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Déjà, « les places financières se sont calmées, après une réaction normale à une victoire surprise. Elles s’ajustent à un scénario qui semblait improbable », commente Francis Généreux, économiste principal au Mouvement Desjardins.

Le vent d’incertitude n’est pas pour autant dissipé, alors que les investisseurs auraient préféré une victoire de son adversaire Hillary Clinton. À preuve : depuis 1928, le rendement annuel moyen de l’indice S&P 500 dans la première année d’une présidence démocrate s’élève à 16,4 %. Par contre, le rendement annuel moyen de l’indice dans la première année d’une présidence républicaine est d’à peine 0,8 %, souligne Stephen Rogers, stratège en placements au Groupe Investors.

« Pour les marchés, rien n’est pire que l’incertitude », rappelle Stephen Rogers, précisant qu’il faut s’attendre à ce que Donald Trump mène sa présidence comme sa campagne, « de manière brouillonne et imprévisible ». Or, dit-il, l’imprévisibilité de ses politiques aura un impact sur les multiples et les valorisations en bourse.

L’élection de Donald Trump pourrait provoquer de l’incertitude passagère qui favoriserait, à très court terme, les actifs moins risqués et très liquides comme les obligations américaines, estime Francis Généreux. « Une baisse des taux à très court terme est donc envisageable, même si ces politiques semblent plutôt défavoriser le marché obligataire », ajoute-t-il, soulignant au passage qu’il serait étonnant de le voir renouveler le mandat de Janet Yellen à la tête de la Réserve fédérale américaine, qui doit prendre fin au début de 2018.

ALENA, PTP ?

Par ailleurs, l’économie américaine pourrait à court terme « profiter des fortes baisses d’impôt pour les entreprises et les particuliers annoncées par Donald Trump », indique Francis Généreux.

Mais encore là, la croissance économique américaine est historiquement plus rigoureuse lorsque les démocrates sont au pouvoir. Depuis le début des années 1950, la croissance moyenne du PIB sous les présidents démocrates est de 3,7 %, comparativement à 2,7 % lorsqu’un président républicain occupe la Maison-Blanche.

Le plus grand risque repose sur la rhétorique protectionniste et anti-libre-échange martelée par Donald Trump tout au long de sa campagne électorale.

Pour le Canada, un regain de vie du protectionnisme américain et la fin de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) aurait des conséquences néfastes pour l’économie canadienne. L’effet pourrait être particulièrement important pour le Québec et l’Ontario où le secteur manufacturier joue un grand rôle, rappelle Francis Généreux.

Mais, « les critiques de Donald Trump envers l’ALÉNA visent principalement le Mexique et ses faibles coûts de la main-d’oeuvre, et non pas le Canada où les salaires sont élevés et comparables aux travailleurs américains », constate Francis Généreux.

Par ailleurs, « il est très peu probable que le Congrès soit d’accord pour annuler ce pacte, puisque ses principaux bénéficiaires se trouvent dans de nombreuses circonscriptions électorales des membres du Congrès », estime Stephen Rogers.

La plupart des multinationales américaines seraient largement perdantes si les prochains pactes de libre-échange sont torpillés et que les pactes existants sont défaits. Les sociétés de transport ferroviaire et maritime en pâtiraient elles aussi, surtout celles qui assurent les échanges commerciaux avec le Mexique et la Chine.

Le secteur des ressources, en particulier le pétrole et le gaz, pourrait toutefois profiter de l’élection de Donald Trump qui souhaite accroître le nombre de sites de forage et favorise le projet Keystone XL. Par contre, les énergies renouvelables pourraient écoper alors que le nouveau président ne croit pas aux changements climatiques.

Enfin, le secteur financier pourrait recevoir un coup de main de la part de Donald Trump qui mise sur la déréglementation. « Il a déjà annoncé son intention de mettre au rancart la politique de réglementation financière mise en place par l’administration Obama.