Depuis son arrivée chez PWL en 2001, ce gestionnaire s’intéresse au développement des FNB. À ce moment-là, l’offre de produits au Canada était plutôt faible, rappelle-t-il, mais elle était déjà considérable aux États-Unis et la firme n’hésitait pas à aller piger dans ce marché.

« iShares avait déjà des FNB axés sur des pays spécifiques depuis 1996 environ, se souvient-il, et il y avait aussi les fonds de State Street, appelés Street Tracks, qui ont disparu depuis. Avec ces deux fournisseurs, on pouvait déjà faire un bon bout de chemin en 2001. »

Sans conflits d’intérêt

Chez PWL, les FNB occupent environ 40 % des portefeuilles, dont l’actif total s’élève à 800 M$. La firme vise une clientèle fortunée, axée surtout sur la préservation du capital, la somme minimale à investir étant en général de 500 000$.

« Les FNB s’inscrivaient bien dans la mission de la firme », dit Raymond Kerzérho. Fondée en 1996, PWL visait une plus grande transparence et un meilleur appariement entre les intérêts des clients et ceux des gestionnaires. « On offre un service avec beaucoup moins de conflits d’intérêt que ce qui est courant dans l’industrie de la finance. »

Le plus apparent de ces conflits d’intérêt tient aux commissions de suivi. « On ne veut pas que le client se pose des questions comme « le conseiller a-t-il acheté un fonds dans mon intérêt ou dans le sien? » »

Répliquer le marché

Le principe cardinal de Raymond Kerzérho est de s’en tenir aux FNB dotés d’une couverture étendue.

« On cherche l’exposition au marché : actions, obligations à court terme, quelques fonds spécialisés en immobilier, marchés émergents. On n’utilise pas les catégories « exotiques », mais on peut s’intéresser à des FNB smart beta, soit ceux qui utilisent une indexation dite « intelligente », à la condition, encore une fois, que leur couverture soit large. Notre approche est classique. Il ne peut pas arriver quelque chose de mauvais à mes clients avec ça. »

Le plus important, juge-t-il, est de « répliquer le marché. Je ne veux pas me retrouver dans une situation où je ne fais pas de l’argent quand le marché en fait. Et le marché progresse 70 % du temps. »

Bien sûr, ajoute-t-il, « le marché peut baisser, mais il va y avoir une reprise aussi. Je ne suis pas coincé avec 20 titres; j’en ai plutôt 7000. J’aime avoir l’assurance que j’ai autant de compagnies en portefeuille et que les bonnes vont finir par compenser pour les mauvaises. »

De plus, les conseillers chez PWL composent leurs portefeuilles selon trois axes : l’international, le style valeur, l’orientation petites capitalisations.

À l’international, la présence de titres canadiens est loin d’être dominante, puisque le Canada ne représente que 2 % de la capitalisation boursière mondiale. L’accent se porte davantage sur les FNB à couverture internationale, les États-Unis y figurant au premier chef, suivi de l’Europe et des marchés émergents. Cela regroupe une cinquantaine de pays, les économies émergentes accaparant quand même une part significative de 25 %.

Toutefois, seuls sont retenus les FNB de pays émergents dont les titres sont cotés sur le parquet d’un pays développé. « Un titre coté à la Bourse de Londres, par exemple, doit se conformer aux règles de comptabilité et de gouvernance de ce parquet boursier», précise Raymond Kerzérho.

L’axe du style valeur privilégie des FNB dont les titres représentent un ratio très favorable entre la valeur comptable et le prix du titre en bourse. Enfin, la composition des titres privilégie au premier chef les petites capitalisations.

Blocs Lego

Raymond Kerzérho compare la composition des portefeuilles à des ensembles de blocs Lego : grande capitalisation, petite capitalisation, marchés émergents, style valeur, obligations à échéances diverses. Une liste complète des fonds utilisés par les gestionnaires de PWL occuperait trois pages dactylographiées, « mais l’essentiel de ceux qu’on utilise tient sur une seule page », note-t-il.

Les gestionnaires de PWL assemblent ces blocs selon une formule qui fait en sorte, par exemple, que les petites capitalisations occupent une plus grande part que leur poids de capitalisation relative dans les indices, ou encore de façon à privilégier un style valeur plutôt qu’un style croissance ou momentum.

Une part importante des portefeuilles est également réservée aux fonds communs, ceux de la firme américaine Dimensional occupent d’ailleurs une place prépondérante. Évidemment, les mêmes axes valent pour la sélection des fonds communs : international, valeur, petites capitalisations.

Raymond Kerzérho résume son approche dans la formule suivante : « On achète le marché, mais en mettant l’emphase sur les compagnies auxquelles les autres gestionnaires ne croient pas, et en retour on reçoit une prime de performance. »

La simplicité est la principale qualité que Raymond Kerzhéro prise dans les FNB. « La simplicité est votre meilleure amie, dit-il; à partir du moment où vous vous étirez parce qu’on vous promet du rendement supplémentaire, vous entrez en zone dangereuse. »