Alors que les économistes continuent de prévoir une croissance économique lente au Canada, c’est peut-être le moment d’examiner les secteurs canadiens dont la performance a été solide. Les services financiers en sont un exemple.

L’industrie bancaire canadienne, en particulier, s’est remarquablement bien comportée en dépit des craintes portant sur les pertes sur prêts du secteur énergétique et du risque d’un revirement important du marché de l’habitation. Les prêteurs canadiens ont de solides perspectives de croissance au pays et à l’étranger.

Une réglementation stricte et une culture essentiellement prudente ont fait du système financier canadien l’envie du monde entier. En fait, pour citer un rapport de PwC, le Forum économique mondial classe depuis huit ans les banques canadiennes comme étant les plus solides du monde entier.

Pour les investisseurs aussi, les banques canadiennes satisfont à de nombreux critères. Elles se diversifient de plus en plus à tant au niveau de leur empreinte géographique que de leurs produits et services. Elles sont rentables, paient de généreux dividendes, et leurs bilans financiers peuvent résister à l’impact des événements économique et géopolitiques avec une relative stabilité.

Les investisseurs en quête d’occasions à long terme dans leur propre fief peuvent trouver des possibilités particulièrement attrayantes dans certaines banques se négociant bien au-dessous de leur juste valeur, selon le service de recherche sur les actions de Morningstar.

La Banque de Montréal est la quatrième plus grande banque du Canada avec près de 12 millions de clients au Canada, aux États-Unis et dans les autres marchés mondiaux. La compagnie exploite quatre segments commerciaux : les services bancaires aux particuliers et aux entreprises (Canada), le services bancaires aux particuliers et aux entreprises (États-Unis), le groupe de clientèle privée et BMO Marchés des capitaux.

« Les services de la Banque de Montréal couvrent à la fois ses opérations bancaires à rendement élevé et des marchés des capitaux au Canada, et ses services bancaires américains, qui affichent des rendements inférieurs mais croissants », indique un rapport Morningstar, qui signale que la banque génère 43 % de son revenu net par ses services aux particuliers et aux entreprises au Canada, 19 % par son segment de gestion de patrimoine, et 21 % par celui des marchés des capitaux.

Le potentiel de croissance organique de la banque reçoit une poussée supplémentaire par le biais d’acquisitions qui assurent l’expansion de sa gestion de patrimoine et celle de ses services bancaires aux particuliers et aux entreprises. « L’an passé, l’augmentation des volumes de prêts a été forte à la Banque de Montréal, avec une croissance des prêts résidentiels causée par la baisse des taux hypothécaires, mais principalement dans les prêts commerciaux qui constituent depuis longtemps un des grands domaines de compétence de la banque », dit Stephen Ellis, directeur de ce secteur à Morningstar, qui estime à 94 $ la valeur de l’action et a projeté une croissance moyenne des prêts de 5,3 % de 2016 à 2020.

Morningstar projette que la marge d’intérêt net de la banque va augmenter de 1,6 % en 2016 à 1,65 % en 2017-2020, et que le rendement de son capital va augmenter légèrement, de 11,9 % en 2016 à 12,7 % en 2020. La Banque de Montréal, dit M. Ellis, a maintes fois augmenté ses dividendes au cours des trois dernières années.

La Banque de Nouvelle-Écosse, troisième plus grande banque canadienne, a plus de 850 milliards $ d’actifs et quatre segments commerciaux : les services bancaires canadiens, les services bancaires internationaux, la gestion de patrimoine et les assurances, ainsi que les services bancaires et marchés mondiaux. Étant la plus internationale des banques canadiennes, elle offre des services financiers à 21 millions de clients dans plus de 55 pays en Amérique du Sud, au Mexique, en Asie et dans les Caraïbes.

« La Banque de Nouvelle-Écosse a démontré de façon constante sa capacité de générer des rendements élevés par toute une série de filières sur une longue période », dit un rapport Morningstar, ajoutant que « dans l’ensemble la création de capital a été solide. »

Le revenu net de la banque au troisième trimestre a été supérieur à celui du deuxième trimestre dans tous les segments. Les services bancaires canadiens ont annoncé une hausse de 7 % de leurs dépôts, tandis que les services bancaires internationaux ont signalé une solide croissance de leurs prêts (9 %) et de leurs dépôts (15 %). « Le segment bancaire international continue à profiter de bonnes conditions, avec une conversion des devises favorables et une croissance organique de ses bilans financiers, dit M. Ellis, qui a évalué l’action à 78 $. « La participation de ce segment aux marchés émergents d’Amérique latine et d’Asie, à croissance plus rapide, contrebalancera la croissance plus lente de la Banque Scotia sur ses marchés intérieurs. »

Le marché canadien demeure attrayant pour les banques canadiennes, ajoute-t-il, avec des rendements élevés protégés par les barrières à l’entrée mises en place par le gouvernement fédéral.

