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« Dans l’environnement actuel, les investisseurs ont tendance à se concentrer sur des événements à court terme. Les gestionnaires de placement ne doivent évidemment pas négliger cette réalité, mais ils doivent aussi penser en fonction du long terme », souligne Yvan Breton, chef de la gestion fiduciaire pour le Canada de la firme Mercer qui tenait son Forum global d’investissement, à Montréal le 3 novembre.

Le vote du Brexit, par exemple, a contribué à alimenter l’instabilité géopolitique et économique. Son incidence s’est traduite, pour la plupart des régimes de retraite, par une diminution du ratio de solvabilité pour le premier semestre de 2016, indiquait alors l’indice Mercer sur la santé financière des régimes de retraite.

Aujourd’hui, le Brexit « est pratiquement de l’histoire ancienne alors que les marchés internationaux ont absorbé la nouvelle », constate Yvan Breton, précisant que le Royaume-Uni reste néanmoins aux prises avec une dépréciation de leur devise et du marché immobilier.

Or, « d’autres coups de tonnerre politiques pourraient frapper l’Union Européenne au cours des 12 prochains mois », indique le gestionnaire de portefeuilles institutionnels de Genève, Unigestion, dans une note publiée récemment.

La montée de partis et de candidats antisystèmes en Italie, en Autriche et aux Pays-Bas, où se tiendront des élections ces prochains mois, avive les risques politiques, indique Unigestion. Sans oublier l’élection américaine qui pourrait mener Donald Trump aux portes du pouvoir. Sa récente remontée dans les sondages a ainsi affecté les marchés boursiers qui viennent de connaître une semaine difficile.

Le risque politique doit donc faire l’objet d’une étroite surveillance puisqu’il est susceptible d’être un facteur de performance pour de nombreux investisseurs, prévient Unigestion. Mais si l’incertitude politique représente un défi pour les marchés, « l’impact sera limité et souvent de courte durée », ajoute le gestionnaire de portefeuille.

Yvan Breton fait écho à ses propos. « Ça ne change pas les données à moyen et long terme. L’impact sera alors marginal pour le marché boursier et celui des capitaux », dit-il.

Faiblesse des taux d’intérêt

Les bas taux d’intérêt, jumelé à la faiblesse du dollar canadien, sont d’autres facteurs d’incertitude et d’interrogation. « Les politiques de placement de nos clients sont confrontées à ces différents risques », constate Yvan Breton.

Pour certains, la précarité du régime de retraite engendre des préoccupations du risque à court terme. D’autres, dont le régime de retraite n’est pas un enjeu dans le processus décisionnel, peuvent envisager un horizon à plus long terme dans leur politique de placement.

Dans tous les cas, il faut s’assurer « d’avoir un appariement entre l’actif et le passif. Qui dit appariement, ne veut pas dire être investi à 100 % en obligations. On a toujours besoin d’actifs de croissance à long terme et une politique de placement la plus diversifiée possible », rappelle Yvan Breton.

Les investisseurs doivent aussi songer à accéder à de nouvelles classes d’actifs. « Le beta du marché va demeurer assez bas dans les prochaines années. Est-ce qu’il y a moyen d’aller chercher plus d’alpha, donc davantage de valeur ajoutée », indique Yvan Breton qui invite les investisseurs à parler davantage d’ingénierie financière. D’autant qu »ils doivent naviguer dans un environnement de faible rendement.