« Les fonds communs de FNB permettent d’accéder aux faibles coûts, à l’efficience fiscale et la transparence des FNB dans le format familier d’un fonds commun de placement traditionnel. Ils peuvent être utilisés comme fonds de base (core funds) ou comme compléments à des fonds gérés activement afin de diversifier leur portefeuille, ce qui réduit du même coup le risque et les frais de gestion », affirme Michael Cooke, chef de la distribution chez PowerShares Canada.

Cependant, là comme ailleurs, les conseillers devront examiner attentivement le contenu des produits offerts avant de décider s’ils conviennent à leurs clients.

En effet, si les FNB ont été longtemps associés à une gestion indicielle ou « passive », la grande majorité des fonds communs de FNB s’éloigne désormais passablement de ce modèle, tant sur le plan du mode de gestion que sur celui des frais de gestion. Ils s’apparentent aux comptes intégrés de fonds comme les fonds de fonds.

Nouveaux venus

C’est notamment le cas des nouveaux fonds communs de la BlackRock Strategic Portfolios Series, fondée sur les FNB iShares.

« Pour nous, c’est l’occasion d’intégrer l’expertise à l’échelle mondiale de gestion du risque de BlackRock à nos FNB iShares, le tout dans une gamme de sept solutions de portefeuille », explique Mary Anne Wiley, directrice générale et chef de iShares, BlackRock Canada.

Ces fonds de FNB sont construits selon une répartition stratégique de l’actif propre à leur objectif.

En gros, BlackRock choisit les FNB sous-jacents qui composeront le portefeuille. Puis elle répartit l’actif parmi ces FNB selon les pondérations cibles établies pour le portefeuille en fonction de son objectif. Ensuite, elle rééquilibre l’actif du portefeuille parmi les FNB sous-jacents pour s’assurer que le portefeuille respecte toujours ses pondérations cibles, peut-on lire au prospectus.

Les fonds Jov Hahn, lancés en 2008, avaient été les premiers à proposer une famille de fonds communs utilisant des FNB dans des portefeuilles gérés activement.

Par la suite, Invesco a lancé les fonds communs PowerShares en 2009 et BMO a suivi en 2010.

Ces deux sociétés dominent actuellement le paysage, avec un actif sous gestion qui oscille autour de 2 G$ et 4 G$, respectivement. Purpose Investments a aussi lancé une gamme des fonds communs de FNB en même temps qu’elle lançait des FNB à la fin de 2013.

Question de coût

« L’idée de vendre à quelqu’un un fonds commun qui ne détient qu’un FNB dont les frais ne sont qu’une fraction de ceux du fonds commun est difficile à justifier. Par contre, le concept de répartition stratégique de l’actif utilisant des FNB est attrayant », indique John Gabriel, analyste en FNB pour Morningstar.

C’est d’ailleurs là un des principaux moteurs de croissance des FNB pour les années à venir, poursuit-il.

« Cela montre à quel point les FNB ont changé la donne en gestion de portefeuille. Les portefeuilles de répartition d’actif existent depuis longtemps, parce que les études montrent que 90 % du rendement vient de la pondération entre les catégories d’actif. Cependant, la détention de titres individuels rend leur gestion plus coûteuse. Les FNB viennent résoudre ce problème », avance John Gabriel.

Le ratio de frais de gestion de plusieurs de ces fonds de FNB avoisine 1,8 %, ce qui comprend un barème de commissions de suivi assez courant de 0,50 % pour les produits à revenu fixe et de 1 % pour ceux qui incorporent des actions.

La plupart des comptes intégrés de fonds communs activement gérés sont plus chers, mais certains d’entre eux, offerts par les banques, ne sont que légèrement plus coûteux.

« Pour le client, cependant, il est clair que l’avantage du coût inférieur que représente l’achat de FNB disparaît en bonne partie lorsqu’on tient compte de la commission de suivi du conseiller. De sorte que certains portefeuilles de fonds de FNB coûtent plus cher que certains fonds équilibrés, et dans l’ensemble, leur performance n’a pas été particulièrement impressionnante », constate Dan Hallett, vice-président et directeur, gestion d’actifs, chez Highview Financial Group.

Performance inférieure

Effectivement, l’historique de performance de ces fonds de FNB est un peu court pour tirer des conclusions, mais jusqu’à présent, il est loin d’être convaincant.

La grande majorité d’entre eux affichent une performance de 4e et 3e quartile par rapport à leur catégorie d’actif respective, et tous les fonds Jov Hahn affichent une performance de 4e quartile sur cinq ans, selon la base de données PALTrak de Morningstar.

« Vous pouvez trouver des fonds simples activement gérés pour moins cher, comme le Fonds de revenu élevé Signature CI ou le Fonds de revenu mensuel RBC par exemple, qui affichent des ratios de frais de gestion de 1,60 % et 1,16 % incluant une commission de suivi de 0,50 % et qui ont généré une bien meilleure performance à long terme que ces fonds de FNB », remarque Dan Hallett.

Selon lui, les conseillers doivent d’abord se demander si les stratégies proposées leur semblent valables plutôt que de se concentrer sur l’outil de placement dans lequel ces stratégies sont proposées.

« Même si la pondération entre catégories d’actif dans ces fonds de FNB ne varie guère, les gestionnaires ont la latitude de faire des choix à l’intérieur de chaque catégorie d’actif, par exemple surpondérer les marchés émergents dans la portion consacrée aux actions internationales ou choisir le type de titres à revenu fixe pour cette catégorie d’actif. Ce n’est certainement pas ce qu’on appelle une gestion passive, et les conseillers doivent vraiment comprendre ce qu’ils achètent », prévient Dan Hallett.

À suivre

« Je ne vois pas de grands avantages à ces fonds du point de vue du conseiller, à moins qu’un client dont le portefeuille est modeste n’insiste pour détenir des FNB. Pour l’investisseur, le grand avantage des FNB est leur coût très faible. Cet avantage s’amenuise considérablement dans une structure de fonds communs », juge Dave Paterson, président de Paterson & Associates, une firme de consultants spécialisée dans la recherche et l’analyse de fonds.

Il se dit tiède à leur égard et n’en inclut aucun dans sa liste de fonds recommandés : « Lorsque je fais mes compilations mensuelles, ils n’affichent pas une performance supérieure constante ajustée pour le risque par rapport aux fonds gérés activement. »

Guy Lalonde, conseiller en placement, gestionnaire de portefeuille et vice-président chez Financière Banque Nationale, n’utilise que des FNB dans les portefeuilles de ses clients.

Il n’a pas encore utilisé les fonds communs de FNB, mais suit leur évolution avec intérêt et n’écarte pas la possibilité de s’en servir dans des comptes plus petits, notamment des CELI, en raison de leur limite de cotisation généralement plus faible par rapport à celle d’un REER.