La Banque Canadienne Impériale de Commerce est la cinquième plus grande banque canadienne avec plus de 450 milliards $ d’actifs et 11 millions de clients dans le monde. Focalisée sur le Canada, CIBC fournit une gamme de produits et services financiers par le truchement de trois segments d’affaires : les services bancaires aux particuliers et aux entreprises, la gestion de patrimoine et le secteur bancaire de gros.

En éludant l’impact de la chute du prix des matières premières et la léthargie de la reprise économique, CIBC a battu les prévisions du marché en annonçant un profit de 1,4 milliard $ au troisième trimestre, en hausse de 47 % par rapport à l’an dernier.

Un rapport Morningstar dit que bien que sa participation en tant que prêteur au secteur de l’énergie soit relativement plus élevée que celle d’autres banques canadiennes, elle intensifie ses efforts pour améliorer sa rentabilité par le biais de ses services bancaires aux particuliers et aux entreprises, qui est son plus grand et plus important segment commercial. CIBC, indique le rapport, « œuvre aussi au changement de sa culture en se concentrant plus sur le côté relationnel pour trouver des clients et les conserver plutôt qu’en vendant simplement des produits. »

Le segment de gestion du patrimoine est aussi une priorité pour la croissance. « CIBC veut générer une plus grande proportion de son revenu par ses activités lucratives rémunérées par des frais, qui ne constituent actuellement que 13 % de son revenu net, dit M. Ellis. Cette nouvelle orientation permettra de diversifier les flux de revenu et de minimiser l’impact éventuel des cycles du crédit. »

Dernièrement, CIBC a réussi à augmenter ses actifs sous gestion de façon organique, avec de meilleures ventes de fonds communs de placement à long terme. « Nous ne serions pas surpris qu’une acquisition de CIBC rajoute encore des actifs sous gestion à ce segment », dit M. Ellis, qui évalue l’action à 119 $.

Avec plus de 200 milliard $ d’actifs et trois segments commerciaux — les services bancaires canadiens, la gestion du patrimoine et les marchés financiers — la Banque Nationale du Canada est la plus petite des principales banques canadiennes. Bien qu’elle soit présente presque exclusivement au Canada et qu’une grande proportion de ses activités soit concentrée au Québec, ce prêteur montréalais vise à générer 10 % de ses profits par ses opérations commerciales mondiales d’ici 2020.

Le directeur général de la banque, Louis Vachon, aurait dit lors de la Journée des investisseurs dans le développement international : « Nous envisageons de compléter notre croissance canadienne, pas de la remplacer, mais de la compléter, par une stratégie internationale disciplinée qui produise des rendements plus élevés. »

Le profit de 478 millions $ de la banque au troisième trimestre, en hausse par rapport aux 453 millions $ de l’an dernier, a facilement battu les prévisions du marché. La Banque Nationale vise à devenir plus qu’une simple banque québécoise. Cette préoccupation se reflète par une croissance des revenus provenant de l’extérieur de la province, dont la part du revenu total de la banque est passée de 33 % en 2011 à 40 % de nos jours, dit un rapport Morningstar.

Le segment des services bancaires aux particuliers et aux entreprises constitue près de la moitié du revenu net de cet organisme prêteur. Pourtant, elle s’oriente de plus en plus vers les activités rémunérées par frais dans la gestion du patrimoine et les marchés financiers. Dans le cadre de cette stratégie, la banque a acquis au cours des années « Wellington West Holdings et les activités de conseils de placement de HSBC Valeurs mobilières (Canada), ainsi que les services institutionnels de TD Waterhouse, qui ont solidifié sa position de chef de file des services de traitement de valeurs mobilières », dit M. Ellis.

Les investisseurs cherchant de la valeur la trouveront dans le rabais de plus de 20 % auquel l’action se négocie par rapport à sa juste valeur de 58 $ estimée par Morningstar. Et puis un dividende de 4,6 %, ce n’est quand même pas rien!