Deux mains en coupe tenant un peu de terre avec un arbre miniature dedans.
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L’écologie a toujours fait partie des valeurs fondamentales d’Ann-Rebecca Savard, mais elle admet ne s’être vraiment intéressée à l’investissement responsable (IR) qu’à la suite d’une rencontre avec un client.

Cet événement décisif pour le reste de sa carrière a eu lieu au moment où elle commençait à peine à pratiquer. Ce client était le fils d’un client de son père (Gino-Sébastian Savard) et il s’y connaissait bien en placement. Alors qu’elle-même était stressée, «parce qu’à l’époque c’était toujours le cas dans les premières rencontres», il a commencé à poser des questions très pointues.

Si ces questions ont assurément sorti Ann-Rebecca Savard de sa zone de confort, la conseillère aux ventes et à l’investissement chez MICA Cabinets de services financiers ne s’est pas démontée et a réussi à nourrir la discussion jusqu’à ce qu’il lui demande si elle était capable d’ajouter des fonds verts ou d’IR à son portefeuille.

«Ça faisait quelques mois que j’étais sortie de l’université, je ne connaissais pas encore tous les produits qui existaient et, en fait, je ne m’y connaissais pas du tout en fonds ESG [qui prennent en compte les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance]», raconte-t-elle.

Honteuse de ne pas avoir réussi à lui en parler, elle s’est informée sur le sujet, ce qui a piqué son intérêt. «J’ai fait toutes les recherches et analyses par rapport à ça, et maintenant ça constitue le fond de mon expertise», relate la conseillère qui est maintenant membre de l’Association pour l’investissement responsable (AIR) et a suivi le cours de spécialiste en IR.

Aujourd’hui, ses propres placements sont à 100 % dans des fonds ESG, verts ou thématiques et elle aborde toujours ce sujet avec ses clients.

«Juste de voir le chemin qu’on est capable de parcourir en aussi peu de temps, c’est incroyable», commente-t-elle en riant.

Une façon peu banale d’aborder le sujet 

«Quand je rencontre les clients pour la première fois, je leur parle tout le temps un peu d’ESG. Souvent, c’est un moment d’engouement, parce que les gens qui m’entourent me ressemblent et sont très intéressés par ces investissements», déclare Ann-Rebecca Savard.

La façon dont elle aborde le sujet ESG avec ses clients n’est pas banale. Elle-même la décrit comme étant une «approche caméléon». Elle leur pose ainsi des questions de base au sujet de leur voiture ou sur leurs sentiments par rapport aux nouveaux règlements sur le compostage.

«Beaucoup se demandent pourquoi je leur pose ces questions», s’amuse la conseillère. Selon les réponses qu’ils donnent, elle adapte ensuite la discussion. Ainsi, si la personne dit haïr le compost, elle n’aborde tout simplement pas le sujet, mais si au contraire elle possède une voiture hybride et fait son propre compost, elle lui propose de mettre une partie de ses placements dans des titres ESG ou verts.

Ses publications sur les médias sociaux lui offrent une autre façon de s’assurer de l’intérêt de ses clients pour l’IR tout en les éduquant. Si les personnes aiment ou commentent, elle les contacte pour savoir si cela les intéresse d’avoir des placements ESG.

Ann-Rebecca Savard met toutefois un point d’honneur à ne pas brusquer ses clients. Si elle sent qu’ils ne sont pas assez à l’aise avec ce type de placements, elle leur propose d’attendre leur prochaine rencontre pour se lancer, ou tout simplement d’allouer une moins grande partie de leur portefeuille à l’ESG.

Les types de produits 

Si Ann-Rebecca Savard reconnaît que les fonds d’obligations ESG l’intéresseraient, elle déplore le fait qu’il n’y en ait pas davantage. Les obligations vertes sont ainsi très rares, et lorsqu’on en lance une, toutes les sociétés d’investissement se jettent dessus, ce qui en fait augmenter le prix.

Elle-même privilégie donc la gestion active. La pandémie actuelle semble valider son choix: «C’est vraiment dans les situations comme celle-là qu’on voit que l’allocation d’actifs d’un bon gestionnaire de portefeuille va avoir un effet décisif», affirme-t-elle.

Elle choisit également des fonds qui effectuent de l’IR par facteurs d’exclusion. «Pour moi, c’est la meilleure façon. C’est comme éviter d’acheter d’une certaine entreprise parce qu’on ne veut pas l’encourager», ajoute-t-elle.

Une véritable façon de penser

Ann-Rebecca Savard est convaincue que l’avenir des rendements est dans l’IR et les facteurs ESG. Elle est sûre qu’un jour, en raison de l’urgence environnementale, les entreprises n’auront pas d’autre choix que de devenir responsables.

«Certaines entreprises se disent depuis une dizaine d’années qu’elles vont augmenter leurs technologies en télétravail et fonctionner sans papier, mais elles ne le font pas parce qu’elles n’ont pas l’obligation de le faire. Mais quand une crise arrive, comme celle du coronavirus, l’urgence est là et ça les force à agir concrètement et très rapidement», dit-elle.

Selon elle, à un moment donné, ces critères-là vont tellement aller de soi que l’acronyme ESG ne voudra plus rien dire. Pour le moment, elle estime que c’est son rôle d’expliquer à ses clients ce qu’est l’IR pour les pousser à se lancer là-dedans.

«En tant que conseillère en investissement, la seule chose sur laquelle j’ai du contrôle pour aider le plus possible, c’est dans mes recommandations à mes clients. Actuellement, tous mes clients investissent dans plusieurs produits d’IR. Je me dis qu’il y a un peu d’argent qui vient de mes clients dans plusieurs causes», conclut-elle.