Il juge que le marché canadien n’est généralement pas surévalué : la correction du marché depuis 18 mois a fait que plusieurs titres sont redevenus attrayants à ses yeux, même à l’extérieur du secteur des ressources.

Cependant, il concède que l’évaluation de certains titres est difficile à justifier, en particulier dans les secteurs de la consommation.

«Nous avons beaucoup réduit notre exposition aux épiciers, que nous trouvons très coûteux. Cela dit, notre pondération dans les secteurs de la consommation de base et de la consommation discrétionnaire est de 6,64 % et 6,97 % respectivement, ce qui est supérieur à celle de l’indice S&P/TSX, qui est de 4,7 % tant pour la consommation de base que pour la consommation discrétionnaire», précise-t-il.

Steve Bélisle dit aimer encore beaucoup Alimentation Couche-Tard, qui occupe une niche particulière, de même que CVS Health Corp, qui détient la plus importante chaîne de pharmacies aux États-Unis. Les autres activités de la société la rapprochent d’un titre du secteur de la santé, où il trouve aussi des titres attrayants comme ceux de Medtronic, Bristol-Myers Squibb et Pfizer. Ce secteur compte pour environ 5,4 % du portefeuille.

Horizon sombre pour les banques

Le fonds ne détient que 16,8 % en titres bancaires, par rapport à 23,9 % dans l’indice S&P/TSX. «C’est une des pondérations les plus basses pour ce secteur depuis sept ans. Le rythme de croissance des bénéfices par action ralentit fortement. Ce problème s’accentue avec la déconfiture du secteur de l’énergie. Son rebond récent nous a permis de tirer encore davantage de profits des titres bancaires», explique Steve Bélisle.

Par contre, le fonds détient près de 8 % en titres immobiliers, par rapport à 3,1 % dans le S&P/TSX : «Le parc immobilier des fiducies de placement immobilier se négocie à escompte par rapport aux prix auxquels s’échangent les immeubles lors de transactions privées», souligne-t-il.

Un titre favori dans ce secteur est celui de Milestone Apartments REIT. La fiducie canadienne détient des appartements de bonne qualité, loués en moyenne 900 $ US par mois, situés dans le sud des États-Unis. «La croissance de l’emploi dans ces marchés est nettement supérieure à celle d’un concurrent comme CAP REIT, dont les propriétés sont au Canada. Milestone a récemment augmenté ses loyers de 6,9 % en moyenne, ce qui est le double de ce que CAP REIT est capable de faire», affirme Steve Bélisle.

Le portefeuille détient environ 20 % en titres américains. Le marché américain lui semble désormais se négocier près de la limite supérieure de sa fourchette d’évaluation. Le risque de taux de change est géré activement.

Le rendement en dividende des titres en portefeuille oscillait récemment autour de 3,7 %, par rapport à 3,3 % pour celui de l’indice S&P/TSX. La portion en titres de petite capitalisation était d’environ 26 %.

Reculs favorables

«Nous croyons que nous sommes dans un contexte où les taux d’intérêt seront plus bas pendant plus longtemps (lower for longer), soit de nombreuses années, voire des décennies. Le Japon se trouve dans cette situation depuis plus de 20 ans. Autrement dit, il y a tout simplement trop d’épargne et de liquidités par rapport aux investissements consentis par les entreprises, donc, le loyer de l’argent baisse», soutient Jason Gibbs, gestionnaire principal du Fonds de dividendes Dynamique.

«Dans ce contexte, certaines catégories d’actifs, comme l’immobilier résidentiel, les obligations gouvernementales et l’encaisse, deviennent très surévaluées. Trouver une quarantaine de titres de dividendes raisonnablement évalués est une solution de rechange intéressante», poursuit-il.

«Plusieurs titres de dividendes sont beaucoup trop chers, mais je suis très à l’aise avec l’évaluation de ceux que nous possédons, eu égard à leurs flux de trésorerie disponibles et à leur croissance. Nous avons des prix cibles sur chaque titre et nous diminuons notre pondération lorsqu’ils sont atteints. À l’inverse, le marché nous a présenté en janvier dernier une occasion fantastique d’acquérir plusieurs titres très bon marché», relate-t-il.

Cela a été le cas des fiducies de placement immobilier (FPI), qui ont reculé d’environ 23 % entre leur sommet de l’an dernier et celui de janvier en raison de craintes de hausses de taux d’intérêt, mais qui ont rebondi cette année. Jason Gibbs note que certaines d’entre elles se négocient désormais à prime par rapport à la valeur nette de leur actif.

