SO : Il suggère d’acheter des actions canadiennes, et ce, en investissant dans le FNB Horizons indice S&P/TSX 60MC et le iShares S&P/TSX Capped Energy Index ETF.

SD : Il propose de vendre des obligations.

T2 – Dynamisme de l’Amérique du Nord : «L’Amérique du Nord connaîtra de meilleurs résultats économiques par rapport aux autres régions du monde, parce que durant les années 2000 à 2010, les pays émergents ont vu le coût de la main-d’oeuvre augmenter beaucoup en comparaison avec celui des États-Unis et du Mexique.»

De plus, souligne-t-il, la valeur du dollar américain et du peso mexicain s’est fortement dépréciée et le prix de l’énergie est relativement moins élevé en Amérique du Nord qu’ailleurs. Une situation qui a permis aux États-Unis de retrouver un niveau de compétitivité intéressant, ce qui s’est traduit récemment par une meilleure performance qui se poursuivra en 2016.

SO : Il propose d’acheter des actions américaines de petite et moyenne capitalisation.

SD : Il suggère d’acheter des obligations de moins de cinq ans au Mexique.

Guy Côté

Conseiller en placement

Financière Banque Nationale

T1 – Pression déflationniste en Europe : Selon Guy Côté, la pression à la baisse sur les prix continuera en Europe, particulièrement dans la zone euro. Dans ce contexte, la BCE devrait continuer sa politique d’assouplissement quantitatif.

SO : Il propose d’acheter des actions européennes.

SD : Il suggère d’acheter des obligations de pays européens.

T2 – Le dollar américain restera fort : Depuis la crise financière de 2008, le dollar américain s’est apprécié par rapport aux principales devises, et cette tendance devrait se poursuivre en 2016.

SO : Il propose que les investisseurs s’exposent au dollar américain, en investissant par exemple dans les titres technologiques.

SD : Il suggère d’éviter les ressources naturelles, y compris le pétrole.