Façade de la Banque du Canada.
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La baisse de 0,25 % du taux directeur annoncée par la Banque du Canada (BdC) le 19 octobre dernier n’a pas constitué une véritable surprise pour les marchés. La véritable surprise est venue des commentaires du gouverneur Tiff Macklem. Celui-ci a laissé entendre que le cycle de réduction des taux d’intérêt touche probablement à sa fin. Il a justifié cette affirmation en expliquant que l’économie canadienne traverse une période de transition structurelle, notamment en raison des effets des tarifs américains et du ralentissement de l’investissement des entreprises.

Le gouverneur Macklem a ajouté que, le taux directeur se situe désormais à un niveau approprié pour ramener l’inflation vers la cible de 2 % — du moins tant qu’il demeure proche de son niveau actuel — tout en soutenant l’économie dans cette phase d’ajustement. Il a également reconnu que les dommages structurels causés par le conflit commercial réduisent la capacité de l’économie et augmentent les coûts. Cela limite le rôle que la politique monétaire peut jouer pour stimuler la demande tout en maintenant une faible inflation.

Une baisse rapide des taux d’intérêt

Il faut rappeler que le taux directeur a tout de même reculé de 2,75 % en seulement 15 mois.

Dans ce contexte pour le moins inhabituel, marqué par un choc commercial majeur et une incertitude économique persistante, la décision de la BdC de faire une pause et d’observer les effets de cette série de baisses est une marque de prudence.

Retour sur nos prévisions

Dans notre billet 2024 : année d’assouplissement de la politique monétaire publié en février 2024, nous anticipions une baisse significative des taux provoquée par un ralentissement marqué de l’économie canadienne. L’économie a effectivement frôlé la récession et les taux ont reculé davantage que prévu à l’époque. Nous avions alors recommandé le recourt au taux variable plutôt qu’au taux fixe pour les hypothèques, un conseil qui s’est généralement révélé judicieux.

De même, dans notre billet Analyse des taux hypothécaires : ce que nous anticipons pour 2025 publié en janvier 2025), nous avions évoqué une baisse additionnelle d’au moins 1 % du taux directeur. À nouveau, nos prédictions se sont avérées juste.

Après la forte remontée des taux en 2022, plusieurs consommateurs hésitaient à choisir le taux variable. Or, notre recommandation constante en faveur du taux variable au cours des deux dernières années a permis à de nombreux emprunteurs d’économiser considérablement et leur a évité les pénalités importantes liées aux hypothèques fixes offertes à un taux de plus de 5 %.

Et maintenant ?

En regardant vers l’avenir, nous croyons que l’incertitude qui marque l’économie canadienne, combinée à la poursuite des pertes d’emplois, continuera de freiner la croissance. De plus, il semble maintenant évident que le président américain cherche à conclure sa guerre commerciale en mettant en place de nouvelles ententes commerciales. Lorsque le tour du Canada sera venu, une désescalade tarifaire pourrait ramener un climat plus favorable au commerce et à la stabilité des prix.

Pour ces raisons, nous estimons que l’inflation reviendra graduellement vers la cible de la BdC et que de nouvelles baisses de taux sont probables en 2026.

Nous continuons donc de privilégier le taux variable, qui demeure selon nous la stratégie la plus avantageuse dans le contexte économique actuel. Cela dit, ce choix ne convient pas à tous les emprunteurs : il est essentiel d’évaluer soigneusement son profil de risque et sa tolérance à la volatilité avant de prendre un engagement. Pour ceux qui recherchent davantage de prévisibilité et de stabilité dans leurs paiements, le taux fixe sur trois ans représente une alternative intéressante, permettant de traverser cette période d’ajustement avec une certaine tranquillité d’esprit.

La gestion du passif constitue souvent la part la plus importante de la situation financière du client. Il est donc primordial de confier son analyse à un professionnel objectif, capable de guider le client et de lui faire pleinement comprendre sa valeur. Après tout, la gestion du passif n’est-elle pas tout aussi importante que celle des actifs ?