«Je serais très prudent pour les FPI axées sur les locaux pour bureaux, mais je suis très à l’aise avec le titre de la FPI RioCan, qui est axée sur les locaux commerciaux, parce qu’elle domine le secteur et qu’elle a les meilleurs locataires», soutient-il.

Le secteur financier compte pour 25 % du portefeuille et Jason Gibbs continue d’aimer les banques. Il souligne qu’elles sont parmi les plus solides du monde, encadrées par un organisme de réglementation des plus efficaces.

Cependant, il croit que les 10 prochaines années ne ressembleront pas aux 10 dernières, et que leur croissance continuera de ralentir. En revanche, leur dividende raisonnable et le fait qu’elles constituent un oligopole militent en leur faveur. Très bon marché en janvier, elles sont à leur juste valeur marchande aujourd’hui, selon lui.

Intéressants titres d’entreprises de services publics

À 9,2 %, la pondération en titres d’entreprises de services publics est presque quatre fois plus importante que celle de l’indice composé S&P/TSX. «Ces titres jouent un rôle crucial dans la création à long terme de richesse dans un portefeuille. Ce sont des monopoles, et il faut trouver ceux qui croissent. C’est un des secteurs qui affiche une bonne croissance à l’échelle mondiale et le rendement de dividende de ces titres est supérieur à la moyenne. Sans compter que la plupart se négocient à une valeur inférieure à celle observée sur le marché privé : les caisses de retraite les achètent en entier pour beaucoup plus que la valeur à laquelle ils se négocient en Bourse», défend-il.

Le rendement de dividende du Fonds de dividendes Dynamique oscillait récemment autour de 3,2 %.

Rares aubaines

L’encaisse de 31,3 % du Fonds canadien de dividendes Cambridge reflète la difficulté de trouver des titres qui se négocient à un cours suffisamment attrayant pour les inclure en portefeuille, selon son gestionnaire, Stephen Groff.

«Dans l’ensemble, la croissance affichée des bénéfices ne peut justifier les évaluations des titres. Il n’y a pas assez d’occasions où nous sommes bien rémunérés pour prendre des risques. Plusieurs segments du marché sont dans l’ensemble trop chers, comme ceux de la consommation, de base ou discrétionnaire, ou encore celui des services publics, comme les titres de pipelines. Nous restons prudents quant aux perspectives de l’économie canadienne, qui continue de subir l’effet décalé du ralentissement de la demande de matières premières. Il y a un risque que les Canadiens diminuent leur consommation», prévient-il.

Stephen Groff ne détient aucune banque canadienne, un secteur pourtant largement représenté dans plusieurs fonds de dividendes, en particulier parmi les fonds négociés en Bourse. «Nous n’investirons pas simplement parce que ces titres constituent une portion importante du marché. À nos yeux, elles n’offrent pas un profil risque/rendement intéressant. Nous avons bien performé sans les détenir», soutient-il.

Les titres du secteur financier, qui comptent pour 13,8 % du fonds, sont des titres du secteur de l’assurance comme Intact Financial ou Chubb, ou des banques américaines comme U.S. Bancorp.

Le secteur de l’énergie ne compte que pour 6,7 % du fonds. Cette pondération ne représente toutefois pas une opinion quant à l’attrait du secteur. Il s’agit plutôt d’un constat que le modèle d’affaires des sociétés d’exploration et de production ne permet pas de fournir un revenu de dividende stable aux investisseurs. Au cours de la dernière année, plusieurs d’entre elles ont réduit, voire éliminé leur dividende.

Avec une pondération de 4,8 %, le titre le plus important en portefeuille est celui de Brookfield Infrastructure Partners. Son portefeuille d’actifs comprend des installations portuaires, des entreprises de production et de transport d’électricité, des chemins de fer et du bois de charpente.

«Ses dirigeants sont capables d’investir à des taux de rendement très attrayants en tirant parti de situations où le capital est rare, comme c’est le cas au Brésil actuellement. De plus, l’évaluation est très raisonnable», soutient Stephen Groff.

Finning International, un des concessionnaires les plus importants de machinerie Caterpillar du monde, lui semble une meilleure façon de participer au secteur de l’énergie et des produits de base, surtout le cuivre. L’entreprise vend des pièces et effectue des réparations sur ces équipements. «Le titre était attrayant à la mi-février. Je n’ajoute pas à mes positions au cours actuel», précise Stephen Groff.

Le fonds détient aussi TransForce, une société montréalaise qui possède la flotte la plus importante de camions du Canada. «La société est bien dirigée, génère beaucoup de flux de trésorerie disponibles et se négocie à un cours très attrayant», affirme Stephen Groff.

Tous les titres en portefeuille versent un dividende, et il n’y a pas de seuil minimum requis. Le rendement du portefeuille oscillait récemment autour de 3,3 %.